Lorsque l'on évoque la Révolution, mythe fondateur aussi bien en termes économiques que sociaux du pays tel qu'il est aujourd'hui, il est étonnant de constater que Louis XVI est absent ou du moins relégué au second plan du Panthéon des personnages-clé de cette période si importante de l'histoire de France, Robespierre, Saint-Just et autres révolutionnaires étant eux par contre cités à l'envi. Ainsi, tout se passe comme si Louis XVI n'avait joué qu'un rôle mineur dans cette épopée, et qu'œuvrer à sa postérité n'ait pas semblé et ne semble toujours pas digne d'intérêt.
Quand par hasard le Roi est évoqué, il est alors encore plus surprenant de voir à quel point la description qu'il en est fait semble caricaturale ; en effet, il paraît impossible que le corps et l'esprit d'un être humain soient parvenus à rassembler une pareille quantité de défauts épouvantables : Louis XVI aurait été très ignorant, rude, grossier, sans éducation, sans curiosité, faible, ivrogne, sale, ventripotent, impuissant, cocu etc., sorte de repoussoir en puissance largement responsable, par sa façon de gouverner, des malheurs de son peuple, et donc, plus tard, de la Révolution qui allait lui faire perdre la vie.
Pourtant, est-il possible d'imaginer que pareil être ait pu devenir Roi de France, sachant l'éducation réservée aux enfants royaux à l'époque ? N'y a-t-il pas, dans l'Histoire, des preuves de la dimension caricaturale d'un tel portrait ? Quelle est, à l'inverse, la part de vérité d'une telle description ? Pourquoi, comment et par qui la si défavorable postérité de Louis XVI a-t-elle vu le jour ?
Il convient donc de rétablir la vérité sur Louis XVI ; car comme l'a dit Paul Giraul de Coursac, ‘la vie d'un homme est une œuvre, et on n'étudie pas une œuvre par ouï-dire ; c'est pourtant ce qu'on a fait pour Louis XVI'. Alors, qui était-il ? Le Roi Bonasson de la légende, despote niais et ventripotent, ou bien un roi intelligent et éclairé, mais indécis et mal entouré ? Où se situe la part de responsabilité de Louis XVI dans les événements révolutionnaires ? Est-il un juste coupable ou bien une victime condamnée à tort par les Révolutionnaires ?
Afin de répondre à ces interrogations, je vais donc m'attacher, au fil de cette étude, à mettre en évidence la véritable personnalité du Roi Louis XVI, ainsi qu'à déterminer la nature de son rôle, direct ou indirect, dans la naissance puis le déroulement – incontrôlé ? – des événements révolutionnaires.
Ainsi, dans une première partie, nous étudierons l'enfance et l'éducation du jeune Duc de Berry, et ce afin de déterminer autant que cela est possible quelle est la nature véritable de son caractère et de sa personnalité alors qu'il monte sur le trône.
Puis, dans une deuxième partie, nous verrons comment Louis XVI, dans les premières années de son règne, sut se montrer un roi ouvert, vertueux et généreux, et plus moderne qu'il n'y paraît a posteriori.
Enfin, dans une dernière partie, nous verrons dans quelle mesure ses erreurs, comparées aux traîtrises de son entourage, ne jouèrent au final qu'un rôle minime dans le déclanchement et l'accomplissement des actes révolutionnaires, et comment il tenta vainement de maintenir entre ses mains le contrôle de la situation.
[...] Pour autant, les premières années du règne de Louis XVI ne furent pas marquées par un expansionnisme particulier, ni par une véritable politique de redressement économique quelconque. De telles mesures en effet auraient fatalement affaibli le peuple, ce que le Roi, fidèle aux principes de son père, se refusait absolument à cautionner. Tout au contraire, Louis XVI s'attachait donc à mériter la réputation de son grand-père. Pour ce faire, il mena ce que l'on appellerait aujourd'hui une politique ‘sociale', d'un grand modernisme pour l'époque. [...]
[...] Inimaginable ! Le Roi leur apparut comme un tyran et leur réaction, frondeuse, ne se fit pas attendre : les privilégiés publièrent en mai 1788 une Déclaration des lois fondamentales du royaume rappelant que le vote de l'impôt appartient aux Etats généraux et que les privilèges sont inviolables ; devant cette rébellion, le chancelier Lamoignon décide une réforme qui diminue les pouvoirs du Parlements : les privilégiés organisent alors la résistance en déclanchant en province des manifestations de rues qui tournent vite à l'insurrection (les troubles les plus graves ont lieu en Dauphiné en juin et juillet 1788 : réunie à Vizille, une assemblée des 3 ordres du Dauphiné décide la grève de l'impôt et réclame la convocation d'Etats généraux). [...]
[...] Il convient donc de rétablir la vérité sur Louis XVI ; car comme l'a dit Paul Giraul de Coursac, vie d'un homme est une œuvre, et on n'étudie pas une œuvre par ouï-dire ; c'est pourtant ce qu'on a fait pour Louis XVI'. Alors, qui était-il ? Le Roi Bonasson de la légende, despote niais et ventripotent, ou bien un roi intelligent et éclairé, mais indécis et mal entouré ? Où se situe la part de responsabilité de Louis XVI dans les événements révolutionnaires ? Est-il un juste coupable ou bien une victime condamnée à tort par les Révolutionnaires ? [...]
[...] Je ferai le Roi de Prusse prisonnier. Je ferai tout ce que je voudrai. Pourquoi ne suis-je pas né Dieu ?' A côté de cet enfant solaire duquel on espère tant, le Duc de Berry fait bien pâle figure. De santé fragile (il est sujet aux infections pulmonaires), malingre et efflanqué, il est plus timide et renfermé qu'aucun de ses frères, trait de caractère d'autant plus marqué qu'interdit de par son rang de porter des lunettes, il est contraint par la médiocrité de sa vue à demeurer perpétuellement dans un monde flou ; ainsi, lors d'une fête donné à St Cyr en l'honneur des enfants de France, handicapé par sa vue basse, il se fait bousculer par des volailles qu'il était censé attraper, et aucun des adultes présents, trop occupés à regarder les exploits du Duc de Bourgogne, ne vient à son secours Tout le monde néanmoins s'accorde à lui reconnaître son bon cœur, sa docilité et sa bonté. [...]
[...] Roi très chrétien de par son titre, Louis XVI l'est également par conviction, satisfaisant en cela aux exigences de son père qui avait voulu pour lui et ses frères une éducation dévote. Aussi se méfie-t-il de la décadence affectant son royaume. Car à cette époque, la France lui apparaît menacée par les périls d'un esprit de débauche : idées philosophiques méprisant ouvertement le pouvoir en place, luttes de pouvoir et d'influence au sein de la noblesse qui développe un esprit frondeur, rêve du Parlement de se voir souverain Louis XVI pour régner a besoin d'appuis sûrs ; or le système et les traditions en place ne paraissent pouvoir lui en offrir aucun. [...]
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