Depuis plus de deux siècles, notre société fonde ses valeurs sur la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, adoptée par l'Assemblée nationale le 28 août 1789, et dont le premier article proclame : « les hommes naissent libres et égaux en droits ». Ce préambule est clair et impose une doctrine incontournable : nul ne peut prétendre, par sa naissance à une supériorité de fait sur ses semblables. Cette déclaration consacre la fin des privilèges dont bénéficiait jusqu'alors le second ordre. Ce changement radical ne peut être que le résultat d'un long processus, reposant en partie sur un malaise nobiliaire révélateur d'une société traditionnelle qui s'asphyxie. On cherchera donc à comprendre comment l'évolution du statut de la noblesse l'a conduite à occuper à la fin du 18e siècle une place paradoxale, à savoir être à la fois l'élite officielle du royaume de France et un corps réprouvé, perçu comme inutile et nuisible.
[...] On peut y lire la représentation que la noblesse se donnait de la société d'Ancien Régime. On y voit les nobles se ranger en majorité dans le camp des idées nouvelles. Les revendications s'échelonnent en une gradation continue. Certains se bornent à réclamer l'abolition de toute forme vénale d'anoblissement, y compris par la voie des offices. Et d'exiger, comme en Poitou, que la noblesse ne soit attribuée désormais qu'au mérite. D'autres vont plus loin et se proposent de donner au mérite un statut privilégié à l'intérieur de l'ordre et d'abolir toute distinction fondée sur la race et l'extraction. [...]
[...] Etape ultérieure, l'abolition des droits de franc-fief le 29 septembre 1789. Le décret du 15-28 mars 1790 abolit les droits d'aînesse et de masculinité à l'égard des fiefs, domaines et alleux nobles Le décret du 21 janvier 1790 décide de punir les délits de même genre par le même genre de peines, quels que soient le rang et l'état des coupables Le système des preuves de noblesse est ensuite attaqué. Les preuves de noblesse ne sont plus exigées pour être reçu dans les écoles royales militaires. [...]
[...] -FIETTE Suzanne, La noblesse française, des Lumières à la Belle époque. -DU PUY DE CLIMCHAMPS Philippe, La noblesse. [...]
[...] La réflexion critique des philosophes s'en prend aux fondements mêmes de l'Ancien Régime. Ces idées vont trouver des échos prolongés dans l'opinion qui commence à devenir une puissance et qui se prononce en faveur des couches nouvelles contre les ordres anciens. II- Difficulté de la noblesse à se situer dans une société qui renie peu à peu la tradition La noblesse se heurte à l'ascension politique et sociale de la bourgeoisie La pénétration dans le second ordre par des couches nouvelles, au moment où l'identité bourgeoise se définit, entraîne le gauchissement de l'idéologie nobiliaire et la conversion du second ordre à des valeurs étrangères à son éthique traditionnelle. [...]
[...] Toutes ces difficultés de définition participent au mal-être nobiliaire. Le statut de la noblesse est remis en cause par la philosophie des Lumières Le XVIII° siècle est le siècle des Lumières. Les Lumières sont l'idéologie d'un complexe de frustration elles rendent compte de l'insatisfaction qui mutile la conscience et féconde la pensée d'un siècle qui s'accompli dans une permanente révolution, qui dit la révolution, qui la sent, qui la raisonne avant de commettre le geste qui l'accomplit. Il ne faut pas attribuer le monopole des Lumières et de la frustration à la bourgeoisie, élite croissante (Voltaire, Diderot, Rousseau). [...]
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