Les métiers, qui seront nommés corporations au 18ème siècle, sont des associations d'artisans (comme les orfèvres, les tisserands ou encore les armuriers) ou de commerçants détaillants (les bouchers, les épiciers, les drapiers) hautement qualifiés, qui s'unissent pour faire valoir leurs droits et exercer un type très précis de métier. Dans la société du Moyen-Age, les individus sont très peu isolés et ont tendance à se regrouper: les métiers sont l'un de ces nombreux corps intermédiaires qui ordonnent et hiérarchisent la société.
Il est certain qu'à partir du 12ème siècle, les métiers des villes du nord sont déjà pourvus d'une organisation régulière. Les métiers de Paris ne sont pas aussi anciens, et à cette date, ils ne sont pas tous constitués. D'autre part, les métiers d'artisans ont été plus longs à s'organiser que les métiers marchands. Le pouvoir royal s'est très vite employé à contrôler ces métiers, l'objectif étant d'encadrer les travailleurs et de les surveiller plutôt que de les soutenir. Au cours des 12ème et 13ème siècles, les métiers se multiplient. La coutume avait déjà imposé aux artisans des métiers l'obéissance à certaines prescriptions. Il restait à fixer dans une réglementation claire et précise ces traditions et ces usages souvent obscurs, incomplets, ou même contradictoire.
Ainsi, Louis IX fait rédiger vers 1268, par Étienne Boileau, prévôt de Paris, le Livre des Métiers, premier grand recueil de règlements sur les métiers parisiens dont l'objet principal était de protéger l'artisanat et le petit commerce parisien contre la concurrence déloyale et le chômage. Au milieu du 13ème siècle, Paris est, avec plus de 150 000 habitants, la ville la plus peuplée de la chrétienté. Mais la capitale est surtout la cité la moins sure du royaume. Louis IX, pour qui désordre rime avec péché, ne peut le tolérer et à son retour de croisade en 1254, il décide de procéder à une réforme de la prévôté. Jusque là, cette charge était affermée, c'est-à-dire vendue au plus offrant, et donc pas au plus compétent. Louis IX, pour éviter que le peuple soit opprimé par les plus riches, entreprend de remédier aux abus en confiant la charge de prévôt à un fonctionnaire révocable, percevant une rémunération annuelle et versant au Trésor les recettes de sa prévôté. Étienne Boileau est le premier prévôt de Paris nommé par le roi en 1261. Cette fonction est la plus élevée de la cité. Il est alors le représentant immédiat de l'autorité royale: il administre les finances de Paris, est chargé d'assurer l'ordre et la sûreté publique, et est investi du pouvoir judiciaire et du droit de légiférer des règlements municipaux. Ainsi, dans le Livre des Métiers, il entreprend une vaste tâche de révision de tous les statuts de métier pour ainsi réunir dans une seule codification tous les usages et règlements à Paris. Notre extrait du livre d'Étienne Boileau se décompose en deux parties, concernant les métiers d'orfèvre et fèvre-coutelier. Il y est question du mode d'accession aux deux métiers, des statuts des valets et apprentis, des impôts que doivent payer les gens des métiers mais également de la place de la religion qui réglemente le travail. De plus, le texte nous renseigne sur les sanctions en cas de manquement au règlement ou en cas de mauvais travail et sur les prud'hommes, sorte de police intérieure, chargés de faire appliquer les règles. Notre extrait nous permet de faire une comparaison entre le métier d'orfèvre, qui est un métier utilisant des métaux précieux, et le métier de coutelier, qui utilise plutôt des métaux ordinaires.
Ainsi nous pouvons nous demander en quoi ce texte, à travers deux métiers métallurgiques, nous montre les éléments communs à tous les métiers de la ville, mais également les privilèges accordés à certains métiers.
[...] Il peut donc prendre ses enfants, ses frères en tant qu'apprentis. Au contraire, le coutelier ne peut avoir que deux apprentis maximum, dont la durée d'apprentissage est de 6 ans, au delà de cette période, ils deviennent des valets et donc le maître leur doit un salaire, comme on le voit aux lignes 29 et 30. En conséquence, nous pouvons voir encore une fois qu'il existe des différences entre les deux métiers d'orfèvres et de couteliers, ici en ce qui concerne les apprentis. [...]
[...] Le prix à payer pour exercer le métier est variable, et parfois la fixation est laissée aux intéressés. Ainsi, celui qui voulait être fèvre devait payer 5 sous au maréchal pour avoir la maîtrise. On remarque donc que les conditions pour exercer les deux métiers sont différentes, par contre, ils sont tous les deux jurés. De plus, le métier d'orfèvre est gratuit comparé à celui de coutelier, mais il faut forcément faire partie de la corporation pour pouvoir exercer le métier. L'accès au métier est restreint dans le cas de l'orfèvrerie. [...]
[...] fabrique des objets de la vie courante, destinés à une clientèle plus populaire. Maintenant que nous avons vu les conditions pour accéder aux deux métiers, il va être intéressant de voir s'il existe une hiérarchie au sein des corporations, et qu'elle est cette hiérarchie. Ainsi, qu'elle est la place de chacun dans chaque corps de métier. 2)La hiérarchie des corporations Les métiers ont un fonctionnement hiérarchisé, c'est-à-dire qu'il existe différents statuts à l'intérieur de celui-ci. En effet, ils sont divisés en 3 catégories: Tout d'abord les statuts de métier définissent l'étape d'apprenti à la ligne 3. [...]
[...] Ce tour de garde revient toutes les trois semaines environ. Le guet donnait en quelques sortes une organisation militaire aux gens des métier. Plusieurs métiers ont obtenus leur exemption de guet, comme c'est le cas des orfèvres: ligne 16: «les orfèvres de Paris sont quittes du guet». Les couteliers cependant n'en sont pas exempts, ce qui montre bien encore une fois que certains métiers, notamment ceux de luxe, possèdent des avantages. L'impôt, qui pèse véritablement sur chaque habitant, est une preuve du favoritisme qui existe en ce qui concerne certains corps de métier. [...]
[...] Les règlementations concernant le métier d'orfèvre sont donc plus exigeantes pour son accession, pour la qualité du travail demandée, mais en contrepartie, ils sont exempts de certaines taxes et de certaines obligations (comme le guet). Cependant, nous avons pu voir que l'organisation de ces deux métiers reste quand même semblable malgré les avantages accordés à l'un d'eux. Nous pouvons donc dire que les métiers parisiens à cette époque sont régis de la même manière, et ce n'est que dans leur fonctionnement qu'ils diffèrent. [...]
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