Eminent personnage de la révolution 'puritaine', John Milton fut très tôt un écrivain engagé. Il mit d'abord sa plume au service des presbytériens et devint plus tard le défenseur de la République. Il s'attaqua en premier lieu à l'institution de l'épiscopat, plaidant pour un retour à l'esprit originel de la Réforme. Dans cette perspective, il publia De la Réforme touchant à la discipline de l'Église (Of Reformation Touching Church Discipline in England), puis La Raison du Gouvernement de l'Église Contre les Prélats (The Reason of Church Government Urged Against Prelaty), alors que les premiers soubresauts révolutionnaires se faisaient sentir. Il s'attaqua par la suite à des questions plus personnelles et sociales avec la Doctrine et la Discipline du Divorce (The Doctrine and Discipline of Divorce), ainsi que le célèbre Areopagitica, un plaidoyer pour la liberté de la presse. Milton y réclamait plus de tolérance et de liberté d'expression (principes vitaux de la Révolution et la Réforme). Il demandait très précisément au Parlement d'abroger la censure votée en juin 1643.
Milton accompagna et encouragea les changements politiques qui renversèrent l'Angleterre pré-moderne: les troubles que connaissait l'Angleterre se renforcèrent sous le règne de Charles I. Pénétré des principes du droit divin, décidé à faire asseoir l'autorité de l'Église Anglicane, Charles I s'opposa très vite au Parlement. La Révolution éclata, et Milton y prit part. Il fut un propagandiste, fervent défenseur du Régicide et de la République Cromwellienne. Il continua par la suite à mettre sa plume au service de la Révolution jusqu'à l'accession triomphale au trône de Charles II en 1661. Tout au long de sa carrière de pamphlétaire polémiste, Milton défendit les libertés individuelles et civiles.
[...] Mais aux yeux du poète militant, la sagesse appelait à la vigilance. Milton se méfiait du Parlement et s'opposait clairement aux presbytériens. Le Parlement et les théologiens, empêchant les voix dissidentes de se faire entendre par la censure, risquaient de réinstaurer la tyrannie et se paraient des atours peu flatteurs des croyances papistes: "tant qu'il s'agissait de harceler à mort les Evêques, toutes les Presses pouvaient bien être libres [ Mais maintenant que les Evêques sont interdits par la loi, expulsés de l'Eglise, on croirait que notre Réforme avait pour seul objet de libérer leurs sièges au profit d'autres et sous d'autres noms: et nos beautés Episcopales de refleurir!"[7] Milton avertit le Parlement: assujettir les consciences en imposant la censure ferait renaître le fantôme du papisme, tuant dans l'œuf la Réforme protestante. [...]
[...] Nombre d'Anglais, y compris Milton, s'identifiaient aux Hébreux de l'Ancien Testament. Pensant être le nouveau peuple élu de Dieu, ils estimaient donc avoir été investis d'une mission, celle de répandre la Réforme en Europe, "sinon, pourquoi [leur] Nation fut-elle choisie avant toute autre"[26]. L'Angleterre, nation élue, avait donc un contrat avec Dieu. Pour Milton, mais aussi pour beaucoup d'autres puritains ou radicaux, les objectifs ultimes de la Réforme n'étaient pas encore atteints, "l'homme pensant que nous devons dresser notre tente ici, parvenus à ces ultimes perspectives de la réforme que peut nous révéler le miroir de nos terrestres contemplations (en attendant la vision des bienheureux), un tel homme manifeste par là même qu'il est encore bien loin de la Vérité.". [...]
[...] Il s'attaqua par la suite à des questions plus personnelles et sociales avec la Doctrine et la Discipline du Divorce (The Doctrine and Discipline of Divorce), ainsi que le célèbre Areopagitica, un plaidoyer pour la liberté de la presse. Milton y réclamait plus de tolérance et de liberté d'expression (principes vitaux de la Révolution et la Réforme). Il demandait très précisément au Parlement d'abroger la censure votée en juin 1643. Milton accompagna et encouragea les changements politiques qui renversèrent l'Angleterre pré-moderne: les troubles que connaissait l'Angleterre se renforcèrent sous le règne de Charles I. Pénétré des principes du droit divin, décidé à faire asseoir l'autorité de l'Église Anglicane, Charles I s'opposa très vite au Parlement. [...]
[...] Il soutenait donc sans retenue la liberté de la presse, même si celle-ci donnait voix à la dissidence. La tolérance religieuse était de mise si l'on voulait atteindre la perfection. La censure avait déclenché un large débat au sein de la société anglaise. Les radicaux de toutes confessions s'opposaient à cette mesure qu'ils jugeaient dangereuse, intolérante et tyrannique. Très tôt, Milton rejoignit les rangs des inquiets et des insurgés: par égard pour la vérité et la liberté, il appelait à la tolérance religieuse. [...]
[...] Ils espéraient garder la nation sous contrôle, et la large dissémination d'idées dissidentes ébranlait selon eux la stabilité de leur pouvoir. Charles I avait levé son étendard en août 1642, et le besoin d'un équilibre politique et religieux devenait urgent. Le Parlement et l'Assemblée théologique de Westminster ne pouvaient se permettre de laisser des illuminés hérétiques compromettre leur "toute- puissance". Pour eux, la presse révolutionnaire était l'instrument de l'anarchie, menaçant de bousculer les fondations mêmes de la société. Une presse libre était source de désordre: la liberté d'expression était perçue comme un agent d'instabilité sociale. Elle devait donc être contrôlée. [...]
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