Louis XIV, septembre 1715, monarchie, mort de Louis XIV, pauvreté, Paris, Philippe d'Orléans, guerre de succession d'Espagne, absolutisme, Versailles, histoire politique, autocratie, classe sociale
À la fin de l'année 1715, le curé de la paroisse de Saint-Sulpice, vers Blois, note dans son registre « Louis XIV, roi de France et de Navarre, est mort le premier septembre [...], peu regretté de tout son royaume ». Son trépas, le 1er septembre, est un soulagement pour beaucoup.
Sa mort marque un tournant pour l'histoire de France, et notamment pour celle de Paris. Les dernières années de son règne sont, en effet, particulièrement difficiles, et la capitale doit subir la pauvreté, le froid, la famine et les émeutes, alors même que des années de guerre ont laissé le royaume exsangue. De plus, le souverain choisit Versailles comme résidence permanente en 1671, et se rend de moins en moins souvent à Paris, envers laquelle il manifeste une animosité grandissante : cette prise de distance suscite la défiance, puis l'hostilité d'une partie des Parisiens. L'absolutisme oppresse lui aussi la population, l'autorité royale domine, tandis que les autres pouvoirs lui doivent obéissance et sont étouffés. En conséquence, de nombreuses voix s'élèvent à Paris pour dénoncer l'éloignement et la tyrannie de la monarchie et réclamer plus d'autonomie vis-à-vis de cette dernière. Le monarque devient de plus en plus critiqué et impopulaire. À la fin de sa vie, il est en conflit direct avec une partie du clergé et du Parlement concernant la bulle Unigenitus, et n'a plus les faveurs de la population, lourdement imposée.
Lorsque le roi meurt, le régent Philippe II d'Orléans, qui au contraire est particulièrement apprécié dans la capitale, s'emploie à inverser la tendance.
[...] Les pauvres nous assiègent de toutes parts ». Face à cette crise, les populations rurales convergent vers les villes, notamment Paris, en espérant y trouver de l'argent ou de la nourriture, ce qui accroît la pression sur les ressources déjà insuffisantes ou trop chères. Un arrêté est pris en avril en ce sens pour chasser les mendiants non parisiens de la capitale. Si, en 1715, la situation n'est pas aussi catastrophique qu'en 1709, les questions de l'endettement et de la pauvreté n'ont pas été réglées. [...]
[...] Cela aboutira à la signature de la paix d'Utrecht, en 1713, qui fut célébrée avec joie dans la capitale. Sa popularité auprès du peuple, ainsi que l'âge avancé et la santé déclinante du souverain, nourrissent son ambition de devenir régent, alors même qu'il n'est pas le plus légitime et que le roi, conscient de cette ambition, la désapprouve, et lui préfère dans son testament le duc de Maine, un bâtard qu'il a légitimé. Comme il a été vu, Philippe II d'Orléans parvient à faire casser par le Parlement ce testament et à obtenir la régence. [...]
[...] * Cette année 1709 est essentielle pour comprendre la lassitude éprouvée par les Parisiens à l'égard de leur souverain qui se manifestera en 1715. La fin de l'année 1708 et le début de l'année 1709 sont marqués par un hiver exceptionnellement froid, notamment à Paris. Les habitants doivent faire face à un climat polaire : pendant dix jours consécutifs, la température est inférieure à -10 °C à Paris. La Seine gèle, et le premier bateau ravitaillant la ville en blé ne l'atteindra que le 5 avril. [...]
[...] Il invoque son rôle dans le rétablissement de la paix et mène ensuite une politique pacifiste. Le régent soutient enfin les adversaires de la bulle Unigenitus. Ces trois aspects sont perçus favorablement à Paris, qui a largement souffert durant les années précédentes de la guerre, de la famine et des épidémies. La ville est en effet exsangue à cause des guerres menées depuis plusieurs décennies par un monarque belliqueux, les pauvres s'y concentrent, et l'ultramontanisme y est décrié. Au-delà du problème de la pauvreté, il s'emploie aussi à remédier à l'endettement massif du royaume, et à la crise financière en général, en favorisant l'émission de papier-monnaie pour pallier la pénurie monétaire et encourage la création d'une banque d'État. [...]
[...] Le pouvoir appelle des renforts à Paris, ce qui accroît encore la pression sur la nourriture. De fait, cette crise sanitaire et sociale de 1709 mettra de nombreux mois à être maîtrisée, la situation ne se stabilisant véritablement qu'en 1710, et ses conséquences se font encore ressentir lorsque le monarque meurt. Elle renforcera aussi l'animosité des Parisiens envers le roi, puisque ces événements illustrent tout ce qu'on lui reproche : son éloignement de Paris et donc de son peuple ainsi que son pouvoir autocratique et autoritaire. [...]
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