Le XVIIIe siècle est en France le siècle de Lumières, et par là même de l'anglophilie. Les philosophes des Lumières, avec à leur tête Montesquieu et Voltaire, font en effet l'éloge du système politique britannique, qu'ils pensent en parfaite adéquation avec leur idéal de liberté. On fait généralement remonter cette situation à la Glorious Revolution de 1688.
Au cours de cette révolution, le roi Jacques II, dont la mainmise sur l'administration locale inquiétait la population, est renversé par Guillaume d'Orange, champion européen du protestantisme, qui en débarquant sur le Devon réclama la défense des droits du parlement et des protestants. Le roi trouva refuge auprès de Louis XIV, et la couronne fut offerte à Guillaume et son épouse Marie par un « parlement convention », qui l'assortit d'une déclaration, le Bill of Rights.
Ce qui nous intéresse dans ce travail est d'analyser l'éloge qu'en ont fait les philosophes du XVIIIe siècle, prenant l'Angleterre comme un modèle politique. On pourrait se demander s'ils n'ont pas en quelque sorte « exagéré » les choses, faisant de ce pays un mythe politique.
[...] Elles s'inscrivent dans l'histoire et la révolution de 1688 n'est qu'une restauration de ces libertés anciennes Ce qui nous intéresse est l'éloge qu'en ont fait les philosophes du 18e siècle, prenant l'Angleterre comme un modèle politique, et on pourrait se demander s'ils n'ont pas en quelque sorte exagéré les choses, faisant de ce pays un mythe politique. Nous étudierons alors d'abord ces libertés anglaises, qui passent donc par la séparation des pouvoirs et l'affirmation du parlementarisme, pour voir ensuite si on ne peut pas les nuancer, pour en dresser un tableau peut-être plus objectif que celui de Voltaire ou de Montesquieu. [...]
[...] L'Angleterre, ou les libertés Plus que le Bill of Right, c'est la pratique institutionnelle sous Guillaume II (roi de 1689 à 1702) et Anne (reine de 1702 à 1714) qui permit au parlement d'affirmer ses pouvoirs. Les 2 premiers Hanovre, George 1er et George II, se conformèrent à leur rôle de monarque constitutionnel ne parlant même pas anglais et laissant alors au parlement une importance grandissante (le conseil devait même délibérer seul lorsque le roi retournait dans son pays natal, ce qui se produisait souvent). [...]
[...] l'exigence de la morale en politique n'y trouvait pas son compte (il suffisait d'avoir assez d'argent pour corrompre un membre des services publics, alors que pour le même résultat en France il fallait des relations à la cour). Root dit : la corruption est déstabilisatrice et destructrice de la capacité même de gouverner Si en France l'Angleterre est l'incarnation même des Lumières, on ne l'envisage pas ainsi au sein même du pays, comme le montre l'émergence du courant radicaliste. Il est né à la suite du conflit américain, à l'issu duquel les colonies proclamèrent leur indépendance (ne supportant plus les impôts levés arbitrairement par Londres). [...]
[...] Conclusion Pour conclure, l'éloge de l'Angleterre et de ses libertés fait par les philosophes des lumières au 18e siècle fut le point de départ d'une comparaison politique durable, qui opposait ce régime au français de façon presque manichéenne. Ce rapport pourrait alors apparaitre comme un mythe politique, mais ce terme n'est cependant peut-être pas le plus adapté dans le sens ou l'avance de l'Angleterre en matière de liberté restait malgré tout une réalité. Voltaire et Montesquieu eux-mêmes savaient sans doute que leur éloge manquait d'une certaine nuance, mais il était plutôt là à titre de comparaison avec la France, appuyant la critique de leur propre régime sans chercher à rentrer dans les détails quant à celui de leurs voisins anglais. [...]
[...] Mais les philosophes français firent également l'éloge de la liberté d'opinion, pourrait-on dire la liberté de penser (sans vouloir utiliser une formule un peu trop à la mode), comme l'exprime un article de l'encyclopédie, portant sur l' autorité politique et ayant été rédigé par Diderot lui-même. Il y critique le fait qu'en France, les sujets se donnent entièrement et sans réserve au roi, ne sachant mesurer leur respect et apparaissant presque comme dénués d'autres pensées que celles caractérisant leur admiration pour le monarque (ce qu'il interprète même comme un crime de lèse-majesté envers Dieu), alors qu'il faudrait témoigner au roi des marques de respect, la subordination étant utile pour le maintient de la société mais en laissant son esprit libre de toute idolâtrie, ayant des opinions et des pensées libres. [...]
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