Louis XIV, Louis le Grand, règne militaire, royaume de France, paix universelle, culture de la guerre
La chanson « La Mort de Louis XIV » de 1715 illustre l'ambivalence d'un règne : si Louis le Grand est adoré dans sa jeunesse, aimé et admiré au sommet de sa gloire, il finit désavoué par une partie du peuple et de l'Europe, inquiétée par ses guerres de conquête. Cette même année, d'autres discours plus rhétoriques mettent en avant la complexité de l'image de Louis XIV, en réalisant des bilans du règne.
Notre sujet porte sur le bilan militaire du règne de Louis XIV. Le terme de bilan nous incite à une récapitulation rétrospective de la vie au pouvoir de ce monarque. Faire un bilan militaire, cela signifie dresser un récapitulatif de l'usage des forces armées, de leur organisation, de leurs activités, des conflits menés par ces soldats, des victoires, des défaites, du profil des combattants.
[...] L'écriture du Journal a lieu en 1774, alors que la mort du roi Louis XV laissait entrevoir un renouveau monarchique dans une France en difficulté, tant économique que sociale. Au milieu d'une liesse quasi-unanime, la voix de l'auteur rappelle les bienfaits du règne du défunt, en le situant dans une tradition monarchique plutôt qu'en lui-même. Son Journal est aussi critique : envers le règne du Roi soleil, envers le peuple mécontent. Son texte dresse un portait en négatif du souverain Louis XIV. [...]
[...] Cependant, sans doute sous l'influence du confesseur jésuite du Roi, le père François de La Chaise, Massillon tombe en disgrâce. Des rumeurs de sympathies pour le courant janséniste circulent à la Cour, ce qui lui vaut un exil. Il continue néanmoins d'être apprécié pour ses qualités de prédicateur. Il remplace à l'Académie, à partir de 1718, l'abbé de Louvois. Cependant, étant évêque de Clermont dès 1717, il considère que son devoir d'évêque est de rester dans son diocèse, et s'y retire dès 1721. [...]
[...] Ces difficultés sont les manifestations d'une crise profonde, latente sous tout le règne de Louis XIV, dont les conflits militaires amplifient les effets. Massillon livre ici une description contrastée du règne entier, n'en dissimulant pas les parts d'ombres. La guerre est un élément du règne qu'il condamne. En effet, les défaites des ennemis mêmes « nourrissent les haines, loin de les éteindre » (L11). Les guerres créent de fortes tensions : certaines populations sont annexées sans tenir compte de leur appartenance dynastique, les fortes pertes territoriales de l'Espagne lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, par exemple, fondent un mécontentement et un sentiment anti-français prégnant. [...]
[...] La paix est finalement conclue car les belligérants ne peuvent faire plier la puissante armée française. Un autre élément renvient souvent dans les louanges sur la politique militaire du roi : celui-ci a demandé à Sébastien Le Prestre de Vauban de fortifier de nombreuses villes dans les régions frontalières et sur les côtes. Mention est faite dans le texte de Massillon des « forteresses inaccessibles élevées de toutes parts » (L25). La ceinture de fer de Vauban fut mise en place dès 1678 pour protéger le pays. [...]
[...] Cette œuvre faisait l'écho d'un sentiment largement partagé, sur « les grands maux que cause la guerre, les cruelles inquiétudes sur les évènements futurs, la désolation des frontières, la perte de quantité de bons sujets, le cri perçant et perpétuel des peuples qui demandent la fin de leurs malheurs », selon l'auteur. Le peuple est las de la guerre, prêt à la révolte. S'il est trop tôt pour parler d'une véritable opinion publique en France, il est peu contestable que le débat provoqué par la guerre à la fin du règne de Louis XIV n'ait pas joué un rôle dans l'espace public. [...]
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