Parabole, Saint-Simon
"L'âge d'or du genre humain n'est point derrière nous, il est au-devant, il est dans la perfection de l'ordre social ; nos pères ne l'ont point vu, nos enfants y arriveront un jour ; c'est à nous de leur en frayer la route." : Telle était la vision de Saint-Simon.
Au début du XIXème siècle, suite aux différentes expériences qu'a connu la France au lendemain de la période 1789-1815, il faut réfléchir à ce que sera la société de demain. Ainsi sont apparus en France des courants de pensées appelés par la suite socialistes ou communistes. Ils se rattachent à une vieille tradition d'égalitarisme.
Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), est certainement une des plus fortes personnalités de ces penseurs qui vont donner naissance au « socialisme utopique ».
Enfermé à Saint-Lazare par refus de communion, il se tourne vers les livres de Rousseau et de D'Alembert. Cet aristocrate de grande famille, qui était allé épauler les Américains dans leur guerre d'Indépendance (il participa à la mémorable bataille de Yorktown), est le premier des grands déchiffreurs du monde moderne. Il en repère très vite l'armature et les vices d'organisation.
Pour lui, celui qui ne produit pas est un oisif dont la société subit le cout sans en retirer de bénéfice. Dans sa Parabole, extraite de l'Organisateur écrit entre novembre 1819 et février 1820, il oppose les conséquences économiques de la disparition des savants et industriels à celle des princes et hommes politiques. Il utilise la technique de la disparition pour révéler ce qui est invisible.
Il est essentiel de préciser que le terme de parabole a été attribué à postériori par les disciples de Saint-Simon pour donner à ce texte une valeur d'enseignement moral religieux. Le but de cet écrit est de montrer par des suppositions que la société française est à l'envers, qu'il y a inversion entre gouvernés et gouvernants, dominés et dominants, industriels et noble.
[...] et en sus de cela, les dix mille propriétaires parmi les plus riches parmi ceux qui vivent noblement » Pour cette supposition, il énumère tout l'appareil d'Etat et les propriétaires oisifs qui sont pour lui inutiles. Pour lui, ils sont, avec la noblesse, le « parti anti-national » et vivent aux dépens des producteurs. Saint-Simon condamne ceux qui ne produisent pas ainsi que le clergé qui depuis le concordat est payé par l'Etat. La richesse sans travail est pour lui une richesse stérile. [...]
[...] Un Etat professionnel Saint-Simon fonde son système industriel sur une loi historique de progression des sociétés. Saint-Simon expose la théorie des « trois états » menant une société à maturation. Différents systèmes se sont ainsi succédé : le régime militaire et féodal, le régime métaphysique par essence transitoire et le régime industriel dont le but est le travail. Cette succession mène à la phase ultime : « le système industriel et scientifique » conforme à l'esprit du XIXème siècle et qui implique une nouvelle constitution. [...]
[...] Il y trouve le moyen d'exprimer par un exemple qui est, de son point de vue, concret, la forte opposition de la classe dirigeante à la classe productive. Cette idée se rapproche d'une théorie émise durant l'Antiquité. Saint-Simon met l'accent sur le terme nation qui semble être personnalisé avec l'utilisation des pronoms possessifs dont nous venons de parler, les industriels procurent la « gloire » du pays On sent que Saint-Simon est partagé à la fois entre les idées de la Révolution et celles de la restauration. [...]
[...] Il met en avant le paradoxe entre le fait que les gens inutiles ont un droit de regard sur le travail réalisé par les gens dits « utiles ». Ceux-ci sont désignés comme étant ceux qui seraient les vrais gens dignes d'être des modèles et les « inutiles » comme des usurpateurs, dans le sens où leur autorité et ce droit de diriger sont à contre-courant de la vérité du Royaume. Il est fait plusieurs parallèles des mots de sens contraires comme « incapables » et « capables » ou encore « grands coupables » et « petits délinquants » afin de bien mettre en avant l'absurdité de la situation et les paradoxes que cela entraine. [...]
[...] Cette hiérarchie des inutiles et utiles et complétée par une croyance en un monde inversé. « Un monde renversé » Contestation du système fiscal De la ligne 24 à 26, Saint-Simon dit « Puisque la nation a admis pour principe fondamental que les pauvres devaient être généreux à l'égard des riches, et qu'en conséquence les moins aisés se privent journellement d'une partie de leur nécessaire pour augmenter le superflu des gros propriétaires ». Il critique ici le régime fiscal établi : Saint-Simon condamne également le clergé qui depuis le concordat est payé par l'Etat. [...]
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