Né le 28 février 1675 à Paris, Guillaume Delisle grandit dans une famille recomposée. Sa mère, Marie Malaine, décède quelques années après la naissance de son frère Simon-Claude d'Hérissé et son père, Claude Delisle, épouse en secondes noces Charlotte Nicole Millet de La Croyère, fille d'un avocat. De ce second mariage, seraient issus Louis Delisle de La Croyère, Joseph-Nicolas et Angélique. Certains biographes accordent à Claude Delisle une famille nombreuse de 12 enfants. Peu d'entre eux auraient alors atteints l'âge adulte puisqu'à son décès, Claude ne compte plus qu'une fille et quatre fils vivants.
Les Delisle se démarquent comme une famille férue d'histoire et de géographie. Comme son père, le cadet Simon-Claude est versé dans la science historique. Les frères germains, Louis et Joseph-Nicolas, ont été tous deux astronomes. Pour sa part, l'aîné Guillaume s'oriente vers la cartographie ou la géographie comme on disait à l'époque. La cartographie désigne la réalisation et l'étude des cartes. Elle mobilise un ensemble de techniques servant à la production de cartes. La cartographie constitue un des moyens privilégiés pour l'analyse et la communication en géographie. Elle sert à mieux comprendre l'espace, les territoires et les paysages.
Héritiers de l'esprit scientifique de leur père, les frères Delisle ont marché sur ses traces et se sont distingués dans leur science respective. Chacun a embrassé l'un des domaines qui ont passionné le chef de famille, premier de la dynastie. On a pu souligner, à bon escient, la contribution de Claude Delisle à la science en écrivant qu'il a laissé à la postérité quatre fils qui ont su, par leurs travaux, rendre illustre le nom de Delisle. Certains osent même écrire que sa principale gloire a certainement été d'avoir donné le jour à Guillaume Delisle, un des plus grands géographes de l'Europe.
→ Pourquoi peut-on considérer Guillaume Delisle comme l'un des plus grands et des plus talentueux géographes de cabinet parisiens de son temps ? Dans quelle mesure peut-on dire qu'il a été le promoteur et le chef de file de la cartographie scientifique au début du 18ème siècle ? Comment la carte géographique a-t-elle pu passer de l'objet d'art à l'oeuvre scientifique sous son influence ?
[...] Comme d'autres offices de la Maison du Roi, celui de professeur de géographie du roi est partagé entre différents titulaires. Delisle n'est donc pas le seul géographe du roi En 1719, commence une nouvelle collaboration avec Jena-Baptiste Bourguignon d'Anville. En 1720, l'abbé Raguet est appelé à collaborer avec les professeurs de géographie déjà en place. En 1722, Delisle est flanqué de deux nouveaux maîtres, Beaurain et Daudet, qui sont bientôt gratifiés du titre de géographe du roi Distingué dans cette équipe professorale, Guillaume garde la première dignité. [...]
[...] Par celles-ci, ils établissent les nouveaux standards de la cartographie scientifique. Ce travail exceptionnel propulse du coup Guillaume au rang de chef de file dans le monde français de la production cartographique et lui confère une enviable réputation à travers l'Europe. La longueur de la liste des cartes qu'on lui attribue déjà témoigne du dynamisme de l'atelier Delisle avec la production : des cartes générales du monde des cartes particulières de l'Europe comme celle de l'Italie, de l'Allemagne, de l'Espagne, des Iles Britanniques, de la Pologne, de la Turquie, de l'Arabie, de la Perse, des Pays-Bas catholiques, des Provinces- Unies et une de la France des cartes historiques comme celle de l'Afrique ancienne Guillaume Delisle a produit plus d'une centaine (environ 134) de cartes des différentes parties du monde, tant des régions connues que du Nouveau Monde, de même à l'intention de son royal élève, le jeune Louis XV, il a dressé un certain nombre de cartes historiques. [...]
[...] Au 18ème siècle, comme de tout temps, la carte géographique ne peut être le fruit d'un travail individuel. Du simple fait qu'elle est imprimée, sa fabrication nécessite au minimum la collaboration d'un imprimeur qui multiplie les feuilles et au préalable d'un graveur, qui transpose sur des plaques de cuivre les lignes tracées sur le papier par le géographe. Il faut aussi distinguer, à cette époque, les cartographes de terrain des cartographes de cabinet Les premiers procèdent eux-mêmes aux mesures et aux observations sur le terrain tandis que les seconds travaillent à partir de données de première main relevées dans les récits de voyageurs et d'explorateurs ou auprès des habitants du lieu cartographié tout en ayant recours aux travaux cartographiques de leurs devanciers ou de leurs contemporains. [...]
[...] Est-il encore étonnant que l'on dise de Guillaume Delisle qu'il s'est intéressé à la géographie dès sa sortie de la petite enfance ? Et qu'il a dressé et dessiné lui-même ses premières cartes d'histoire ancienne dès l'âge de huit ou neuf ans ? Une mise en apprentissage précoce Il faut savoir que c'est d'abord et avant tout l'aspect géographique de l'histoire, c'est-à-dire la fabrication des cartes, qui a attiré le jeune Delisle. Considérant les préoccupations de son père, on peut facilement suivre Fontenelle (qui fera un éloge de Guillaume à sa mort) qui affirme que Guillaume est encore presque enfant lorsqu'il dresse ses premières cartes. [...]
[...] Interrogé par le tsar, Guillaume explique tenir ces données géographiques des quelques relations de voyage que son père a scrupuleusement dépouillées. Impressionné par ce travail prodigieux, Pierre Le Grand offre à Guillaume de lui fournir quelques données supplémentaires afin qu'il puisse rectifier quelques erreurs criantes. Ce contact initial entre le cartographe et le tsar a été déterminant dans les rapports franco-russes du 18ème siècle. A l'instar de Colbert, au siècle dernier, Pierre Le Grand cherche à relancer l'exode des cerveaux, mais cette fois au profit de la Russie. Les membres de la famille Delisle sont particulièrement visés. [...]
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