Pourquoi étudier le sentiment d'honneur en Espagne ?
C'est sous le règne de Philippe II qu'apparaissent les premières grandes œuvres littéraires qui se construisent sur la problématique de l'honneur : le roman picaresque puis la comedia ; et c'est dans les courants de pensée de l'époque que se sont formés les grands écrivains de l'honneur, que sont notamment Lope de Vega et Tirso de Molina. Mais quels sont ces courants de pensée ? Comment conduisent-ils à une telle valorisation de la notion d'honneur dans les ouvrages, mais également à son installation dans la collectivité espagnole ? Car l'honneur n'est pas qu'abstraction, elle est une réalité concrète, que l'on trouve par exemple dans une fierté nationale blessée lorsque le nouveau souverain Charles Quint attribue les places de l'administration à ses propres conseillers en dépit de la promesse d'en réserver une partie aux Castillans, mais aussi dans la fierté individuelle qui s'illustre lors des duels notamment.
Comment expliquer dès lors la complexité et la variété des représentations de l'honneur au XVIème siècle, et combien sa problématique morale et religieuse est proche de la problématique sociale, puisque la question de l'honneur est révélatrice des conflits d'une société en pleine évolution ?
[...] L'honneur en Espagne au XVIème siècle Pourquoi étudier le sentiment d'honneur en Espagne ? C'est sous le règne de Philippe II qu'apparaissent les premières grandes œuvres littéraires qui se construisent sur la problématique de l'honneur : le roman picaresque puis la comedia ; et c'est dans les courants de pensée de l'époque que se sont formés les grands écrivains de l'honneur, que sont notamment Lope de Vega et Tirso de Molina. Mais quels sont ces courants de pensée ? Comment conduisent-ils à une telle valorisation de la notion d'honneur dans les ouvrages, mais également à son installation dans la collectivité espagnole ? [...]
[...] Chauchadis, nous ramène au duel, bien que la loi civile espagnole puis le concile de Trente aient voué toute forme de combat singulier à la clandestinité. Mais cette violence virile est étroitement associée à la caste triomphante de la noblesse vieille chrétienne, qui, grâce à sa pureté de sang, se considère finalement comme la seule apte à laver son honneur dans le sang ) une violence qui se généralise Notamment parmi les universitaires, mais également chez les jeunes caballeros, où la défense de l'honneur se teinte d'une connotation ludique, et bien qu'elle tourne souvent mal, dégénérant parfois en crimes affreux, demeure assez relativement punie car les meurtriers, protégés par des puissants ou même par l'autorité civile, s'en tirent avec quelques années d'exclusion sans être davantage inquiétés. [...]
[...] En cela le XVIè siècle n'a fait qu'exacerber en Espagne un sentiment national fort, puisque la fierté du peuple espagnol ne tolère pas d'être bafouée. Ex. Elle se réveille lorsque Charles Quint place ses propres conseillers aux postes de l'administration, sans tenir compte de sa promesse d'y intégrer les Castillans. Les Espagnols estiment également que l'honneur de leur peuple est bafoué lorsque la titulature traditionnelle place la dignité impériale de leur souverain Charles devant sa dignité royale. [...]
[...] L'honneur ainsi conçu, dans ses multiples formes, tend cependant à creuser les clivages sociaux et exacerbe la violence : III la question de l'honneur en Espagne est alors révélatrice des conflits d'une société en pleine évolution au XVIe siècle Défini pendant la Reconquête, l'honneur est donc d'abord apparu comme une valeur positive, ressort fondamental de l'héroïsme collectif et individuel, source de l'exploit, et lié également au sens de la responsabilité, autant que guide de vie morale. Mais il devient au cours du XVIe siècle l'otage de la réputation (Bennassar). [...]
[...] I L'honneur, un sentiment spécifique influant sur les comportements des Espagnols S'il fut une passion capable de définir à elle seule les comportements du peuple espagnol, ce fut bien celle de l'honneur. (B. Bennassar) L'honneur espagnol mérite en effet d'être assimilé à une passion, du fait de sa dimension nationale, mais également de la primauté que lui accorde l'individu sur sa propre vie. A un patrimoine national et la conscience d'un peuple L'honneur est une notion installée dans la collectivité espagnole : la fierté nationale Il est impossible de dissocier l'honneur de la fierté des Espagnols. [...]
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