« Le roi est monarque et n'a point de compagnon en Sa Majesté Royale », cette célèbre phrase de l'un des théoriciens de la monarchie pure, Guy Coquille en dit long sur la puissance royale durant toute la durée de la monarchie absolue. Cette puissance intervint dans tous les domaines le Roi ayant tout pouvoir et ne faisant simplement que déléguer ceux-ci à des agents royaux.
Ainsi les parlementaires des cours souveraines agissant sous l'Ancien Régime n'étaient en réalité que des simples agents de la fonction judiciaire du pouvoir royal. En effet les parlementaires sont des officiers royaux ayant pour charge d'assurer la justice au nom du Roi, aussi ces parlementaires ont des compétences législatives dans la mesure où il leur incombe d'enregistrer les ordonnances royales. Ce rôle d'enregistrement ne s'arrête pas là puisque les Parlements ont une particularité qui à l'origine consistait à donner un simple avis au Roi sur l'ordonnance remise via l'utilisation de Remontrances et qui devint par la suite un véritable droit de remontrance utilisé comme un droit de véto par des parlementaires s'estimant indépendants. Cette sensation d'indépendance peut s'expliquer par la vénalité des charges puis leur hérédité conduisant à une garantie d'inamovibilité ainsi qu'à une indépendance vis-à-vis du pouvoir royal, indépendance dont ils se serviront afin de mettre à mal le pouvoir royal.
Etre révolutionnaire pourrait être considéré comme le fait de se soulever contre le régime en place dans un état distinct, en l'espèce en France, le tout en ayant un idéal politique différent de celui en place ainsi qu'une volonté démocratique, égalitariste ou bien dans une tout autre optique une volonté de domination et de pouvoirs conduisant à la dictature. La qualification de révolutionnaire peut aussi être donnée aux personnes initiant un mouvement de révolte et ce dans un intérêt qu'ils estiment général, pour le bien de tous, et non pour un intérêt qui leur est propre.
Il est ainsi intéressant de voir ce que les parlementaires de l'ancien régime avaient de révolutionnaire. En effet l'esprit de défenses des libertés individuelles contre un pouvoir arbitraire et d'indépendance des parlementaires à l'égard du Roi peut sembler se rapprocher de celui des révolutionnaires de 1789 alors même que les parlementaires ont déclenché différentes crises et révoltes et ce, plusieurs siècles avant la fameuse révolution. Il est ainsi primordial de savoir quels sont les points communs et les différences que ces parlementaires des cours souveraines ont avec les révolutionnaires de 1789.
[...] Ainsi dans quelle mesure les parlementaires d'Ancien Régime peuvent- ils être considérés comme les premiers révolutionnaires français ? Nous étudierons cela avec tout d'abord le parlementarisme français d'ancien régime comme le premier type de révolutionnaire français pour enfin aborder les limites de la considération des parlementaires comme des révolutionnaires (II). I. Les parlementaristes d'ancien régime, premiers révolutionnaires français Les parlementaires français ont marqué sous l'ancien régime une volonté nouvelle d'affranchissement vis-à-vis du Roi en marquant dans le même temps une volonté de protection des libertés individuelles et collectives A. [...]
[...] Les parlementaires voulant simplement conserver des privilèges et ainsi pouvoir confirmer l'inégalité régnant à cette époque. Les parlementaires du fait de leur titre d'officiers vénaux et héréditaires ne dépendaient de personne et ne pouvaient être renvoyés et par conséquent pouvaient agir en toute liberté et se permettre de contredire un Roi qui pouvait par lettre de cachet emprisonné n'importe qui sans aucune raison. Ils ne risquaient pas ainsi de se retrouver en prison contrairement aux philosophes et autres écrivains qui en publiant des pamphlets révolutionnaires ou allant contre la politique ou la personne du Roi risquaient de passer le reste de leur vie en prison. [...]
[...] Il agit ainsi à la façon de la Cour de Cassation moderne dans l'optique de protéger différents intérêts contre les possibles dérives d'un monarque absolu. Ils agiraient ainsi comme un volet de protection entre le peuple contre un Monarque ayant tous les pouvoirs et pouvant agir comme un despote autoritaire et arbitraire, et par conséquent empêcher des actes royaux illégaux pouvant aller contre l'intérêt de la population française. Aussi, ce sont eux qui ont poussés le Roi vers la réunion des états généraux en refusant à de nombreuses reprises de se soumettre à la volonté de réforme économique et administrative au prétexte que seule la nation souveraine, sous la forme des Etats Généraux, pouvait se prononcer sur la levée ou non d'impôts. [...]
[...] En outre c'est la Fronde parlementaire qui caractérise le mieux cela, de 1648 à 1652 une véritable guerre fut livrée entre le Roi et les Cours souveraines. En effet les Parlements d'Ancien Régime bloquèrent totalement les ordonnances royales durant toute la durée de la Fronde en refusant d'enregistrer les ordonnances et en allant même jusqu'à remettre en cause la validité d'un lit de justice fait par la régente Anne d'Autriche, mère du Roi alors mineur Louis XIV. Cet acte de rébellion des parlementaires vis-à-vis du Roi fut quelque chose vraiment nouveau dans la mesure où aucun groupe de personne ayant de l'influence n'avait jusqu'alors tenté un tel coup de force vis-à-vis du pouvoir royal. [...]
[...] Une volonté de conservation des privilèges Les parlementaires d'Ancien Régime se situent bien loin de l'idéal révolutionnaire de 1789. En effet ils ont toujours agi dans leur propre intérêt ne cherchant simplement qu'à légitimer leurs pouvoirs avec divers stratagèmes afin de se faire apprécier du peuple ainsi qu'à conserver des privilèges accordés durant les temps féodaux conservés tout simplement à cause de l'incapacité du pouvoir en place à supprimer des anciens privilèges et à faire des réformes, soit l'inverse des révolutionnaires qui eux agissaient dans l'optique de la philosophie des lumières c'est-à-dire qu'il leur importait d'établir un vrai régime égalitaire en France où chaque homme pourrait vivre libre et égal en droit vis-à-vis d'autrui. [...]
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