L'expression « despotisme éclairé » est employée pour la première fois par les historiens allemands du XIXe siècle, mais théorisé un siècle auparavant par les philosophes des Lumières pour désigner un régime dans lequel le monarque, éclairé par la raison, œuvre pour le progrès de son royaume et le bonheur de ses sujets. De 1740 à 1790, il exerce une réelle influence politique en Europe, au point que plusieurs monarques tentent de gouverner selon cet idéal des Lumières.
Il semble dès lors que les Lumières qui « éclairent » les despotes prennent à contre-pied tous les principes de la monarchie absolue : il en résulterait une opposition entre ces deux régimes. C'est peut-être oublier un peu vite le caractère despotique de ces monarques, qui vont au XVIIIe siècle jongler entre réformes libérales et concentration des pouvoirs.
Interrogeons-nous donc sur le lien qui unit monarchie absolue et despotisme éclairé. Quelle réalité recouvre le terme antithétique de « despotisme éclairé » ? Peut-on parler d'une certaine « unité » des deux régimes ?
[...] Louis XIV révoque l'édit de Nantes en 1685 : une seule religion est acceptée dans le royaume de France, la religion catholique. Voltaire écrit en 1763 son Traité sur la tolérance : "Une religion qui tolérerait toutes les autres serait capable de faire du genre humain un peuple de frères." Et qui sont au fondement des principes du despotisme absolu Politique fondée sur les idées de raison et de modernité . Idée que l'Etat doit être profondément réformé sur des bases nouvelles qui permettront la réalisation d'une société moderne. [...]
[...] Beaucoup de principes des Lumières ne sont pas appliqués : Frédéric II ne touche pas à l'ordre social et maintient le servage ; Catherine II fait torturer des officiers accusés de complot, supprime les derniers droits juridiques des serfs (plus le droit de porter plainte contre leurs maîtres dès 1767 et peuvent être exilés en Sibérie par ces derniers dès 1765) et étend le servage (ses favoris se voient obtenir des serfs). Elle renforce également la censure. A partir de 1789, la Révolution française terrifie les despotes influencés par les Lumières et les détourne de l'idée de changement. Catherine II, qui évoque la de la Révolution française, parle désormais de ses “erreurs de jeunesse”. III- Le despotisme éclairé : une forme d'absolutisme La monarchie absolue n'est pas remise en cause Monarques ne sont nullement remis en question à la condition qu'ils travaillent en vue du bien public. [...]
[...] Les princes agissent donc comme lieutenants de Dieu sur Terre. en 1670 dans Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte) alors que Diderot affirme que l'autorité est tirée des sujets ("Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres. Le prince tient de ses sujets même l'autorité qu'il a sur eux." En 1765 dans L'Encyclopédie) - le pouvoir législatif : exercé par le Roi en monarchie absolue alors que les philosophes des Lumières souhaitent exigent qu'il soit exercé par le peuple. [...]
[...] Ainsi la monarchie absolue fit naître en quelque sorte le despotisme éclairé. Plus qu'un régime à part, le despotisme éclairé est une forme particulière de monarchie absolue. Il semble que les philosophes eux-mêmes aient renoncé à voir vivre leur idéal, tant celui-ci semble ne pas résister aux dérives du pouvoir, à l'incompréhension du peuple et à l'évolution des mœurs. Ce ne sera finalement qu'avec les révolutions américaines et françaises mettant fin à l'absolutisme que ces principes verront leurs premières applications en politique. [...]
[...] La tactique des philosophes consiste donc à conquérir les princes pour leur faire adopter des réformes. Il ne s'agit pas, écrit Voltaire en 1769, de faire une révolution comme au temps de Luther, mais d'en faire une dans l'esprit de ceux qui sont faits pour gouverner Le despotisme éclairé apparaît surtout comme un renforcement de l'absolutisme : le monarque, qui, selon les termes de Frédéric II, est premier juge, le premier général, le premier financier, le premier ministre de la société”, concentre entre ses mains tous les pouvoirs pour lutter contre l'aristocratie, les parlements, les coutumes, libertés locales, et l'Église. [...]
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