Sous l'ancien régime, le mariage représente une norme sociale unifiant légitimement deux individus, à la fois dans le cadre de la loi et dans le cadre religieux. L'étude de la nuptialité à l'époque moderne présente des intérêts essentiels pour la démographie historique en ce que les sources qui lui sont relatives permettent de mettre en évidence des habitudes, des normes, qui régissent les comportements démographiques de la population française à cette époque.
Nous avons ici trois documents de nature différente : un calendrier, un extrait théâtral et un acte de mariage. Le premier document dont il est question est un calendrier agro-liturgique traditionnel illustré par F. Lebrun et R. Neveu dans Sociétés villageoises et rapports villes-campagnes au Québec et dans la France de l'Ouest, et présentant les différentes mois de l'année auxquels correspondent des périodes de travaux agricoles, mais également des fêtes religieuses. Le second document est une source littéraire : il s'agit d'un extrait de la première scène de la pièce de théâtre Georges Dandin de Molière, créée en 1668. On ne peut pas nier que la littérature, en tout cas ici, constitue une source très importante pour les historiens, qu'il faut cela dit appréhender avec recul. On peut y déceler des éléments relatifs à la mentalité de l'époque : Georges Dandin, riche paysan, épouse une noble et semble malheureux. Enfin, le dernier document est une des sources majeures pour l'étude de la nuptialité : il s'agit d'un acte de mariage d'Eure et Loir de 1737. Les actes de mariage, appartenant à la catégorie des registres paroissiaux en ce qu'ils sont tenus par un prêtre et qu'ils sont à l'origine d'un sacrement chrétien, se généralisent à partir de la fin du XVIIè et début du XVIIIè siècles et constituent d'abondantes sources d'informations, aussi bien sur le mariage lui-même que sur l'étude des familles.
Le fait de croiser ces différents documents s'avère intéressant et nous amène à réfléchir aux différents « cadres » de contrôle du mariage et à leur juxtaposition. Quelles sont les normes à la fois sociales et religieuses, rythmant le mariage, auxquelles les individus, selon leur classe, doivent se plier, créant ainsi des cadres plus au moins stricts à celui-ci ? (...)
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