Lucien FEBVRE, en 1942, s'interroge sur les soupçons d'athéisme qui auraient concerné en son temps Rabelais. Quel était le sens du mot « athéisme » à l'époque ? Le XVIe siècle comprend « athée » au sens de « sans religion » : l'athée ne connait pas le vrai Dieu et ne reconnaît pas le Christ en tant que Messie. On emploi « athée » ou « a-Christ », indifféremment. Calvin accuse lui Rabelais d'être un « indifférent ». Pour L. Febvre, les critiques des contemporains de Rabelais ne sont pas fondées. Son oeuvre comporte certes des références irrévérencieuses envers (...)
[...] Après un second séjour en prison pour avoir tenté de libérer un prisonnier, mais rapidement libéré grâce à la bienveillance de Francois Ier, il devient populaire à la Cour et compose ses grandes œuvres poétiques. Mais en 1534, quand éclate l'affaire des Placard, Marot est sur la liste des suspects. Il s'exile en Italie où il s'intéresse de près aux idées réformées, puis revient en France après avoir solennellement abjuré le protestantisme. Puis il fréquente Étienne Dolet et publie des ouvrages qui déplaisent au Parlement, et se rend alors à Genève où il est bien accueilli. [...]
[...] D'autre part, l'œuvre de Rabelais évoque souvent Dieu, et ses personnages s'adonnent fréquemment à la prière. Rabelais serait donc croyant, mais sa croyance s'oppose au formalisme en vigueur à l'époque. Rabelais se situerai donc davantage dans la lignée d'Érasme. Vers 1540-1542 arrivent les termes athée a-Christ libertin et décrivent une réalité qui paraît nouvelle aux contemporains. Assiste t-on à une dérive de l'humanisme débouchant sur l'irreligion ? En 1537, Bonaventure des Périers (meurt en 1544) publie Cymbalum mundi : ses contemporains y voient une œuvre impie, et l'éditeur est condamné. [...]
[...] Il devient écuyer d'Henri de Navarre, participe au combat contre les catholiques. C'est alors qu'il rédige Les Tragiques, long poème, sous forme d'épopée satirique. Il reste fidèle à Henri IV jusqu'à ce que celui-ci se convertisse en 1593. Il trouve l'édit de Nantes trop timoré. Puis il combat Louis XIII avant de mourir à Genève. Il connait très bien la Bible, et croit que l'Humanité entière paraitra au tribunal de Dieu : les justes triompheront lors du Jugement dernier qui verra la résurrection des morts L'œuvre de Jean Bodin (1530-1596) Ancien carme qui s'est fait relevé de ses vœux et qui côtoie le protestantisme lors de ses études de droit à Toulouse. [...]
[...] Mais Bodin pense que dans un pays divisé religieusement, il est difficile de revenir à l'unité, et que cet effort ne peut être fait qu'en dehors de toute violence. Il faut donc utiliser la persuasion à l'égard des protestants, et non les contraindre. Bodin se rallie en 1593 à Henri IV, au moment où il écrit l'Heptaplomérès, ouvrage composé de dialogues entre 7 interlocuteurs qui défendent des positions religieuses différentes. Il en conclut à l'échec de la politique des colloques, à la nécessité de la tolérance, et au refus de l'athéisme. [...]
[...] Il se dit dégoutté de la nouvelleté Il s'intéresse un moment aux idées réformées, mais reproche très vite aux protestants d'avoir bouleversé l'ordre de la société. La paix civile importe plus que tout. Mais il reste opposé à tout emploi de la violence pour des raisons religieuses. Il dénonce l'exploitation de la religion par les factions politiques, la pratique de la torture religieuse, la fanatisme. Son œuvre (et en particuliers les Essais) offre une réflexion sur la liberté de conscience. [...]
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