Avec plus de 300 capitaines œuvrant pour le commerce triangulaire, Le Havre s'est classé au deuxième rang des ports français à profiter du commerce d'humains, si l'on considère les capacités des deux villes voisines et consœurs, Le Havre et Honfleur (Le premier port français en termes de commerce triangulaire, Nantes, permit le transport d'un demi-million d'esclaves, soit 4 à 5 fois plus que les deux villes normandes réunies). Il y eut, officiellement et de manière plus discrète, environ 500 départs de navires depuis le port havrais, chargés de babioles, d'armes, d'alcool et de tissus à destination de l'Afrique. Ces bateaux quittaient ainsi la France pour un périple parsemé d'embuches et revenaient plus d'un an plus tard au Havre-de-Grâce, leur périple terminé, sans trace du passage dans les cales de Noirs.
Le voyage était dangereux : les Havrais, tout Normands qu'ils étaient, n'étaient pas habitués à un climat chaud et humide. De ce fait, les pertes humaines étaient quasiment inévitables lors de ces voyages, à cause en particulier du scorbut, qui leur faisait perdre les dents et dont ils finissaient par mourir à l'issue de souffrances épuisantes. Mais cela n'est rien au regard du destin prévu pour les hommes, les femmes et les enfants noirs. Achetés au prix de quelques objets, ils étaient entassés dans une surface réduite, au fond de la cale, et ne voyaient généralement le soleil que quelques minutes par jour, le temps de prendre un bol de nourriture. Histoire que les pertes humaines soient le plus minimes possible. Mais toujours enferrés, bien entendu. Et cela pendant plusieurs mois, le temps d'une traversée houleuse, où les pertes humaines étaient une évidence calculée par les armateurs. Elles étaient d'ailleurs si importantes qu'il arriva que des voyages ne soient pas rentables.
[...] Pour cette raison des négriers étrangers s'installèrent dans la cité. Parmi eux, l'on peut parler de Thomas Collow ou de Jacques Carmichaël, des Écossais, professionnels à part entière du marché d'humains. Au Havre de Grâce, catholiques, protestants, francs- maçons, chacun des participants y trouvait son compte. Pourtant, ailleurs ces pratiques étaient généralement dénoncées. De fait, dès 1537, le pape Paul III avait dénoncé la vente d'esclaves comme l'ennemi du genre humain Mais les armateurs la pratiquant voyaient la traite négrière comme le meilleur moyen d'accroître considérablement leurs revenus. [...]
[...] Elles étaient d'ailleurs si importantes qu'il arriva que des voyages ne soient pas rentables. Ce sont ainsi plus de futurs esclaves qui montèrent sur les bateaux havrais en 80 ans. Avec, au mieux mètres cubes d'espace par Noir, pour survivre, enchainés, au rythme des vagues. Un commerce officiel Après quelques atermoiements à compter de 1666, entrepris par la Compagnie des Indes occidentales et par la Compagnie du Sénégal, le commerce de Noirs devint une activité particulièrement prospère au Havre de Grâce de 1713 à 1792 pour de nombreux petits armateurs, et quelques plus gros, l'un d'entre eux armant pour cela jusqu'à 28 navires. [...]
[...] La liberté d'expression était à son paroxysme, l'ignorance et l'intolérance étant alors à leur apogée. Fortunes havraises En des Havrais ne possédaient aucun revenu foncier et avaient un revenu total inférieur à livres par an personnes se partageaient au Havre des plus hauts revenus. Les neuf plus grosses fortunes havraises, tous négociants, furent, cette année-là : - Begouën Jean-François livres - Begouën-Demeaux Catherine livres - Feray Jean-Baptiste livres - Lemonnier Etienne livres - Lemonnier Thomas livres - Becquerel Jean livres - Grégoire Nicolas livres - Boynin Théodore livres - Massieu Samuel livres On note en tête de liste les Begouën et Feray, ainsi que Grégoire ou dans une moindre mesure Massieu, familles qui ont participé à la traite des Noirs. [...]
[...] Chacun payait ainsi sa place pour le trajet. Une fois embarquées par la Compagnie des Indes, les femmes étaient régulièrement emmenées pour être vendues. Leur santé et leur état général, puisqu'elles étaient issues de la grande misère, en faisaient une marchandise vendue un faible prix. Ceux qui n'étaient pas vendus étaient appelés dupes : il leur fallait parcourir à pied des kilomètres pour arriver à leurs terres promises, des surfaces encore occupées par des Indiens. La mort attendait ainsi majoritairement le pauvre voyageur. [...]
[...] Il lutta avec ferveur contre l'idée de Droits de l'Homme pour les Noirs. Son lobbying auprès de Napoléon Bonaparte s'avéra payant, le commerce négrier se trouvant de nouveau autorisé après sa visite au Havre en 1802. Ses nombreuses fonctions en faisaient en effet un homme que l'on écoutait : Président du Tribunal de Commerce, administrateur de l'hôpital, conseiller secrétaire du roi au grenier à sel, député du Tiers-Etat du Havre aux États généraux en 1789, il occupait de nombreuses fonctions importantes dans la cité havraise. [...]
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