Lorsqu'on aborde le thème des révoltes, dans notre cas paysannes, un certain nombre de questions se posent immédiatement. Qu'elles soient d'ordre géographique, économique ou social, elles peuvent se résumer ainsi : dans quel endroit à lieu la révolte et qu'elle en a été sa durée ; quelles sont les origines, les causes d'un tel soulèvement populaire et surtout qui sont les séditieux. Quelles sont leurs revendications, et à qui s'attaquent-ils ?
En face de ces gens, nous devons aussi analyser comment le Gouvernement, ou le parlement va réagir : quelles seront les mesures de répression prises ?
Ainsi nous pouvons nous demander si, comme le définit Anselm Zurfluh « la révolte est en quelque sorte un mouvement qui n'a pas réussi son parcours complet (parce que les forces en jeux s'égalisent à peu près), mouvement qui chamboule le statu quo mais qui laisse l'essentiel de la structure humaine et sociale dans l'état d'avant l'événement », ou alors si des changements interviennent quand même ?
La problématique des révoltes nous pose aussi la question de l'union ou du moins de la solidarité qui pouvait exister entre les gens habitant les villes et ceux de la campagne. Nous savons que les plébéiens et les paysans ne supportaient pas les mêmes charges. Néanmoins, un de leurs points communs était d'appartenir au même cercle social, c'est-à-dire à la populace. Vont-ils s'allier pour se soulever ? Ou au contraire ne pas agir ensemble ?
Dans le cadre de notre travail nous étudierons deux révoltes paysannes : la première, celle des Nu-Pieds, qui date de 1639, et qui est située en Normandie. Nous analyserons plusieurs de ces foyers et apprendrons que certains mélangèrent ville et campagne, comme ce fut le cas à Avranches notamment ; tandis que d'autres furent totalement urbains : nous citerons le cas de Rouen. Les « Mémoires du Président Bigot de Monville » ainsi que le « journal du Chancelier Séguier », nous ont placés directement au cœur de l'action ; l'ouvrage de Madeleine Foisil fut également précieux.
Ensuite nous partirons pour la Suisse de 1653 où là aussi, suite à une dévaluation de la monnaie bernoise, on assista à un soulèvement des paysans qui étaient déjà assez touchés économiquement par la fin de la Guerre de Trente Ans. Cet événement ne fut que la goutte d'eau de trop, et d'autres problèmes, que nous verrons, amenèrent à la crise. Une crise d'ailleurs très intéressante puisque plusieurs cantons y participèrent sans distinctions de religions, une première en Suisse.
Puis sur la base de nos recherches, nous comparerons ces deux révoltes : La France et la Suisse, deux pays totalement différents, que cela soit du point de vue économique ou social, subissent des soulèvements populaires en l'espace de peu de temps ; doit-on y voir le signe d'une certaine influence de l'un sur l'autre ? Ou peut-être que le lien est plus visible ?
De plus, un passage rapide sur l'historiographie récente nous montrera que ces deux événements ne sont peut-être pas assimilables à la définition de la révolte donnée par Zurfluh, on se demande effectivement de plus en plus si ces révoltes n'ont pas réussie au final à faire bouger les choses. Deux événements particulièrement intéressants dans notre parcours sur l'évolution de la société à l'époque moderne puisqu'ils nous montrent les différents problèmes que pouvait y rencontrer le peuple.
[...] En Suisse, nous avons vu que problème débuta à Berne pour se transformer en révolte à Lucerne puis cela se propagea à d'autres cantons. On a déjà ici une révolte supracantonale, certes, la zone de conflit est réduite par rapport à ce qu'il se passe en France, mais remis à l'échelle de cette dernière, c'est comme si tout le Nord de la France s'était embrasé. Proportionnellement, la révolte helvétique touche donc plus de monde et sur une plus grande surface qu'en France. [...]
[...] cit., p COLIN Martin, op. cit., p tiré de http://en.wikipedia.org/wiki/Swiss_peasant_war_of_1653 COLIN Martin, op. cit., p HOLENSTEIN André, Der Bauernkrieg von 1653. Ursachen, Verlauf und Folgen einer gescheiterten Revolution, in Berner Zeitschrift für Geschichte und Heimatkunde, no p Suter Andreas, Bauernkrieg (1653): das Ereignis, in DHS. 1604 1653 : figure à laquelle s'identifia l'Entlebuch, meneur aux objectifs politiques peu clairs et général des paysans à Sumiswald et Huttwil, il fut condamné à mort pour haute trahison et pendu ; Gregor Egloff, in DHS. [...]
[...] par Fabienne GAMBRELLE et al., Paris vol. MOUSNIER Roland, Fureurs paysannes : les paysans dans les révoltes du XVIIe siècle, Paris PILLORGET René, Les mouvements insurrectionnels de Provence entre 1596 et 1715, Paris PORCHNEV Boris, Les soul èvements populaires en France de 1623 à 1648, Paris Article MANDROU Robert, Les soulèvements populaires et la société française au XVIIe siècle, in AESC p.756-765. Suisse : BIERBRAUER Peter, Freiheit und Gemeinde im Berner Oberland 1300-1700, Historischer Verein des Kantons Bern, Berne COLIN Martin, Essai sur la politique monétaire de Berne, 1400- Bibliothèque historique vaudoise, Lausanne HEUSLER Andreas, Der Bauernkrieg von 1653 in der Landschaft Basel, Basel HOLENSTEIN André, Berns mächtige Zeit, das 16. [...]
[...] À cette charge venait s'ajouter les charges militaires habituelles et les charges extraordinaires, toutes deux impositions directes également. La gabelle, impôt pesant sur la circulation de sel, représentait le principal impôt indirect, qui est lui beaucoup plus lucratif pour l'Etat. Elle était encore plus détestée que la taille et semblait être une grande calamité pour la vie paysanne. Sa collecte, tout comme celle de la taille, se faisait sous la pression de la force armée qui possédait des moyens de représailles. [...]
[...] cité, p.393 Rouen étant la seconde ville du Royaume et ville frontière telles sont les raisons pour lesquelles le Roi insiste afin de demander de l'aide à cette ville. Foisil Madeleine, op. cité, p.91 Idem, Ibidem Foisil Madeleine, op. cité, p.137 Foisil Madeleine, op. cité, p137, selon les définitions que Furetière nous donne au sujet de ces deux termes dans son Dictionnaire Régions atteintes de ce privilège, appelé quart bouillon : le Cotentin, la vicomté de Vire, de Domfront, une enclave de la vicomté de Bayeux et l'enclave de Touques, selon Foisil Madeleine, op. cité, p.152 Foisil Madeleine, op. [...]
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