Compte-rendu d'un séminaire de Monsieur Pierre Moracchini, intitulé "Frères laïcs et soeurs converses en régime franciscain". C'est un éclairage intéressant sur l'évolution du monde des femmes et des hommes en milieu religieux (principalement le régime franciscain), du XIIème au XXème siècle. Document de 1200 mots.
[...] Mais l'évolution du monde des femmes et des hommes en milieu religieux mérite elle aussi un éclairage. Revenons quelques instants sur ce modèle dominant. Cîteaux en est la fidèle image : l'abbaye cistercienne incarne parfaitement, au sein d'une communauté, la structure sociale féodale. Elle se divise en deux classes : les moines chœur et les laïcs, assimilés aux convers. Les premiers viennent du monde seigneurial, ecclésiastique et de la chevalerie. Ils participent à la célébration liturgique. Les seconds sortent des basses classes de la paysannerie. [...]
[...] La volonté d'assimiler les sœurs converses aux novices est manifeste ici. Mais certaines vont résister à ce modèle dominant en revenant à la règle de Sainte Claire. C'est notamment le cas de Sainte Colette qui va établir une constitution. Cette dernière et la règle de Sainte Claire vont avoir un succès grandissant auprès des Capucines, Colettines et des Clarisses. On y retrouve une égalité de statut et de traitement. Par conséquent, plus nous allons vers le modèle des sœurs urbanistes, plus les catégories de sœurs sont nombreuses et séparées. [...]
[...] Mais, tout comme chez les femmes, une volonté de retour à l'origine par l'ordre franciscain est toujours présente. Cette volonté de revalorisation des laïcs est nettement visible au travers de la réforme capucine qui prône pauvreté et humilité. Ces réformes vont cependant se heurter au modèle dominant qui cherchera toujours à supprimer ces réformes. Paradoxalement ce recul est décelable chez les Capucins qui, encore en 1950, possédaient un coutumier discriminant les frères laïcs. Ainsi, plus on se dirige vers les ordres conventuels, moins les frères laïcs seront nombreux et moins ils auront de droits. [...]
[...] Relativisons encore cela en comparant la situation française à d'autres pays : certaines provinces italiennes présentent une proportion de frères laïcs encore plus importante : Messine comptera près de 38% de laïcs après 1750. Enfin le grand basculement a lieu après les années 1950 : le modèle dominant s'écroule, le monde religieux sombre dans la crise identitaire. A cette date, nous assistons à une chute du nombre de converses chez les femmes. D'ailleurs le concile Vatican II autorise même, en 1965, aux ordres féminins de supprimer les converses. [...]
[...] Le regard porté sur ces frères laïcs par le monde extérieur serait aussi un sujet d'étude passionnant. Ainsi, en reprenant les idées directrices de M. MORACCHINI, les points cruciaux semblent être les suivant. Tant chez les femmes que chez les hommes, l'évolution est identique : plus les laïcs sont considérés comme des domestiques, plus nous sommes dans le monde conventuel. A l'inverse, plus ils ont de droits, plus nous sommes en présence d'ordres réformés. Cette évolution ne connaît pas de coupure révolutionnaire : le sort de certains frères laïcs se trouve même davantage déprécié. [...]
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