La monarchie absolue en France s'est toujours appuyée sur une sacralisation de la personne royale : le roi tire sa légitimité directement de Dieu. Mais que veut dire sacré ? Au contact de l'être sacré à savoir le roi, l'homme religieux fait l'expérience d'une transcendance. Le sacré, c'est un domaine ou ensemble de réalités (êtres, choses, lieux et moments) séparées du monde ordinaire et dans lesquels se manifestent une puissance jugée supérieure que l'on peut donc aborder qu'avec précaution, c'est-à-dire rituellement. Louis XVI arrive au pouvoir en 1774, et meurt décapité en janvier 1793. Il est communément admis qu'il est le monarque qu'on associe souvent au processus de désacralisation de la personne royale.
Quels rapports entretiennent cependant entre eux la personne de Louis XVI, le contexte des Lumières et à la fin, le climat révolutionnaire, dans le processus complexe de désacralisation royale? Ce phénomène n'est-il pas contrebalancé par la relative persistance d'une forme de sacralité ?
[...] C'est la fonction des discours publiés et des festivités organisées autour du sacre que de transformer en amour le droit créé par les cérémonies". On comprend bien désormais l'importance de telles irrégularités. Mais la désacralisation du roi qui s'amorce depuis le début du XVIIIe ne signifie pas forcément un renversement du roi. Montesquieu ni Diderot ne l'envisagent, ils voient plutôt un despotisme éclairé. Quelle sont donc les particularités de la désacralisation de Louis XVI, et peut-on leur faire porter la responsabilité de sa déchéance? [...]
[...] Pourtant, le renoncement à la sacralité royale n'a pas été facile et immédiat du point de vue de la monarchie: Louis XVIII par exemple a tenté de le restaurer en exhumant Louis XVI pour le déplacer au cimetière de la Madeleine, lieu d'expiation. Plus tard, pour le sacre de Charles une discussion fut lancée pour le rétablissement du toucher aux écrouelles ; il touchera en effet. [...]
[...] Elle marque une véritable rupture, un point de non-retour, de désacralisation brutale. Le corps physique du roi est maintenant attaqué. Cet épisode génère plus de 300 estampes, mais au-delà de leur nombre, c'est leur message qui change : pour reprendre les mots d'Annie Duprat : le roi devient un monstre zoomorphisé : La famille des choix, l'entrée franche, vous m'avez connu trop tard. Du roi-père au roi porc. Entre juin 1791 et juin 1792, quand le roi devient porc, le roi-père meurt dit Antoine de Baecque. [...]
[...] Parallèlement à ces mutations profondes et essentielles de la considération du sacré, la contestation du droit divin joue un rôle prépondérant. Si aucun roi n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres (Diderot), si l'on refuse de penser qu'il est l'envoyé de Dieu, alors que demeure-t-il de son caractère sacré? On voit bien que la contestation des Lumières joue en la faveur de la désacralisation du roi. La désacralisation prend un autre visage : un roi simplet, timide et impuissant La désacralisation de Louis XVI existe d'abord sous un visage de popularité. [...]
[...] peut-on y lire. Alors qu'il perd progressivement son pouvoir : la prise de la Bastille (14 juillet 1789), la marche sur Versailles octobre 1789), son transfert vers Paris, alors qu'on ne l'appelle plus roi de France mais roi des Français le roi reste pendant les deux premières années de la Révolution (relativement et de moins en moins) épargné, voire aimé. En fait, les railleries, les caricatures sont principalement dirigées contre le clergé et la noblesse (les privilégiés) : Le géant Iscariotte aristocrate Cette popularité importante est-elle liée au caractère sacré que conserve le Roi ? [...]
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