Ce que veulent les Français au moment où s'ouvrent les états généraux, il est plus facile de le dire qu'à n'importe quelle autre période de l'Ancien Régime : ils nous en ont laissé témoignage. Suivant l'usage, dans chaque baillage, les assemblées des trois ordres rédigèrent des cahiers de doléances qui devaient être apportés aux états par les députés : dans tout le royaume la moindre corporation de métier fit donc son cahier, destiné à nourrir de ses revendications particulières celui du baillage. L'ensemble de ces cahiers démontre une volonté de vote par tête, une revendication de l'égalité fiscale mais aussi la demande d'une pleine égalité des droits, l'admission de tous aux fonctions publiques et aux grades militaires, l'abolition des droits seigneuriaux avec ou sans rachat : bref, la fin de la société à ordres.
Il ne s'agit plus, dès lors, d'un nouveau gouvernement de l'Etat, mais d'une nouvelle société. Cependant, les nobles rechignent à donner leur accord à cette révolution de l'égalité. Les cahiers de doléances nous décrivent donc une situation politique triangulaire, où le roi de France garde des atouts : car s'il est isolé en face de la révolution libérale qui unit tout son royaume, il reste l'arbitre de la revendication égalitaire entre les nobles et le tiers état. Il n'est pourtant pas intervenu dans la préparation des élections et la rédaction des cahiers. Néanmoins, on ne peut oublier que c'est la tragédie économique et politique qui a permis la rédaction de ces cahiers de doléances et pour arbitrer cette tragédie au nom des souhaits nationaux, le roi dispose de très peu de temps. La rapidité est la condition de son succès, ou de son échec. C'est dans ce contexte que s'ouvrent le 5 mai 1789 les Etats généraux, premier évènement de l'été 1789 qui s'achèvera le 26 août 1789 avec la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen lue par le Marquis de La Fayette. Ce sont ces limites chronologiques que nous adopterons dans ce présent devoir qui suivra un plan chronologique. En effet, nous verrons dans une première partie les prémices du changement de structure sociale en France avant de nous intéresser dans une seconde partie à la fin effective de la monarchie absolue. Ceci nous permettra de dresser un bilan de l'Etat de la France durant l'été 1789.
[...] Le roi leur rappelle qu'il ne les a réunis que pour qu'ils l'aident à rétablir les finances et leur signifie que leur rôle est simplement consultatif, qu'il connaît son autorité et qu'il la maintiendra En réalité, cependant, la convocation des Etats après une interruption de 175 ans est en elle-même insolite. L'opinion s'en rend compte et, dès que la réunion est annoncée, toutes les réformes, souvent utiles, décidées les années précédentes voient leur application suspendue. La vie publique est en quelque sorte arrêtée dans l'attente de remaniements plus profonds. Louis XVI a été apparemment réaliste en admettant, sur les conseils de Necker, le doublement du Tiers, qui compte six cents députés, autant que les deux autres ordres réunis. [...]
[...] En effet, la Déclaration est essentiellement abstraite. De portée universelle, elle exige, pour protéger véritablement le citoyen, d'être précisée par des textes plus techniques : elle ne fournit qu'un cadre idéologique. Néanmoins, ceci n'empêche pas de la considérer comme l'un des fondements du libéralisme moderne, dans la mesure où les Constituants, par abstraction même du texte, ont su trouver une synthèse entre la liberté de l'homme et les exigences de la vie en société. Nous avons pu voir au cours de ce devoir que l'été 1789 annonce non seulement un changement de structure politique et sociale en France mais qu'il met également fin à la monarchie absolue. [...]
[...] La peur engendrait la peur. A l'Assemblée on craignait ces révoltes et on se divisait à chaque séance sur les solutions à apporter pour rétablir l'ordre dans le royaume. Soudain le 4 août en fin de séance le vicomte de Noailles prend la parole et, déclarant que le seul motif du peuple pour dévaster les châteaux étant dû à la féodalité, il suffisait de supprimer tous ces privilèges pour ramener le calme. Le duc d'Aiguillon prend le relais et propose un rachat des droits féodaux puis le duc du Châtelet. [...]
[...] Qu'à cela ne tienne. Le 20 juin, les députés se retrouvent dans une autre salle de Versailles, au Jeu de Paume, où ils jurent sous la présidence de Bailly, ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume fût établie et affermie par des fondements solides». Des gardes entrent dans la salle pour la faire évacuer. Mais des députés issus de la noblesse comme le marquis de La Fayette ou le duc de La Rochefoucauld s'interposent. [...]
[...] Cette première séance se clôturait de manière décevante pour les députés. Aucun mot sur une possible constitution, aucune allusion aux milliers de revendications exposées dans le cahier remis au Roi, aucune certitude sur le type de vote; les députés sortaient très déçus. Le Roi, quant à lui, venait de perdre une bonne occasion de mobiliser l'ensemble des députés derrière lui. Avec un discours comme celui de son ancêtre Henri IV aux précédents Etats Généraux, il aurait pu à la fois conserver au trône un pouvoir exécutif fort et doter la nation d'une constitution garante des libertés. [...]
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