Le XVIIIe siècle voit l'émergence d'un mouvement tant culturel, littéraire, philosophique et intellectuel que scientifique. Ce mouvement est qualifié de mouvement des Lumières par opposition à l'obscurantisme clérical. Ce courant révolutionnaire européen met à mal les institutions fondamentales et fondatrices de l'Ancien Régime, à savoir les dogmes religieux pour la plus grande partie. De cette opposition naîtra une remise en cause d'un Dieu créateur et omnipotent, d'un destin et d'une fatalité. En dignes héritiers des humanistes de la Renaissance, les intellectuels des Lumières placent l'Homme au centre de toute chose et lui permettent de prendre conscience de son libre-arbitre devenu inhérent à la condition humaine. Ces affirmations subversives prennent naissance dans un contexte absolutiste propice à la contestation intellectuelle : l'omnipotence de l'Eglise, les méfaits de la concentration des pouvoirs dans les mains d'un souverain.
Autant de facteurs conduisant à la formation d'un courant contestataire. Principal adversaire de ces apologistes de la liberté, du bonheur et de la raison, les Eglises. Plus que la Religion elle-même, c'est davantage le médiateur qui se trouve vilipendé. Par les Eglises chrétiennes, nous entendons l'Eglise apostolique catholique romaine, principalement présente en France, Espagne et Autriche. L'Eglise protestante incluant l'Eglise luthérienne, calviniste et anglicane surtout en Angleterre et en Europe centrale. Enfin, l'Eglise orthodoxe. Cependant nous nous en tiendrons aux deux premières contenues de leur primauté quantitative et géographique. Nous nous proposons donc d'étudier le rapport entre ce courant subversif que sont Les Lumières et les Eglises européennes. D'où notre interrogation : quels furent l'impact et les conséquences de la philosophie des Lumières sur les Eglises chrétiennes ?
[...] Alors que, dans le schéma théologique, qui est encore celui de Descartes ou de Spinoza, l'absolu divin est un universel donné au départ par rapport à quoi le fini humain est relatif, dans la pensée éclairée, c'est la finitude qui est à l'origine et au fondement, l'absolu devenant une simple représentation du fini. Le fini devient absolu et le divin devient relatif. Bouleversement phénoménal qui entraîne avec lui l'idée d'universel qui devient désormais un horizon à atteindre. De divin, l'universel se fait humain : c'est désormais ce qui vaut pour tous les hommes. III- Les Lumières contre les Eglises chrétiennes Les Lumières contre l'intolérance de l'Eglise Dans l'Europe du XVIIIème siècle, la question religieuse reste un sujet brûlant. [...]
[...] Finalement, Muratori propose une réforme modérée de l'Église, sans la rejeter. Les idées des Lumières sont donc compatibles avec la religion selon la vision de Muratori. Ces idées se développent tout au long du siècle pour aboutir, en 1786, au synode de Pistoïa, où se réunissent les évêques de Toscane. Ce qui nous intéresse ici est de voir les mesures prises par ce synode qui sont influencées par les idées des Lumières. D'abord, les offices religieux doivent se faire en langue vulgaire pour être compris par la majorité des fidèles. [...]
[...] Un constat à nuancer Les Lumières françaises étaient très anticléricales, à l'image de Voltaire par exemple. Mais il convient de nuancer cette opposition manichéenne entre Lumières et Eglise, ne serait-ce que parce que les Lumières, mouvement européen, ne peuvent se limiter à la France. Les deux, parfois, ont très bien su se concilier. L'opposition entre religion et Lumières a porté sur plusieurs points : à la superstition, les Lumières objectaient la raison, à la prière, l'utilité, à l'obéissance aux dogmes et à l'autorité de la Bible et de l'Église, le jugement personnel. [...]
[...] La recherche de la vérité devait se poursuivre dorénavant par l'observation de la nature plutôt que par l'étude de sources autorisées telles que la Bible. S'ils voyaient dans l'Église, et en particulier dans l'Église catholique romaine, la principale force qui avait tenu l'esprit humain dans l'esclavage par le passé, la plupart des penseurs des Lumières ne renoncèrent pas complètement à la religion. Ils adoptèrent plutôt, comme nous l'avons vu précédemment, une forme de déisme, acceptant l'existence de Dieu et d'un au-delà, mais rejetant les mystères de la théologie chrétienne. [...]
[...] Ainsi, avec les Lumières, le regard intellectuel se détourne du ciel au profit du monde concret des hommes et des choses. Les dogmes et les vérités révélées sont rejetés. Les Lumières refusent la prétention de la religion à tout expliquer, à fournir les raisons ultimes. Elles veulent alors distinguer entre les différentes sphères de la réalité: le naturel, le politique, le domestique, le religieux, chacun ayant son domaine de pertinence et ses lois, chacun exigeant des savoirs et des méthodes de connaissance différents. En ce sens, les Lumières sont laïques. [...]
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