Charles de Brosses, Comte de Tournai et Baron de Montfalcon nait le 7 février 1709 à Dijon, capitale de la province de Bourgogne. Il vient d'une famille noble qui a toujours occupé de hautes responsabilités dans l'administration bourguignonne. Son père était effectivement Conseiller au Parlement de Bourgogne. De Brosses fait sa scolarité chez les Jésuites et fréquentera avec Buffon (1707-1788) le collège des Godrans à Dijon. Il suit en 1722 des études de droit à l'université de Dijon et dès 1730, alors qu'il n'est âgé que de 21 ans, il devient tout comme son père avant lui, Conseiller parlementaire à Dijon. Il se consacre pendant les neuf années suivantes à sa charge de magistrat et à des études philologiques et humanistes. Il écrira ainsi un Traité de la mécanique des langues en 1765 que l'on considérera comme l'un de ses écrits les plus importants. Alors que les voyages lettrés sont en vogue au XVIIIe siècle, de Brosses part lui aussi en Italie entre mai 1739 et avril 1740. Il séjournera notamment à Rome du mois de décembre 1739 jusqu'au mois de mars 1740. De ce séjour romain résultera une vingtaine de lettres qui prendront part au corpus des Lettres d'Italie que de Brosses réunira en 1755 et seulement pour le compte de ses amis. Il faudra attendre 1799 pour avoir la première édition imprimée des Lettres familières. A son retour à Dijon, il devient Président à mortier en 1741. Il mourut à Paris en 1777.
[...] Le voyage lettré au XVIIIe siècle, dont Charles de Brosses prend part avec ses Lettres familières d'Italie, s'inscrit dans le courant humaniste du siècle dans le sens où le voyage va servir d'expérience aux érudits afin d'élargir leurs connaissances, mais également donner lieu à des échanges culturels entre les différentes nationalités. L'Italie semble être à l'époque la plaque tournante de ce cosmopolitisme. Nombreux seront les hommes qui partiront en Italie au XVIIIe siècle, tel Montesqieu entre 1728 et 1729. Toutefois, il faut rappeler que cette tradition existe dès le XVIIe siècle avec notamment le voyage de Misson qui sera LA source privilégiée pour les voyageurs du XVIIIe siècle. [...]
[...] Des recherches philologiques sur les textes de Salluste lui servent de prétexte pour effectuer ce voyage. Il semblerait toutefois qu'il s'agisse d'un voyage de prestige qui le mènerait aux sources de l'Antiquité et de l'humanisme. Il est loin d'être le premier à effectuer ce voyage et d'en rendre compte par écrit. En effet, dès le XVIIe siècle, des érudits voyagent déjà en Italie à l'image de Maximilien Misson qui séjournera en Italie en 1688 et dont résultera son nouveau voyage d'Italie écrit entre 1691 et 1698. [...]
[...] Le problème reste celui de l'écart possible entre les découvertes du voyageur et les modèles dont il est porteur, c'est-à-dire que le voyage se construit en suivant des traditions, des itinéraires tracés d'avance. On a une opposition entre la réalité et les idées préconçues. La plupart des voyages lettrés laissent transparaitre l'admiration de son auteur, mais chez de Brosses même si l'on ressent sa passion notamment dans la description de son entrée à Rome, il n'hésite pas à critiquer la ville et à pointer du doigt ce qui ne va pas pour lui. Le voyage a alors une dimension expérimentale et permet d'élargir son champ de connaissances. [...]
[...] Il privilégie la connaissance par l'expérience et surtout par l'observation. BIBLIOGRAPHIE Brosses, Charles de Juin Hubert, Voyage en Italie : 1739-1740, Paris , Livre Club de Libraire HARDER Hermann, Le président de Brosses et le voyage en Italie au XVIIIe siècle, Genève [Paris] , Slatkine LEONI Sylviane, Charles de Brosses et le voyage lettré au XVIIIe siècle, Dijon , Ed. universitaires de Dijon DE SOCIO, Giuseppe - GRAZIADEI, Vittorio, Le président de Brosses et l'Italie : étude historique littéraire, Roma , P. Maglione & c. Strini Paris , A. [...]
[...] En employant ces différentes sources, de Brosses participe activement à un débat sur l'art qui se déroule à la fois dans le temps puisqu'il accueille et discute les théories du XVIIe et du XVIIIe siècle, mais aussi à travers l'espace puisqu'il compare les opinions des critiques italiens avec celles des critiques français et y ajoute en prime sa propre contribution. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le XVIIIe siècle n'est autre que le Siècle des Lumières et on peut alors se demander si les voyages lettrés n'ont pas permis la diffusion du courant humaniste. En effet, le voyage est une source de la philosophie de par ses vertus pédagogiques. [...]
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