Dans la première partie du XVIe siècle, la France est traversée par de fortes tensions confessionnelles : les schismes sont associés à l'action de l'Antéchrist, prélude à la chute finale et au Jugement dernier. Les premières formes de répression des « novelletés » sont engagées par les tribunaux ecclésiastiques et civils. Dès 1521, le Parlement et la Faculté de théologie condamnent les écrits de Luther ; ce sont ensuite les humanistes évangéliques qui sont accusés d'hérésie. Plusieurs peines capitales sont prononcées et exécutées, et marquent profondément les esprits (ex : en 1529, Louis de Berquin, un des promoteurs des idées luthériennes en France, ami d'Erasme : arrêté et brûlé vif en place de Grève malgré une protection royale réitérée.)
La propagation du luthéranisme, de l'évangélisme et surtout la « fixation calvinienne » (1540-1550) entraînent la mise en œuvre d'une politique répressive d'origine royale qui atteint son paroxysme sous Henri II (création de la Chambre ardente pour instruire les procès en hérésie au Parlement de Paris) : une conscience « martyrologique » se diffusent chez les réformés qui structurent leurs communautés au cours des 1550s et passent des « églises plantées » aux « églises dressées ». Cela, en plus de certains actes iconoclastes, plutôt isolés en vérité, engendre des craintes chez les catholiques ainsi que des représailles : les prédicateurs en appellent à la croisade contre le péril huguenot, contre les hérétiques.
C'est le début des années 1560 qui est en fait véritablement marqué par l'exacerbation des tensions confessionnelles et l'essor d'une violence cathartique qui fait basculer les affrontements religieux dans la lutte armée. Au total, entre 1562 et 1598, ce sont 8 conflits militaires qui prennent place, entrecoupés d'édits de pacification et de paix éphémères, assez peu respectées.
[...] L'assassin est exécuté sur-le-champ et le monarque, sévèrement blessé, meurt le lendemain. Sur son lit de mort, il désigne Henri de Navarre comme son successeur. Une marée de pamphlets ligueurs submerge le royaume, justifiant l'assassinat du prince ; Jean Boucher, dans un libelle, cherche à ériger Jacques Clément en martyr de la foi, ce dernier étant contré par Etienne Pasquier, politique et gallican, dans le but d'empêcher le culte martyrologique de s'installer et pour s'opposer à l'appel de la guerre sainte. [...]
[...] L'édit de Nantes n'évite donc pas les conflits entre catholiques et protestants mais les transforme dans leur forme et leur nature ; de dogmatiques et guerriers les affrontements deviennent pour l'essentiel juridiques. Les querelles portent sur le contrôle de l'espace sacré et du temps chrétien : édifices religieux, cimetières, processions, rituels, son de cloche, croix. Le roi n'est pas neutre et intervient dans ses querelles : le Très-Chrétien est à la fois juge et partie, puisqu'il se doit d'incarner la foi catholique. [...]
[...] Henri IV et la pacification religieuse : la coexistence dans l'intolérance ? (1589-1598) Paris vaut bien une messe ? Le nouveau roi, huguenot, n'apparaît pas légitime à tous les Français même s'il se présente d'emblée comme pacificateur ; ces déclarations ne suffisent pas à apaiser le ressentiment des catholiques ni à désarmer les ligueurs pour qui le roi légitime est Charles X (cardinal de Bourbon, jeté en prison par Henri III en 1588). Henri IV laisse mourir ce dernier en captivité et poursuit alors la lutte contre les ligueurs : il bat le duc de Mayenne à Arques (nov 1589) et à Ivry (mars 1590), mais échoue à Paris (mai-août 1590) qui est secourue par l'armée espagnole d'Alexandre Farnèse. [...]
[...] Henri III face à la Ligue Catholique (1584-1589) Le roi pénitent contre les guerriers de Dieu La 8ème guerre de Religion entre 1585-1598 (la dernière) est la plus longue et la plus violente de toutes, les affrontements sont intenses et touchent l'ensemble du territoire. Cette guerre est à replacer dans le contexte d'exacerbation du sentiment d'angoisse eschatologique des 1580s (liés à des tremblements de terre, comètes et autres signes naturels perçus comme annonçant la colère de Dieu) qui se manifeste par la diffusion d'almanachs prophétiques, la littérature et les manifestations de piété de 1583-1584 (processions blanches dans le nord, l'est et le sud-est de la France) d'une ampleur sans pareille. [...]
[...] Les discours prophétiques et les manifestations de piété pénitentielle servent de support à la fondation d'une seconde Ligue catholique. La mort de François de France, duc d'Anjou et dernier frère d'Henri III, fait d'Henri de Navarre (cousin au 22e degré) l'héritier légitime de la couronne de France : pour les catholiques intransigeants, c'est le signe final avant l'Apocalypse. Ces derniers se regroupent alors en une nouvelle ligue, fondée à Nancy en septembre 1584, à l'initiative des Guise (Henri de Guise, ses frères Louis cardinal de Lorraine et Charles duc de Mayenne) : la Sainte Union dont les membres sont des malcontents souhaitant retrouver leur place au sein de l'Etat, le purifier et mener une croisade contre les huguenots. [...]
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