Jules Ferry, 1881, Jean Macé, Paul Bert, éducation, école, France, République, enseignement, alphabétisation
La Constitution française du 4 octobre 1958 déclare que « l'organisation de l'enseignement public obligatoire gratuit et laïc à tous les degrés est un devoir de l'État ». Nous devons cette conception de l‘instruction publique à un homme politique célèbre de la troisième République : Jules Ferry.
Le 10 avril 1870 à Paris, celui-ci déclame : « Je me suis fait serment : entre toutes les nécessités du temps présent, entre tous les problèmes, j‘en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j‘ai d‘intelligence, tout ce que j‘ai d‘âme, de cœur, de puissance physique et morale, c‘est le problème de l‘éducation du peuple. » Dans cette promesse transparaît la folie géniale de l‘homme qui a posé les bases de l‘enseignement public français actuel, une ambition extrême : celle d‘apprendre à lire à un peuple encore majoritairement analphabète. Il ne cessera de chercher à mettre en œuvre son projet, deviendra ministre de l‘instruction publique (et des beaux arts) du gouvernement Grévy en 1879 (et ce jusqu‘en 1883), pour aboutir en 1881-1882, aux fameuses lois Ferry. Ces dernières instaurent finalement et définitivement l‘école gratuite, obligatoire et laïque dans toute la France. C‘est d‘ailleurs de ces lois que l‘homme tire sa notoriété, dès lors considéré par beaucoup comme « l‘homme ayant appris à lire aux Français ».
Pourtant, n‘est-ce pas là un abus historique, au même sens où l‘on peut faire des abus de langage ? Jules Ferry est-il vraiment celui qui a appris à lire aux Français, était-il le seul à œuvrer dans ce sens à cette époque ? Y a-t-il une réelle rupture entre l‘éducation des Français avant les lois Ferry et après celles-ci, ou ces lois s‘inscrivent-elles dans la continuité du processus d‘alphabétisation de la nation ? Aussi, peut-on vraiment dire que Jules Ferry a appris à lire à tous les Français ?
Les lois Ferry, dont le nom laisse oublier que J. Ferry n‘était pas le seul initiateur, semblent en fait s‘inscrire dans un processus ancien d‘alphabétisation du peuple. Malgré quelques limites dans l‘apport de ces lois, il est impossible de nier les bouleversements qu‘elles représentent de par leur profondeur.
[...] Le projet est cependant vite abandonné. Tout au long du XIX°s l'enseignement public se développe : Avec d'abord Napoléon qui instaure l'institution scolaire autonome pour secondaire et supérieur (développement de l'université). Monarchie de Juillet : 28 Juin 1833 : loi Guizot établit la liberté de l'enseignement primaire: « l'instruction primaire est privée ou publique » + impose une école primaire de garçons par commune de plus de 500 habitants et départements doivent entretenir une école normale pour la formation des instituteurs. [...]
[...] Jules Ferry est-il vraiment celui qui a appris à lire aux Français, était-il le seul à œuvrer dans ce sens à cette époque ? Y a-t-il une réelle rupture entre l'éducation des Français avant les lois Ferry et après celles-ci, ou ces lois s'inscrivent-elles dans la continuité du processus d'alphabétisation de la nation ? Aussi, peut-on vraiment dire que Jules Ferry a appris à lire à tous les Français ? Les lois Ferry, dont le nom laisse oublier que J. Ferry n'était pas le seul initiateur, semblent en fait s'inscrire dans un processus ancien d'alphabétisation du peuple. [...]
[...] Les lois Ferry sont l'œuvre de plusieurs hommes, au cœur d'un processus d'alphabétisation de la nation. Les Français s'alphabétisent depuis la Révolution. Quelques chiffres 1832 : taux global de fréquentation scolaire de 59% pour garçons pour filles) Coût, nature et durée de l'instruction des collèges éloignaient environ 98% des garçons de 10 à 19 ans (filles dans établissements spécialisés où enseigne surtout la bonne éducation). Déjà bourses d'Etat mais très peu et très difficilement accessibles aux classes moyennes. Alphabétisation passe de 30% en 1830 à 90% en 1890, gagnant 10% tous les 10 ans (donc pourcentage pas dû aux lois Ferry seulement), et en effaçant les disparités régionales et les inégalités dues au sexe ou à la religion. [...]
[...] Conclusion : Jules Ferry a marqué les esprits comme celui qui a posé clairement les caractéristiques fondamentales de l'école républicaine. L'obligation et la gratuité scolaire ont permis une alphabétisation populaire plus rapide que le processus déjà entamé ne l'avait laissé espérer. Mais c'est fondamentalement la laïcité qui se distingue par son originalité : tandis que l'école s'ouvrait déjà petit à petit à un public plus large, l'Eglise tenait toujours dans l'enseignement une place prépondérante. Laïciser l'école a permis d'y transmettre les valeurs républicaines et citoyennes plutôt que religieuses. [...]
[...] Jules Ferry a malgré tout beaucoup de mal à imposer ces lois, il est alors loin de la notoriété qu'il connaît aujourd'hui : il déclenche une véritable « guerre scolaire », les ruraux s'installant en ville doivent faire face à d'énormes pressions de la part du clergé quand il s'agit de mettre les enfants à l'école car devenue laïque. Heureusement, dans ce combat, Jules Ferry n'est pas seul et son nom a effacé celui de deux hommes parmi d'autres qui l'ont beaucoup soutenus : Jean Macé et Paul Bert. Paul Bert et Jean Macé accompagnent Jules Ferry. [...]
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