Une volonté passionnée d'unité religieuse et un esprit d'unification politique s'emparent des royaumes de la péninsule ibérique (León, Navarre, Aragon entre autres), après la Reconquista, alors que les « trois religions » coexistent toujours. Les différentes tentatives d'unifications, de Sancho le Grand à Ferdinand Ier, avaient jusque-là échoué. Dans un contexte d'antijudaïsme prégnant — les Juifs sont intégrés dans les élites, d'où la jalousie des classes populaires chrétiennes — naissent des phénomènes d'assimilation des minorités juive et musulmane, ensuite dépassés par un système inédit d'exclusion répondant aux problèmes d'hétérodoxie et aux peurs exacerbées par les crises (peste noire). L'obsession de l'hérésie et l'intensification de l'engagement de la monarchie en matière religieuse ont pour corollaire deux phénomènes nouveaux : l'Inquisition et la pureté du sang.
L'Inquisition et les statuts de la pureté du sang seraient-ils à l'Espagne ce que les guerres de religion ont été au reste de l'Europe, le temps de la création et du renforcement de l'État, ainsi que de l'unification nationale ?
[...] Les origines de la nation espagnole : par la foi et par le sang XVe et XVIe siècles Introduction Vers l'obsession de l'hérésie Une volonté passionnée d'unité religieuse et un esprit d'unification politique s'emparent des royaumes de la péninsule ibérique (León, Navarre, Aragon entre autres), après la Reconquista, alors que les trois religions coexistent toujours. Les différentes tentatives d'unifications, de Sancho le Grand à Ferdinand ier, avaient jusque-là échoué. Dans un contexte d'antijudaïsme prégnant les Juifs sont intégrés dans les élites, d'où la jalousie des classes populaires chrétiennes naissent des phénomènes d'assimilation des minorités juive et musulmane, ensuite dépassés par un système inédit d'exclusion répondant aux problèmes d'hétérodoxie et aux peurs exacerbées par les crises (peste noire). [...]
[...] L'Inquisition et l'idéologie de la pureté du sang renforcent cohérence et unité des possessions espagnoles et montrent que la défense du catholicisme se trouve au cœur de la constitution de la nation et de l'État espagnols naissant. La monarchie n'a pas crée ou financé ces institutions, mais elle les a transformées en instrument politique, pour liquider les gêneurs (archevêque Carranza) et créer l'unité autour du catholicisme. Elle a répondu à une demande sociale dont elle a tiré parti pour créer l'« Espagne unie dont parlait la reine Isabelle. On peut dessiner des conséquences sur l'avenir de l'Espagne : la conquête et l'évangélisation des Amériques seraient le paroxysme naturel de son unanimisme religieux. [...]
[...] L'Inquisition se fonde sur un mythe repris au xve siècle : la limpieza de sangre. Il assimile la figure du bon chrétien à celle du vieux chrétien et fait des convertis des hérétiques. La pureté de sang devient le principal discriminant pour intégrer la société. Après la bulle d'Alexandre VI, décrets et statuts de la pureté de sang prolifèrent. Au xvie siècle, on demande des enquêtes de pureté de sang aux candidats à des fonctions militaires, universitaires, religieuses et même à certaines corporations. [...]
[...] L'unité espagnole ne peut se satisfaire de cette union autour de la foi. Les Juifs convertis après ce décret (conversos) sont toujours détestés, et plus visibles le peuple, lui, a définitivement établi un lien entre hérésie et ascendance judéoconverse L'appropriation du mouvement anti judaïque par la monarchie La machine inquisitoriale se met alors en marche, sous l'impulsion de Thomas de Torquemada et des Dominicains. Juridiction d'exception soutenue par le Pape, elle est organiquement liée à la monarchie : le pouvoir civil se voit confier un blanc-seing pour lutter contre l'hérésie, d'où un transfert de compétences et une fusion des sphères politique et religieuse. [...]
[...] Ces nouveaux chrétiens excitent la jalousie des vieux chrétiens par leur réussite économique et sociale. On les accuse de ne vivre qu'une chrétienté de façade, de chercher leur intérêt propre, de mal conseiller le roi et de ne pas s'intégrer. En désignant les nouveaux chrétiens ennemis de l'Espagne, de ses intérêts, et de Dieu, c'est le peuple des nations ibériques qui institue l'Espagne et lui donne son premier attribut : le catholicisme. La haine progresse : les corps intermédiaires, et d'abord les villes, adoptent des lois discriminatoires contre les nouveaux chrétiens amorce d'une politique discriminatoire. [...]
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