À l'opposé des mouvements antérieurs (Jean Huss, ca. 1369-1415), la Réforme dont Luther sera l'instigateur bénéficie d'une constellation historique et politique favorable, liée à la territorialisation en Allemagne. On comptait lors du recensement de 1495 plus de 150 principautés temporelles ou ecclésiastiques (villes libres et certaines abbayes inclues), et la Réforme dont l'implantation et la consolidation ne se fera qu'avec le soutien d'une partie des princes allemands, sera inversement un facteur du renforcement de l'autorité des princes et de la territorialisation.
Le Saint-Empire romain-germanique de nationalité allemande, ainsi nommé depuis l'ordonnance relative à la paix publique décrétée par la Diète de Francfort en 1486 (appelé auparavant Saint Empire romain), avait une vocation universelle, une mission particulière incombant au sein des puissances catholiques à la nation allemande. Mais la constitution d'Etats-Nations (affirmation des monarchies en France et en Angleterre) et le renforcement, depuis le XIIIe siècle déjà, du pouvoir des princes allemands, loin de faire de cet empire une entité universelle, l'avaient bien plutôt transformé en un ensemble plus ou moins lâche d'Etats, fondé sur l'antagonisme entre l'empereur (Charles-Quint, 1500-1558, pour l'époque qui nous intéresse) et les dirigeants des principautés territoriales. C'est finalement un édifice passablement dépourvu de substance qui s'effondrera en 1806 lorsque Napoléon proclamera la dissolution de l'empire.
Cet empire était électif et non héréditaire. En vertu du règlement établi par la Bulle d'Or de
1356 (constitution de l'empire), l'empereur, chef temporel de la chrétienté chargé de veiller au salut des chrétiens en assurant leur défense et protection, était élu roi de Rome par sept princes électeurs dont trois ecclésiastiques (archevêques de Mayence, Cologne et Trèves) et quatre souverains temporels (roi de Bohème, comte palatin, duc de Saxe et margrave de Brandebourg). Il lui fallait ensuite être couronné par le pape, chef spirituel de la chrétienté (occidentale), pour obtenir le titre d'empereur.
Charles-Quint, de la branche des Habsbourg, élu en 1519, régnait sur un territoire immense et, de ce fait, ingouvernable : roi de Rome et futur empereur, il était également roi d'Espagne, de Sicile et de Jérusalem, archiduc d'Autriche, duc de Bourgogne, comte des Flandres, etc., et maître de l'Asie et de l'Afrique et de la terre ferme de l'autre côté de l'océan. À l'antagonisme opposant l'empereur d'une part au pape, soucieux de limiter son pouvoir en Italie, et d'autre part aux princes allemands, s'ajoutait donc la faiblesse due à l'absence de toute unité, qu'elle fût linguistique (l'empereur parlait à peine l'allemand), géographique, économique, financière ou culturelle, sans oublier un conflit durable contre la France dont l'enjeu était l'hégémonie en Europe, et le combat mené au nom de la chrétienté contre les Turcs. L'idéal, qui habitait Charles-Quint, d'une monarchie universelle garante de la paix et de l'unité religieuse devait très vite s'avérer irréalisable. (...)
[...] Cet empire était électif et non héréditaire. En vertu du règlement établi par la Bulle d'Or de 1356 (constitution de l'empire), l'empereur, chef temporel de la chrétienté chargé de veiller au salut des chrétiens en assurant leur défense et protection, était élu roi de Rome par sept princes électeurs dont trois ecclésiastiques (archevêques de Mayence, Cologne et Trèves) et quatre souverains temporels (roi de Bohème, comte palatin, duc de Saxe et margrave de Brandebourg). Il lui fallait ensuite être couronné par le pape, chef spirituel de la chrétienté (occidentale), pour obtenir le titre d'empereur. [...]
[...] En 1518 se déroula la dispute de Heidelberg lors de laquelle Luther, fort de l'assurance d'une protection que lui avait donnée Frédéric de Saxe, défendit en particulier sa thèse de la justification de l'homme. En mai et juin, le procès de Rome fut intenté contre lui. Appelé à comparaître à Augsbourg, devant Cajetan, le légat du pape, Luther refusa de se rétracter, malgré les menaces d'excommunication. Sommé de livrer Luther, Frédéric de saxe parvint à gagner du temps, le pape Léon peut favorable à l'élection de Charles-Quint, espérant le soutien de ce prince électeur. [...]
[...] C'est dans l'Ecriture seule que l'âme puise sa nourriture. Sola gratia Nous avons vu que, selon la doctrine catholique, les sacrements administrés par l'Eglise étaient dispensateurs de grâce, l'Eglise, par l'intermédiaire du prêtre, fonctionnant un peu comme une institution du salut. L'Eglise catholique romaine tente en outre de concilier l'arbitraire tout-puissant de Dieu qui prédestine les uns à la béatitude, les autres à la damnation, et une certaine liberté de la volonté, un libre-arbitre, en ménageant à chacun la possibilité, par les bonnes œuvres, de participer en quelque sorte à sa rédemption. [...]
[...] Le 15 juillet 1520, la bulle Exsurge Domine menace Luther d'excommunication. Celle-ci sera prononcée le 2 janvier 1521 et aurait dû être immédiatement suivi d'une mise au ban de l'empire. Frédéric de Saxe obtint toutefois que son protégé soit convoqué en avril devant la diète de Worms afin de se défendre. Luther ayant refusé de se rétracter, Frédéric de Saxe feignit de l'arrêter et le fit conduire à la forteresse de la Wartbourg où le réformateur vécut déguisé en "Chevalier Jörg". [...]
[...] La relation à Dieu dégénérait en une "relation d'affaires", la dévotion, peu à peu dépourvue d'intériorité, se transformant en un exercice méritoire des œuvres purement extérieur et en un culte mécanique. Aucune des trois catégories constitutives du clergé (les prélats ou hauts dignitaires de l'Eglise, les prêtres et curés de campagne et les ordres monacaux) ne paraissaient échapper à la corruption générale. Tandis que le pape et les membres de la curie (gouvernement pontifical) menaient un grand train de vie à Rome, que les évêques, bénéficiaires de prébendes (revenu fixe accordé aux dignitaires de l'Eglise ou titre donnant droit à ce revenu) cumulaient les titres et les charges et accumulaient les bénéfices, le bas clergé chargé de veiller sur les âmes des paroissiens s'adonnait à sa petite échelle à l'exploitation de ces mêmes âmes et ses membres souvent incultes et peu formés en matière de théologie, vivaient souvent en concubinat, moyennant finance. [...]
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