Compte-rendu d'un séminaire de M. Frank Muller intitulé "Un théâtre politique : Le royaume anabaptiste de Münster (1534-1535)". Il s'agit d'une description d'un mouvement tout à fait particulier, né de la Réforme. Elle ne rentre pas dans les détails, mais permet d'avoir une vision concrète du sujet. Document de 2 pages contenant 5800 caractères.
[...] Le mécanisme même de la production du pouvoir, mais d'une façon non autorisée par la société, y est encore mis en lumière. Bockelson outrepasse son rôle de comédien en se proclamant roi, seuls les princes ayant cette prérogative. Enfin notons l'important retentissement a posteriori de cet épisode, notamment au XXe siècle. Certains auteurs ont mis en parallèle cette royauté et le IIIe Reich. D'autres ont vu en cette théocratie les prémices d'une société prétotalitaire. [...]
[...] Tous les habitants refusant le baptême doivent quitter la ville. Ce sont ainsi près de huit mille personnes, à majorité féminine, qui vont former la communauté qui se tourne vers les préceptes de Matthys, directement inspiré par Hofmann : Münster incarne la nouvelle Jérusalem et doit renouer avec l'Eglise apostolique primitive en prônant l'égalitarisme. Après la mort du prophète un de ses proches, Jan Bockelson de Leyde, un comédien, se place à la tête d'un régime qui ne tarde pas à se transformer en royauté absolue : le nouveau roi s'entoure d'une cour, fait étalage de luxe et exige un cérémonial imité des pouvoirs traditionnels autant de pratiques allant à l'encontre du puritanisme voulu par Matthys. [...]
[...] En effet, ce dernier aspirait à une Réforme plus radicale ; à une véritable conception républicaine évitant la hiérarchisation du luthéranisme. Et c'est à sa suite qu'un groupe de ses anciens fidèles va répandre les idées égalitaires des révoltés de la Guerre des paysans de 1525, à Zurich. En Allemagne centrale, Münzer, disciple d'un chef des révoltés de 1525, regroupe autour de lui des émules qui vont essaimer, dans tout l'Empire et aux anciens Pays- Bas, cette conception plus radicale de la Réforme. Ce sont ces groupes qui vont être qualifiés d'anabaptistes ou Wiedertäufer. [...]
[...] Les anabaptistes vont vite représenter une menace pour l'ordre établi. Leur nom, donné par les théologiens officiels, souligne le fait qu'ils ne baptisent que les adultes et non les nourrissons. Ils s'opposent ainsi à la notion de corpus christianum, en développant l'idée du choix, ce qui est difficilement acceptable pour les gens de l'époque. L'hostilité à leur égard s'accroît du fait qu'ils refusent de porter arme et serment ; les autorités les percevant comme un danger potentiel. Certains anabaptistes, véritables biblicistes, vont se regrouper en petites communautés et prôner la séparation d'avec le monde et vivre un christianisme originel, suivant textuellement la Bible. [...]
[...] La contestation anabaptiste continue néanmoins aux Pays-Bas, mais dans une moindre mesure. Münster, royauté anabaptiste, témoigne effectivement de l'association entre le religieux et le politique : les notables de la ville acquis à la cause anabaptiste, des instances politiques au caractère religieux tel ce Conseil des Douze Anciens créé par Bockelson bref tout un régime voué à l'accomplissement des vœux de quelques évangélisateurs. A d'autres moments, le religieux marque le pas sur le politique, notamment dans la lutte contre la cité séditieuse, à laquelle s'associent princes catholiques et protestants. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture