L'organisation sociale est assez semblable dans les trois pays. La société est divisée en trois ordres: le clergé, la noblesse et le Tiers-état. La classification de la société d'Ancien Régime a fait l'objet de nombreux travaux depuis les années 1960. L'une des publications les plus importantes est La véritable hiérarchie sociale de l'Ancien Régime (1983) de François Bluche et Jean-François Solnon. Cette étude qui se base sur la capitation en France (1695) aboutit à une classification en vingt-deux classes qui ne met pas en valeur la mobilité de la société. Les mobilités sociales sont réelles au XVIIème siècle. En effet, les ascensions et les décadences sociales ne sont pas un phénomène marginal en France, en Espagne et en Angleterre. Le renforcement de la monarchie et des appareils administratifs offrent des possibilités de promotions et de carrières aux élites. Les travaux des historiens dans les années 1960 ont montré que les populations sont majoritairement sédentaires au XVIIème siècle. Mais cette idée est rejetée par l'historiographie récente et les historiens s'accordent à dire que la mobilité spatiale existe dans ces sociétés. En France, Alain Croix promeut la thèse de l'ouverture des villages et suggère que ces derniers sont sensibles aux influences extérieures. En Espagne, David E. Vassberg parle de « culture de la mobilité » et démontre que les populations rurales sont extrêmement mobiles. Néanmoins, si plus personne ne conteste la mobilité spatiale, les divergences portent aujourd'hui sur l'ampleur et le degré d'ouverture des sociétés, d'où la nécessité de définir les notions de mobilité et d'extérieur. La mobilité spatiale est un déplacement d'une distance et d'une durée variable effectué par un individu ou un groupe. Elle regroupe par conséquent les déplacements dus à des obligations économiques, les migrations et les expulsions. On distingue communément trois auréoles autour du village. La première est l'espace de vie, la seconde est le territoire de la micro-mobilité et enfin la troisième est l'extérieur soit le monde qui n'est pas familier et qui est source de dépaysement. Les sociétés françaises, anglaises et espagnoles sont-elles mobiles au XVIIème siècle et plus précisément, ce processus de mobilité sociale et spatiale concerne-t-elle toute ou une partie seulement de la population ? Après avoir démontré que la mobilité des élites est extrêmement encadrée et critiquée, nous verrons que les opportunités de promotion sociale sont multiples et enfin, nous analyserons la mobilité du menu peuple en étroite corrélation avec la conjoncture.
[...] Après avoir démontré que la mobilité des élites est extrêmement encadrée et critiquée, nous verrons que les opportunités de promotion sociale sont multiples et enfin, nous analyserons la mobilité du menu peuple en étroite corrélation avec la conjoncture. Les élites : une mobilité encadrée et critiquée 1. Noblesse et nature de l'anoblissement La définition de la noblesse et la nature de l'anoblissement évoluent profondément au XVII° siècle. La noblesse est assez récente, à la suite d'un grand renouvellement au siècle précédent dans les trois pays. Il existe plusieurs voies d'anoblissement. L'anoblissement dit taisible est pratiqué jusque dans la première moitié du XVII° siècle. [...]
[...] Le prix des offices croît durant tout le XVII° siècle, ce qui met en évidence le succès de cette voie d'anoblissement. Enfin, le roi peut aussi créer des lettres patentes de noblesse, Louis XIV en crée cinq cent en 1696 puis 200 en 1702. Cette procédure reconnaît la vertu, les mérites et la fidélité d'un individu. Le roi a trois fonctions sociales. Il est à la fois le garant de la hiérarchie, l'acteur de la mobilité sociale et celui qui baisse la situation des Grands. Le XVII° siècle est l'époque de l'inflation des honneurs. [...]
[...] Dans les armées anglaises, les officiers qui sont issus du monde du commerce sont nombreux. En Espagne, l'ascension sociale par le biais de la carrière militaire est également possible. Un soldat peut gravir différents échelons et terminer sa carrière comme capitaine d'infanterie, tel est le cas de don Estaban de Anguiz. Dans le commerce, les familles de négociants forment un groupe riche et dynamique surtout en Angleterre. Dans les pays catholiques, le négociant ne bénéficie pas d'une considération élevée. Par conséquent, il vise à intégrer la noblesse. [...]
[...] Les micro-mobilités sont fortement imbriquées dans la vie quotidienne. Les migrations saisonnières ont un rôle majeur dans les régions où la population a besoin de revenus complémentaires. Ces migrations durent trois semaines au minimum et correspondent à une tâche agricole précise. Les hommes des hauts-plateaux et des montagnes descendent dans les plaines pour effectuer les vendanges et les moissons. Ils regagnent ensuite leurs villages. Ils profitent du décalage dans le calendrier agricole. Les paysans du Massif central moissonnent les blés dans le Bassin parisien. [...]
[...] Le nombre de familles a gonflé grâce à l'ouverture du groupe aux newcomers. Mais au XVII° siècle, l'écart se creuse entre la grande noblesse et la petite gentilhommerie. Cette dernière est fragile et souffre du partage noble. Les hidalgos vivent modestement sur une petite exploitation. L'appauvrissement des branches cadettes ou l'endettement peuvent provoquer la ruine voire la disparition des familles. A cette époque, de nombreux petits nobles français et espagnols tombent dans la dérogeance et perdent par conséquent leurs privilèges. [...]
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