Le XVIIIe siècle en Europe est connu pour être celui du développement d'un courant culturel bien particulier : les Lumières. Ce vaste mouvement de pensées et d'idées est associé à l'apparition d'une nouvelle forme de gouvernement, le despotisme éclairé, correspondant à l'avènement d'un souverain réformateur se distinguant des monarques absolus qu'a connu l'Europe jusqu'alors.
Dans la mesure où ces souverains se distinguent des monarques absolus et qu'ils se réclament de la pensée des Lumières, on peut se demander si les Lumières ont permis la disparition de l'absolutisme monarchique au profit d'un despotisme éclairé radicalement différent. La contestation de la monarchie absolue par les penseurs des Lumières a-t-elle trouvé une réponse et une concrétisation dans l'apparition des despotes éclairés ?
[...] Cette idée d'instrumentalisation a été développée par de nombreux historiens du XXe siècle comme François Bluche qui écrit Les philosophes auraient voulu que l'Etat soit au service des Lumières, la monarchie a mis les Lumières à la disposition, voire à la discrétion de l'Etat ou encore Albert Soboul qui écrit ils donnèrent à croire que le sort de leurs sujets faisait leur principal souci alors qu'ils ne songeaient qu'à augmenter leur puissance B. Essoufflement du mouvement et retour en force de l'absolutisme A la fin des années 1770, le mouvement du despotisme éclairé perd de son ampleur, ce qui est illustré par différents éléments : - Renvoi des principaux ministres réformateurs européens : Turgot en France en 1776, Tanucci à Naples en 1776, Pombal au Portugal en 1777 - Ralentissement des réformes mises en œuvre par les despotes éclairés devant le tour que prennent les choses en France avec la menace de la Révolution perçue par les monarques européens comme consécutive au développement des idées des Lumières - Désillusion des penseurs des Lumières qui comprennent que leur philosophie a été instrumentalisée par les monarques européens pour leur permettre d'accroître leur puissance : Diderot écrit en 1774 un despote juste est un fléau et Rousseau assimile Frédéric II à un homme sans principes qui a commencé son machiavélisme en dénonçant Machiavel (écho au traité rédigé par Frédéric II, L'Anti-Machiavel) Le despotisme éclairé prend définitivement fin quand arrive la Révolution française et qu'elle se radicalise : l'exécution de Louis XVI va engendrer une réaction conservatrice de la part de ces despotes éclairés. [...]
[...] Ils s'identifient au contraire à des monarques absolus de droit divin, conviction qui se renforce devant l'opposition croissante des parlementaires, qui eux entendent concrétiser les idées des Lumières. Le despotisme éclairé ne trouvera donc pas de représentant en France bien que la monarchie absolue y soit en net déclin : seul le ministre Turgot, à cette époque, aurait pu matérialiser le despotisme éclairé en France, mais il échoue dans ses réformes devant l'opposition des privilégiés et le faible soutien du roi. [...]
[...] Knabe, R. Mortier et F. [...]
[...] En effet, juste après cet évènement , les monarques européens vont s'allier contre la France pour punir la mise à mort du roi (symbole de la l'absolutisme monarchique) et dans l'espérance de restaurer la monarchie absolue. Dès lors, les despotes éclairés redeviennent des monarques absolus, nature qu'ils n'avaient en fait jamais vraiment abandonnée, mais qu'ils avaient dissimulée derrière le paravent des idées des Lumières et de la connivence avec les philosophes. Conclusion L'Europe du XVIIIe siècle, l'Europe des Lumières est souvent associée au triomphe du despotisme éclairé sur la monarchie absolue. [...]
[...] Si l'épicentre des Lumières est la France, ce phénomène ne s'y développera pourtant pas ; le despotisme éclairé trouvera ses terres d'élection dans d'autres pays comme la Russie avec Catherine II ou la Prusse avec Frédéric II qui mèneront d'importantes réformes pendant leur règne. Cependant, l'avènement de ces despotes éclairés ne signifie pas pour autant la fin de l'absolutisme monarchique : ces souverains restent des monarques absolus, ils n'appliquent les idées des Lumières dans le cadre de la modernisation et la rationalisation de l'Etat que pour accroitre leur pouvoir, l'apparente connivence avec les philosophes n'étant qu'un paravent servant à masquer leur véritable pensée et leurs vrais objectifs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture