Au cours du 17e siècle en Nouvelle-France, la menace iroquoise met un frein au commerce des fourrures, empêchant la circulation des biens et les Amérindiens d'amener les fourrures aux Canadiens Français. De plus, la destruction de la Huronie en 1649-1650 marque la perte d'un allié commercial important pour la colonie. Alors que la menace se retire progressivement et que le commerce des fourrures reprend, celui-ci prendra un tout nouvel aspect. Dans la perspective de réduire les coûts et de trouver une alternative à la façon dont fonctionnait le commerce, on verra l'apparition d'un nouveau groupe socio-économique. Appelé «coureurs des bois», ce groupe est constitué de jeunes hommes d'origines diverses qui avanceront à l'intérieure des terres afin de recueillir eux-mêmes les fourrures, changeant à jamais le visage du commerce. Comme tout groupe socio-économique, particulièrement dans un contexte tel que celui de la présence française en Amérique du Nord, celui-ci a connu des changements profonds. Mais, de quelle façon le groupe socio-économique des coureurs des bois a-t-il évolué au cours du XVIIe et XVIIIe siècle en Nouvelle-France?
Les nomades constituent un certain problème en ce qui concerne les principaux travaux de démographie, en ce sens qu'ils sont souvent négligés, ou même ignorés. Cela peut s'expliquer notamment par le fait que beaucoup de ces études se basent en partie sur les registres paroissiaux et la reconstitution des familles, ce qui ne peut impliquer que les effectifs sédentaires. On peut facilement comprendre qu'il est difficile de rassembler de telles informations pour des individus ou des familles migrantes, alors qu'ils sont en dehors du cadre défini des villages et en marge de la société. Les coureurs des bois, qui voyagent parmi les Amérindiens, dans l'Ouest et plus tard, vers le sud entre autres, représentent une partie de ces individus nomades. Cependant, si le manque de sources représente un frein important dans l'étude des peuples migratoires, cela ne signifie pas que ceci soit un sujet qu'il faut tout simplement ignorer.
Dans ce domaine, Nos ancêtres au XVIIe siècle d'Archange Godbout et La population canadienne au début du XVIIIe siècle de Jacques Henripin font figure de pionniers. Le premier, qui se veut un véritable recueil encyclopédique sur la société constituée par les premiers Canadiens, aborde l'ensemble de la population, alors que le second traite de la question de la population de l'ancien Québec, en faisant la mention des lacunes des études passées. Prisé à de nombreuses reprises pour des biographies, Georges-Hébert Germain fera partie de ceux qui toucheront à la question dans son livre, Les Coureurs des bois, alors que d'autres, comme l'anthropologue Bruce Trigger, aborderont le sujet de manière indirecte à travers l'influence qu'ils auront sur la population amérindienne (notamment dans Les Indiens, la fourrure et les Blancs, mais c'est un thème récurant dans sa bibliographie).
On peut juger que le groupe socio-économique des coureurs des bois a évolué notamment sur les plans géographiques et organisationnels, au gré du commerce, des lois et des guerres. Pour démontrer cette évolution, nous étudierons le groupe à trois moments précis, soit le XVIIe siècle, le début du XVIIIe siècle et au moment de la Conquête.
[...] Les coureurs des bois joueront un rôle important dans le mouvement d'expansion américaine. En effet, parmi ceux qui ouvriront la voie aux émigrants américains, ce sont en majeure partie des Canadiens, des Français et des Métis, des coureurs des bois devenus moutain men suite à la Conquête. On ne peut donc nier de l'importance du rôle joué par ceux-ci et la traite des fourrures dans les mouvements d'expansion de la population américaine après l'Indépendance[41]. Conclusion Bâtie sur trois moments, l'étude du groupe socio-économique des coureurs des bois permet de constater que celui-ci a éprouvé non seulement de nombreux changements, mais aussi une profonde évolution de la seconde moitié du XVIIe siècle jusqu'au lendemain de la Conquête. [...]
[...] Aucun anglais n'a encore jamais vu la palissade de ces pauvres refuges, souvent appelés forts, qui seront cependant toujours redoutés[28]. La continuité difficile du commerce des fourrures Le commerce des fourrures reprend véritablement vie après la fin de la guerre de succession d'Espagne. Pendant cette période, de 1701 à 1713, le commerce ne put pas avoir de grande prospérité. Par contre, après la signature du traité d'Utrecht on peut constater une recrudescence de l'économie de la colonie française malgré la perte de territoire français au profit des Anglais. [...]
[...] MALCHELOSSE, Gérard, Les coureurs de bois au XVIIe siècle Cahiers des Dix, Montréal, no p.104-144. MATHIEU, Jacques, La Nouvelle-France : les français en Amérique du Nord, Belin, Presses de l'Université Laval 271p. Microsoft Software, Étienne Brulé Encyclopédie électronique Microsoft Encarta, CD-ROM OUELLET, Fernand, Dualité économique et changement technologique au Québec (1760-1790) Histoire sociale, no 9-10, 1976-77. p.256-296. Société du musée canadien des civilisations, http://www.civilization.ca/, consulté le 11 novembre 2005. TRIGGER, Bruce G., Les Indiens, la fourrure et les Blancs, Québec, Boréal 542p. [...]
[...] Mais, de quelle façon le groupe socio-économique des coureurs des bois a-t-il évolué au cours du XVIIe et XVIIIe siècle en Nouvelle-France? Les nomades constituent un certain problème en ce qui concerne les principaux travaux de démographie, en ce sens qu'ils sont souvent négligés, ou même ignorés. Cela peut s'expliquer notamment par le fait que beaucoup de ces études se basent en partie sur les registres paroissiaux et la reconstitution des familles, ce qui ne peut impliquer que les effectifs sédentaires. [...]
[...] Dans la colonie en 1685, le gouverneur estime le nombre de coureurs de bois entre cinq cents et huit cents. Il semble aussi juste de croire qu'avant 1700 un homme adulte sur deux de la colonie ait pu faire un voyage au pays des Amérindiens dans la région des Grands Lacs. Aussi, une autre source, plus récente, présente des chiffres dans la même veine, mais est plus précise. Elle estime qu'en 1680, la population de coureurs de bois est de huit cents sur une population totale de moins de dix milles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture