A l'intérieur d'un catholicisme que la révocation de Nantes en 1685 a placé à nouveau en situation de monopole, se développe un courant, le jansénisme, que sa double condamnation par Rome et par la monarchie française a fait évoluer vers la dissidence. Cependant, « Qu'est-ce que le jansénisme » ?, cette question que le livre précurseur de J.Paquier posait en 1909 reste d'actualité.
On entend par janséniste, terme apparu en 1641 pour désigner de façon péjorative les disciples de l'évêque d'Ypres, Cornélius Jansénius (1585/1638), qui a exposé sa doctrine, un pur retour à Saint Augustin (Père de l'Église du 5e siècle apr. J.-C.) dans un ouvrage posthume paru en 1640, l'Augustinus. L'historiographie s'est penchée très tôt sur les jansénistes. Augustin Grazier, en 1922 affirmait que ce qu'on appelait jansénisme n'est qu'en fait qu'un mouvement de réaction contre les théories impies de ceux qui exaltent le libre arbitre au détriment de la puissance divine. Le jansénisme est cependant un courant rigoriste du catholicisme, affirmé par Antoine Arnauld. De même, le jansénisme constitue une structure protéiforme. Il serait donc erroné d'imaginer le jansénisme comme une construction immuable ou monolithique.
Nous nous bornerons à étudier le sujet, les jansénistes face au pouvoir royal, tout au long du 17e siècle, c'est-à-dire de la publication du Mars Gallicus en 1635 à 1715 avec la bulle Unigenitus.
Le sujet, le jansénisme face au pouvoir politique, s'inscrit dans un vaste contexte. En effet, le jansénisme est contemporain de la guerre de Trente Ans (1618/1648) qui déchire l'Europe entre catholiques et protestants. Il s'agit d'un élément important, car contrairement à ce que l'on pourrait penser, le jansénisme n'est pas né véritablement d'une dispute théologique, mais d'une dénonciation de la politique Richelieu, dès 1635. Sur le plan religieux, les catholiques sont en état de grâce à la suite du Concile de Trente (1545/1563) qui condamne la religion protestante. De même, le Concile prône l'union entre catholiques face aux protestants, et l'unicité entre le pouvoir spirituel et temporel. Cependant, l'apparition du jansénisme vient compromettre ce dessein, et apparaît pour nombre de catholiques comme une volonté schismatique. Dans un contexte propre à notre sujet, les idées de Jansénius se diffusent en France par le biais d'un de ses amis, Duvergier de Hauranne, abbé de Saint Cyran et successeur du parti dévot après la mort de Pierre de Bérulle en 1629. Notons que les idées émises par Jansénius ne font que reprendre certains éléments présentés par un professeur de Louvain, Michel Baius (1513/1589). Comme la lutte contre le laxisme des théologiens jésuites, le regret parfait des pénitents ainsi qu'une longue préparation pour les communions.
Ainsi, dans quelle mesure le jansénisme apparaît-il comme une entrave au bon fonctionnement de la monarchie, tant sur le plan politique, religieux que sociétal pour être suffisamment réprimé par le pouvoir royal ?
[...] De même, Quesnel clame que l'autorité absolue des rois est inviolable. En effet, se fondant sur le passage de Saint-Paul dans l'Epitre aux Romains, Quesnel enseigne le caractère absolu de l'autorité et la nécessité d'une obéissance inconditionnelle, sans révolte, ni protestation. Il rappelle que les rois ne sont justiciables que de Dieu et que l'Église lui doit obéissance. Laïcs et clercs doivent obéissance au roi la soumission et l‘obéissance que les chrétiens doivent aux rois sont un dogme qui est de foi Il s'agit ici de la part de Quesnel d'exposer trois points. [...]
[...] En effet, ils professent un jansénisme modéré, axé sur des compromis avec le pouvoir royal. Même si les Solitaires participent aux controverses, ils évitent les attitudes extrémistes. Comme en témoigne l'ouvrage de Pierre Nicole, Essais de morale (1671/1678) qui n'a rien de polémique. A leurs activités charitables, les Solitaires en joignent une autre, l'instruction de quelques enfants. C'est ce qu'on appelle les Petites Écoles. Le terme désigne toutes les classes privées qui s'occupent des enfants avant leur entrée au collège. [...]
[...] De plus, à travers Les Pensées, œuvre posthume publiée en 1670, Pascal montre qu'il existe une gradation des valeurs qui commandent le respect dû aux grands. S'il existe une hiérarchie sociale, il existe de même une hiérarchie d'intelligence entre les hommes: tout concourt à l'ordre de la cité, mais avec des lumières différentes. Le peuple vénère les grands parce qu'il croit en leurs mérites; les demi-habiles les méprisent parce qu'ils discernent l'illusion de leur puissance; les habiles les honorent par un calcul intéressé; les dévots les rejettent en les jugeant à la lumière d'une piété limitée; mais les vrais chrétiens les respectent, car ils y discernent l'ordre de Dieu. [...]
[...] Mais ce n'est qu'avec le début du règne personnel de Louis XIV en 1661 que la pratique du formulaire est rendue obligatoire. Le formulaire stipule je reconnais que je suis obligé en conscience d'obéir à ces Constitutions, et je condamne de cœur et de bouche la doctrine des Cinq propositions de Jansénius contenues dans son ouvrage, l'Augustinus, laquelle doctrine n'est point celle de Saint Augustin, que Jansénius a mal expliqué Notons que l'acharnement dont sont victimes les jansénistes est à mettre en parallèle avec la guerre civile que traverse le pays de 1648 à 1653. [...]
[...] Les jansénistes s'opposent à une personne, le roi qui tire son pouvoir de Dieu. La conception de l'autorité est ainsi revisitée par les disciples de Jansénius. Ce point, non négligeable pour le moment n'en est qu'à ses balbutiements. Après la condamnation par le Mars Gallicus des alliances du pouvoir royal avec les Républiques protestantes, et la contestation des décisions prises par la hiérarchie royale, l'ouvrage nous offre un troisième axe d'analyse: l'idée que le pouvoir ne peut être partagé. Il s'agit là d'une dénonciation de l'autonomie du politique promue par Richelieu. [...]
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