Lorsqu'Elisabeth I arrive au pouvoir en 1558, les acclamations de la foule dénotent l'engouement suscité par celle qui sera ensuite surnommée Astrée. Elisabeth symbolise le retour de la justice après le règne sanglant de « Bloody Mary », synonyme de persécutions envers les protestants et de l'emprise d'un souverain étranger, catholique de surcroît dénommé Philippe II. C'est donc d'un royaume troublé qu'hérite Elisabeth : la situation financière du royaume est inquiétante et la confiance dans la monnaie royale ne cesse de décroître ; en outre, la guerre malheureuse contre la France dans laquelle s'est engagée Marie n'est pas faite pour remplir les caisses du royaume.
Elisabeth fait ses premiers pas en tant que souveraine dans une ère troublée, elle sait alors qu'il lui faudra mener une politique habile pour ne pas heurter les différentes sensibilités qui apparaissent çà et là. La durée extraordinaire du règne d'Elisabeth va lui permettre d'inscrire durablement les orientations choisies en Angleterre, alors on est tenté de se demander si ce n'est pas sous le règne d'Elisabeth que sont fondées les bases de la culture britannique et du Royaume-Uni composé en 1801, c'est-à-dire d'un ensemble régi par la puissance anglaise.
[...] Il existe donc, au sein de l'ensemble britannique des groupes dissidents qui rejettent à la fois l'adhésion à un groupe culturel différent et la souveraineté anglaise. Les Irlandais illustrent à merveille ce rejet systématique du colon anglais étant donné le nombre important de soulèvement que sa présence a suscité dans l'Ulster ou le Munster. C'est la composante catholique de l'identité irlandaise qui pose le problème le plus important. Seulement, il faut préciser que les catholiques sont aussi présents en Angleterre et en Ecosse et qu'ils forment l'un des groupes dissidents les plus influents. [...]
[...] La régence de Marie de Guise, catholique n'altère pas les relations établies. Toute tentative de restauration d'un catholicisme français se solde par un échec. On a donc là une ébauche d'unité religieuse : en rompant ses liens avec Rome, l'Ecosse s'affranchit d'une tutelle encombrante et doit se rapprocher de l'Angleterre pour assurer ses arrières. En effet, le choix du protestantisme dans une Europe dominée par des puissances catholiques instaure une solidarité certaine entre les deux royaumes. De plus, alors que les prédécesseurs d'Elisabeth manifestaient le désir d'y établir un protectorat contraignant pour les Ecossais, Elisabeth n'aspire dans un premier temps qu'à la normalisation et à la pacification des relations anglo-écossaise. [...]
[...] D'ailleurs, lorsqu'en 1801, nait le Royaume-Uni (ne comprenant que l'Irlande du Nord), aboutissement de cette logique d'union des îles britanniques, c'est sous une monarchie parlementaire inhérente de l'identité nationale. [...]
[...] En effet, le catholicisme pur auquel Marie Tudor a tenté de convertir le peuple anglais est désormais synonyme de tyrannie d'un pouvoir étranger ainsi que d'une conjoncture économique défavorable. Lorsqu'Elisabeth arrive sur le trône, elle doit faire face aux catholiques anglais qui ont souffert de l'orientation ultra- protestante du règne d'Edouard VI et qui ne souhaitent pas devoir se convertir au protestantisme et aux protestants, martyrisés de 1553 à 1558 qui désirent un revirement radical de la politique religieuse. En outre, Elisabeth ayant besoin du soutien espagnol lors de la signature de la paix avec la France à Cateau-Cambresis (1559) doit composer avec ces intérêts diamétralement opposés. [...]
[...] Plus que l'harmonisation de l'intégralité de l'espace britannique, Elisabeth est parvenue à unifier l'île principale en établissant avec l'Ecosse une union qui se concrétise lors de l'accession au trône de Jacques Ier. Par ailleurs, la création de la nation britannique a favorisé une politique maritime britannique réellement engagée sous Elisabeth et qui va fortement marquer l'identité britannique. Enfin, on peut dire que c'est le règne d'Astrée qui voit naître la nation britannique car les Britanniques, ou du moins les habitants de l'île principale resteront très attachés à la monarchie. [...]
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