Pour commencer notre exposé, on peut partir d'une date importante: 1575 et d'un lieu la cour d'Espagne à Madrid. Pourquoi cette date ? C'est la date durant laquelle les meilleurs joueurs d'échecs italiens écrasent leurs homologues espagnols en présence de Philippe II. Cet évènement est symbolique puisqu'il correspond au millième anniversaire de la naissance de ce jeu. Même si l'origine de ce jeu peut être située pour certains au III millénaire av J.C, sa forme actuelle s'est développée en Inde, vers 570. En fait tout dépend de la définition qu'on lui apporte. Si l'on reprend l'explication de Diderot dans son encyclopédie, on peut dire que le jeu des échecs est le jeu le plus savant, celui dans lequel l'étendue et la force de l'esprit du jeu peuvent se faire le plus aisément remarquer. Pour reprendre une définition plus classique, on peut présenter le jeu de la manière suivante : il oppose 2 joueurs s'affrontant sur un plateau composé de 64 cases, appelé échiquier sur lesquels évoluent 8 pièces et 8 pions de chaque côté. Le but du jeu étant de créer une situation que rende la prise du roi adverse imparable. Comme son nom l'indique « le roi des jeux » ou « le noble jeu » est pratiqué quasi exclusivement jusqu'au 17ème/18ème siècle par les personnes de Cour dans le sud de l'Europe. En effet, c'est en Espagne et en Italie, respectivement au 16ème et 17ème siècles, que le jeu des échecs pénétra sur le continent européen. Il se développera véritablement en France qu'un peu plus tard au cours du 18ème siècle. On peut tout d'abord se demander dans quel lieu et quel genre de personne pratique les échecs dans la France et l'Europe du 18ème siècle. Il faut savoir qu'au tournant des 17 et 18ème siècles, la conception principalement curiale de la pratique des échecs se desserre et l'on assiste à son élargissement social. Sans en avoir la confirmation et la proportion, on peut admettre qu'il existait une pratique des échecs moins élitiste socialement parlant, voir populaire mais il est difficile de la mesurer. D'une manière générale, on doit admettre que les joueurs qui se réunissent pour pratiquer sont issus des catégories sociales les plus élevées : des hommes de robes, des fonctionnaires, des historiens, des mathématiciens, des professeurs...bref autant de professions socialement supérieures. Le jeu se développe dans les villes, notamment à Paris, Londres, ou Amsterdam. Mais, c'est principalement à la Cour, dans les salons et dans les cafés que les meilleurs joueurs se réuniront pour s'affronter, comme au Café de la Régence à Paris où 24 joueurs s'y confrontaient quotidiennement. Une fois le cadre posé, on va se demander tout au long de notre exposé, en quoi le passage d'un jeu royal spectaculaire et improvisé à la prise de possession de l'échiquier par l'esprit de raison au cours du 18ème siècle, illustre t-il un changement de conception sociétale ? Comprendre l'évolution de la pratique du jeu basée essentiellement sur l'action non réfléchie à une approche rationnelle des échecs au milieu du 18ème siècle, grâce à la révolution philidorienne (I), nous permettra de concevoir les enjeux politiques et sociétales qui en découlent (II).
[...] Bibliographie D. Renard, Jeu des échecs, société politique et art de la guerre, Politix M. Roos, Le jeu des échecs, Que sais-je M. Roos, Histoire des Échecs, Que sais-je R. Keene, Histoire du jeu d'Échecs, Phaidon, F. Le Lionnais, Le Jeu d'échecs, Presses universitaires de France J. Dextreit, N. [...]
[...] Né en 1705 à Alep en Syrie, Philippe Stamma a été le premier à utiliser la notation algébrique aux échecs. Il sera considéré comme l'un des meilleurs joueurs d'échecs de son temps avant sa défaite contre Philidor en 1747. On le voit bien ici, les critiques de Stamma remettent en cause une certaine perception des échecs. Sans pour autant représenter une révolution, le raisonnement du syrien prépare le terrain et ouvre la voie à Philidor et à son chef d'œuvre. [...]
[...] Cette révolution n'a lieu qu'autour d'un jeu et dans ce cadre seulement. Cette révolution influencera-t-elle les événements à venir, il s'agit là d'une autre question. Les changements de jeu apparents au cours du XVIII° siècle sont avant tout dû à la révolution philidorienne. Cette révolution est interne au monde des échecs même si on peut y constater des répercussions sur la société autour de l'échiquier du fait de l'importance des échecs dans la société et ses élites. Il y a donc un lien très tissé entre les échecs et la société au XVIII° et celui-ci va se modifier au cours de ce siècle. [...]
[...] Le jeu se développe dans les villes, notamment à Paris, Londres, ou Amsterdam. Mais, c'est principalement à la Cour, dans les salons et dans les cafés que les meilleurs joueurs se réuniront pour s'affronter, comme au Café de la Régence à Paris où 24 joueurs s'y confrontaient quotidiennement. Une fois le cadre posé, on va se demander tout au long de notre exposé, en quoi le passage d'un jeu royal spectaculaire et improvisé à la prise de possession de l'échiquier par l'esprit de raison au cours du 18e siècle, illustre-t-il un changement de conception sociétale ? [...]
[...] Cette issue du jeu dans la représentation de l'ordre social est aussi très importante, ainsi une anecdote de Gracian raconte comment un seigneur espagnol sentit qu'il avait été incorrect en battant plusieurs fois le roi aux échecs. Il y a donc une conservation de l'ordre social qui se doit d'être respecté sur l'échiquier comme en dehors c'est en quoi Philidor va bouleverser la donne. La révolution philidorienne laisse place à un autre facteur dans la conception du jeu. La raison en devient pour lui la clef. [...]
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