Cette série « d'avis » extraite du journal Le Négociant est une source de premier ordre pour l'étude du commerce maritime au XVIIIème siècle. Ce journal hebdomadaire témoigne de l'impact et de l'intérêt que peut avoir le commerce maritime à l'intérieur des terres du Royaume de France. Cette feuille périodique sur le commerce est très récente puisque, publiée pour la seconde fois le « lundi 22 mars 1762 ». En 1762 la France mais aussi ses alliés : l'Autriche et la Russie sont alors en guerre contre les Anglais et les Prussiens depuis six ans. Cette guerre, appelée Guerre de Sept Ans ne se terminera qu'en 1763 et se solde par une défaite française. On peut alors se demander si les tensions entre les pays ne vont pas nuire au commerce maritime français. Le document témoigne au contraire de l'activité importante des ports de commerce en France.
L'auteur de ce document n'est pas précisé sans doute parce que les différents articles émanent de divers journalistes. Nous ne possédons pas plus le nom du propriétaire du journal. Seul le nom de l'imprimerie figure dans les sources. Il s'agit cependant d'un journal parisien car il est précisé, dans un des avis, que le bureau central du journal se trouve à Paris, ce qui ne l‘empêche pas d'avoir des antennes dans les provinces où se trouvent les ports.
Ce document se divise en six avis concernant respectivement les trois ports du Havre, de Rouen, et de Nantes. Le texte est précédé d'une note introductive spécifiant les modalités de publication du journal (celui-ci étant nouveau).
La première partie du texte concerne le port du Havre. Le journal dresse tout d'abord un inventaire des cargaisons de quatre navires à quai au port du Havre (l. 8 à15). Il s'agit ici d'une forme d' « annonce » pour un chargement à venir qui cherche à attirer des acheteurs potentiels.
Le second article (l.16 à 32) fait part d'une vente officielle de la cargaison d'un navire anglais et des matériaux qui le composent. Ce vaisseau pris par un corsaire français sera vendu aux enchères et la vente sera organisée par des officiers de l'Amirauté du Havre.
Le deuxième article concerne le port de Rouen, ses armements de navires et les marchandises qu'il reçoit depuis les colonies (la ligne 33 à 45). Contrairement aux quatre navires du Havre que l'on annonçait et attendait, il s'agit ici d'un seul navire, parti un mois plus tôt et pour lequel on cherche à attirer rétrospectivement des investisseurs. Il s'agit dans le cas du navire « les Amis » d'inciter les actionnaires à investir dans son armement. Le journal continue son tour des ports de commerce de la côte atlantique en descendant vers le sud et en s'arrêtant à Nantes (lignes 46 à 75). Dès lors le journal rend compte numériquement des cours et des spéculations qui se jouent dans les différents ports de commerce. Les avis établissent non seulement le cours des marchandises du port de Nantes mais aussi, le cours des assurances (de la ligne 76 jusqu'à la ligne 89) et enfin le prix du fret (ligne 94 à 102). Les lignes 90 à 93 avisent les actionnaires potentiels de l'armement de plusieurs navires dans l'arsenal de Nantes et de Lorient. Cette énumération montre bien que Nantes est le premier port de France pour le commerce à cette époque puisque c'est à partir de ces cours que s'équilibre le commerce portuaire français.
La parution même de cette publication consacrée à l'activité marchande des ports français est révélatrice de l'essor et de l'épanouissement du commerce maritime en France malgré l'engagement du Royaume dans la guerre.
[...] Alors se créent des sociétés privilégiées, autorisées par décret, qui prennent en charge le commerce des assurances. Les décrets d'institution visent tous la nécessité de protéger l'assuré contre la faillite de l'assureur. Après la parution de l'ordonnance de Colbert de 1681, un édit du 21 mai 1686 donna privilège à une seule compagnie appelée Chambre générale d'assurance, crée avec un fonds social de livres. Cette Chambre fut autorisée pour six ans. On sait qu'elle dura peu de temps, mais qu'il s'en forma d'autres. [...]
[...] Dans les ports se côtoie donc toute la société maritime. Il existait certes des hiérarchies entre les ports concernant leur fréquentation mais il n'y avait pas, comme aujourd'hui des ports spécialisés dans l'activité marchande ou dans l'activité militaire ou industrielle. Les ports sont aussi des arsenaux : on y vend, on y construit, on y arme toutes sortes de bateaux. Navires en armement» : les navires de pêche côtoient les vaisseaux engagés dans la guerre. On peut imaginer que les ports étaient des lieux privilégiés pour recruter les matelots qui pratiquaient le commerce de la pêche. [...]
[...] Rouen était une ville très commerçante et relativement enfoncée dans les terres ce qui lui offrait un bon débouché pour les denrées coloniales et lui permettait d'exporter beaucoup de marchandises (textile, produits régionaux . ) de Nantes Le port de Nantes compte le plus grand nombre de navires marchands. Son hinterland s'étend jusqu'en Provence. Les bâtiments armés pour le commerce de la Côte d'Afrique et des Antilles y acheminaient du café, du coton, du cacao et du sucre de canne destiné aux raffineries qui constituaient déjà une grande industrie locale. D'autres bâtiments transportaient directement aux Antilles les produits manufacturés. [...]
[...] Plusieurs barils de teinture apprêtée bûches de bois de teinture. Plusieurs paniers de verreries, comme verres à vin, à liqueur, gobelets, moutardiers, fioles, petites lampes, etc. Il sera ensuite procédé à la vente dudit navire avec tous ses agrès, le tout en tel état que se trouveront les marchandises, navire, agrès et ustensiles lors de la livraison, sans aucune garantie ni répétition contre les vendeurs, et aux clauses et conditions qui seront expliquées lors de la vente. De Rouen. Le navire les Amis, capitaine Simon Grenier, armé à Cherbourg pour le compte de divers négociants de Rouen, est parti dudit port le 26 février dernier pour le Cap François, côte de Saint-Domingue, avec une cargaison de marchandises propres pour les colonies. [...]
[...] On peut alors se demander si les tensions entre les pays ne vont pas nuire au commerce maritime français. Le document témoigne au contraire de l'activité importante des ports de commerce en France. L'auteur de ce document n'est pas précisé sans doute parce que les différents articles émanent de divers journalistes. Nous ne possédons pas plus le nom du propriétaire du journal. Seul le nom de l'imprimerie figure dans les sources. Il s'agit cependant d'un journal parisien car il est précisé, dans un des avis, que le bureau central du journal se trouve à Paris, ce qui ne l‘empêche pas d'avoir des antennes dans les provinces où se trouvent les ports. [...]
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