Le phénomène de la motte castrale a fait l'objet de nombreuses études dans les années 1970 : des thèses, notamment celle de Joëlle Burnouf, et surtout le colloque de Caen de 1981 portant sur les fortifications de terre en Europe Occidentale (Archéologie Médiévale, 1981). Pendant longtemps on a mis en relation l'apparition de la motte avec la « Révolution de l'An Mil », or on sait désormais que la motte apparaîtrait plutôt au XIIe siècle. Mais, on a voulu voir des mottes partout sans qu'il n'y ait véritablement de fouilles archéologiques.
Le sujet que nous devons traiter porte sur la motte seigneuriale de Mirville, cette motte a été fouillée pendant quatre années de 1979 à 1981, sous la direction de Jacques Le Maho, ce dernier a publié, en 1984, un rapport de fouille assez succinct présentant les principaux aspects de cette fouille. C'est à partir de ce document que nous allons étudier la motte de Mirville.
Mirville se situe en Normandie, dans le pays de Caux, à quelques kilomètres de la ville de Bolbec. C'est un petit établissement seigneurial des XIe et XIIe siècles, situé dans le parc d'un château seigneurial en pierre, construit au XVIe siècle, qui est implanté au milieu d'un étang artificiel.
En 1973, Jacques Le Maho avait déjà pratiqué une coupe stratigraphique de la motte qui avait fait apparaître une phase d'occupation antérieure à la construction de la motte.
Figure 1
Le Maho va alors partir de la problématique suivante pour entamer la campagne de fouille de 1979 ; il va vouloir démontrer qu'une motte est toujours issue d'une fortification à plat, plus précisément d'une enceinte circulaire. Avec la fouille de Mirville, il veut montrer qu'il existe des étapes à la construction d'une motte : un enclos palissadé, puis une enceinte de terre, et, enfin la motte.
Lors de la reprise des travaux sur cette motte en 1979, il a été décidé d'enlever les terres de la motte et de fouiller le niveau sous-jacent. On a alors découvert 8 niveaux distincts de bâtiments de bois sur une épaisseur de 20 cm. On a ensuite effectué un décapage méthodique de ces couches et fait une étude des intersections de trous de calage qui permirent ainsi de restituer progressivement la chronologie, phase par phase. Les archéologues ont dénombré douze phases allant des IIe – IIIe siècles au XVIe siècle. Ainsi, l'ensemble de la motte a été fouillé en aire ouverte.
Le site du village de Mirville faisait à l'origine partie de la « forêt de Lillebonne » (Figure 2), un ancien domaine royal carolingien qui était devenu la propriété des ducs de Normandie au Xe siècle. Les marges de cette forêt assez largement défrichées puis loties furent concédées vers le début du XIe siècle à une famille d'officiers de la cour ducale, les sires de Tancarville, investis à titre héréditaire de la fonction de chambellan (administrateurs des appartements et du trésor princiers). Ces derniers y construisirent le château d'Hallebosc qui devint le centre de ce qu'on appellera plus tard une baronnie et auquel furent rattachés plusieurs petits fiefs, dont celui de Mirville. Le lien de dépendance des sires de Mirville à l'égard des seigneurs de Tancarville est explicitement indiqué dans les sources écrites des XIe et XIIe siècles. Les sires de Mirville sont ce qu'on pourrait appeler des vavasseurs. Ils portent le titre de « chevaliers », et tout permet donc de penser qu'ils appartiennent dès lors à l'entourage militaire des Chambellans.
Dans un contexte historique plus général, c'est à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle que s'écroulent les structures politiques établies par les carolingiens et que partout se créent de nouvelles unités politiques au profit de l'aristocratie foncière. En Normandie, dans le pays de Caux, c'est à la mort de Guillaume le Conquérant, en 1087, que se multiplient les sites castraux.
Nous pouvons donc nous poser la question suivante : Pouvons nous considérer la motte seigneuriale de Mirville comme une motte à part entière ?
Pour répondre à cette question, nous verrons tout d'abord en quoi Mirville est la transformation d'un habitat ouvert en enceinte fermée, puis si nous pouvons considérer l'étape VIII (enceinte circulaire) comme un château, et enfin nous tenterons de comprendre pourquoi il y a eu emmotemment à Mirville.
[...] Nous pouvons donc nous poser la question suivante : Pouvons nous considérer la motte seigneuriale de Mirville comme une motte à part entière ? Pour répondre à cette question, nous verrons tout d'abord en quoi Mirville est la transformation d'un habitat ouvert en enceinte fermée, puis si nous pouvons considérer l'étape VIII (enceinte circulaire) comme un château, et enfin nous tenterons de comprendre pourquoi il y a eu emmotemment à Mirville. I. La transformation d'un habitat ouvert en enceinte fermée à caractère militaire I.1. [...]
[...] Figure 5 La moitié est de l'enceinte, elle, ne servait principalement que de passage. Par contre à partir de la phase VIIb lorsque l'on édifie la grande maison toutes les installations sont recentrées. En effet après l'incendie qui détruisit la plus grande partie des bâtiments, on reconstruisit la palissade, l'appentis sud-ouest, et on édifia aussi une grande maison d'habitation entièrement en bois. Là encore on retrouve une division fonctionnelle de la cour, avec à l'est de la palissade un lieu de passage, en effet on a retrouvé à cet endroit des empreintes de pieds humains et de pattes d'animaux dans le sable. [...]
[...] A l'arrière plan, le sol est renforcé par une couche de cailloux. Figure 7 : Evolution du dispositif de drainage des eaux pluviales autour du bâtiment VII. Le toit de l'édifice était à quatre eaux En phase VIIb, son égouttage se perdait dans un trou comblé de pierres de silex En phase VIII, les eaux circulant dans le drain furent dérivées vers une citerne creusée pour servir de réserve d'eau à la fortification Figure 8 : Phases III à VI. [...]
[...] Lors de la reprise des travaux sur cette motte en 1979, il a été décidé d'enlever les terres de la motte et de fouiller le niveau sous- jacent. On a alors découvert 8 niveaux distincts de bâtiments de bois sur une épaisseur de 20 cm. On a ensuite effectué un décapage méthodique de ces couches et fait une étude des intersections de trous de calage qui permirent ainsi de restituer progressivement la chronologie, phase par phase. Les archéologues ont dénombré douze phases allant des IIe IIIe siècles au XVIe siècle. [...]
[...] début du XIIe s.) Cette phase vit se réaliser plusieurs travaux de fortification. Au sud de la maison on dressa une palissade dont on enroba de terre la partie inférieure jusqu'à la hauteur d'1,50m environ. A l'extérieur, on l'a munit d'un fossé, au profil en de 3,50m de profondeur. Dans le réduit laissé libre entre la maison et le rempart de terre, on dériva le caniveau vers une citerne, on mit en place un refend de bois et l'on construisit un abri léger à claire-voie. [...]
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