Depuis le 21 septembre 1792, l'état républicain s'impose comme un état de fait dans la France révolutionnaire, la royauté étant abolie. Reste à entériner cette rupture par un geste fort, qui prouve pour toujours que la nation est au dessus de n'importe quel pouvoir sacré. La nouvelle assemblée, la Convention, s'accorde alors à la fin de l'année 1792, contre le roi et sur la volonté de détruire les monarchies européennes par la guerre. Entre temps, la guerre a eu le temps de radicaliser les rapports conflictuels entre religion et révolution, et la violence révolutionnaire est utilisée pour fonder de nouvelles valeurs. En décembre 1792, le procès du roi s'ouvre dans une constante volonté de rompre avec le sacré, et condamne finalement le roi à mort, le 19 janvier 1793. Mais les révolutionnaires tout comme les royalistes voyaient en la personne du roi la tête de l'ordre social, même si la position de Louis XVI s'était déjà bien affaiblie. Alors, le bourreau tuait-il un roi ou un homme dépouillé depuis longtemps de tout caractère sacré ?
Le roi de France, investi de pouvoirs sacrés, considéré pendant longtemps comme père de ses sujets, est alors tué par ces derniers, au cours d'une « scène qui est certainement, dans l'histoire moderne, ce qui se rapproche le plus d'un sacrifice rituel », selon Daniel Arasse.
Derrière cette exécution se dessinent non seulement des enjeux conjoncturels, mais aussi une forte portée symbolique, à travers l'expression des mécontentements internes et externes et les conséquences de cet acte sur les consciences.
En quoi cette exécution constitue-t-elle une rupture fondamentale dans l'épopée révolutionnaire ?
Nous verrons tout d'abord que l'exécution du roi constitue une rupture dans l'ordre politique, puis nous comment elle forme un processus de sacralisation de la révolution. Enfin, nous étudierons comment la mort du roi peut ouvrir la voie à un nouveau culte royal.
[...] La mort de Louis XVI Depuis le 21 septembre 1792, l'état républicain s'impose comme un état de fait dans la France révolutionnaire, la royauté étant abolie. Reste à entériner cette rupture par un geste fort, qui prouve pour toujours que la nation est au-dessus de n'importe quel pouvoir sacré. La nouvelle assemblée, la Convention, s'accorde alors à la fin de l'année 1792, contre le roi et sur la volonté de détruire les monarchies européennes par la guerre. Entre temps, la guerre a eu le temps de radicaliser les rapports conflictuels entre religion et révolution, et la violence révolutionnaire est utilisée pour fonder de nouvelles valeurs. [...]
[...] Il y a une volonté de donner un sens nouveau à cette condamnation. Robespierre : Il faut que la punition de Louis ait le caractère solennel d'une vengeance publique Saint-Just justifie la destruction du roi, une destruction nécessaire, car le roi est avant tout coupable de son propre statut. Le détonateur d'une nouvelle guerre La Convention déclare la guerre à l'Angleterre et la Hollande le 1er février 1793. Mais, l'exécution de Louis XVI contribue à la formation contre la France d'une coalition de monarchies européennes (dont l'Angleterre est l'élément moteur) et qui va durer dix ans. [...]
[...] - De même, la Constitution de 1791 (paragraphe maintient le principe de l'inviolabilité de la personne royale. Pourtant par cette exécution il y a bien une disparition du pouvoir royal, et donc une laïcisation du pouvoir politique. En effet, l'échafaud ramène le corps du roi à la normalité et donc le banalise en le destituant de tous ses pouvoirs, bref en le désacralisant. Sacralisation de la Révolution ? - La révolution fonde sa sacralité sur l'anéantissement de la personne du roi. [...]
[...] Transformé en martyr il retrouve une dignité perdue. - Juin 1793, le pape Pie VI officialise le martyr Louis XVI : Dieu lui a accordé la patience dans l'exécution et la victoire dans le martyr Une mort sanctifiée ? - Albert Sorel : L'échafaud lui fit une auréole et sa mort fut une transfiguration La propagande royaliste le compare au christ, lui aussi martyr. Baucourt : Il monta à l'échafaud avec cet air religieux et majestueux L'iconographie va s'emparer de ce thème. [...]
[...] La révolution connaît alors une radicalisation qui la pousse à son paroxysme. Les opinions contre révolutionnaires sont alimentées par l'indignation que cause le régicide et s'exacerbent dans cette guerre interne. Cet ordre politique bousculé par l'exécution du roi s'illustre par mise en valeur de la Révolution. II La révolution retourne à son profit la sacralisation du roi et s'instaure en l'anéantissant Dimension sacrificielle de l'exécution du roi - Pour Robespierre, la mort du roi est une vengeance publique. En sacrifiant le roi, la révolution immole le surnaturel dont le corps du roi était encore investi. [...]
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