La diffusion progressive de la foi chrétienne dans le milieu impérial romain à partir du IVe siècle, avec la conversion de Constantin, et l'adoption du christianisme comme religion officielle par Théodose en 380, a des conséquences importantes sur le développement de l'iconographie chrétienne, et en particulier sur la représentation du Christ. Une fois converti, le palais impérial a en effet largement contribué à l'essor de l'iconographie chrétienne, et cette action du palais a précédé les interventions systématiques de l'Eglise en ce domaine. La marque de l'iconographie impériale sur l'art chrétien apparaît de diverses manières : par l'appropriation de thèmes et de sujets, par les emprunts de détails iconographiques, par la réutilisation de certains schémas.
C'est au thème du pouvoir suprême de Dieu que l'art impérial contribua le plus. Ce pouvoir suprême est incarné par la majesté et la royauté du Christ, qui vont s'exprimer à travers une réutilisation de nombreux attributs impériaux. Des points de convergence s'établissent en effet entre la figure de l'empereur et celle du Christ : le culte impérial confère à l'empereur un caractère semi-divin tandis que le Christ revêt une sorte de royauté spirituelle.
Notre étude portera sur l'expression iconographique de la royauté du Christ dans l'art du IVe au VIe siècle. Nous chercherons à déterminer comment et dans quelle mesure l'iconographie triomphale impériale a été adaptée par les artistes pour représenter le Christ.
Plusieurs motifs et schémas iconographiques utilisés pour représenter le Christ semblent directement issus du répertoire de l'art officiel : dans une première partie nous relèverons les éléments principaux de cette récupération. Puis dans un second temps, il s'agira d'expliquer dans quelles conditions politiques, artistiques et morales s'est opéré le transfert.
[...] Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Hosanna au plus haut des cieux 10 Quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi: "Qui est-ce disait-on; 11 et les foules répondaient: 'C'est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée". Marc, XI, Lorsqu'ils approchent de Jérusalem, près de Bethphagé et de Béthanie, vers le mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples 2 et leur dit: "Allez au village qui est devant vous; dès que vous y entrerez, vous trouverez un ânon attaché que personne n'a encore monté. [...]
[...] Les premiers célèbrent la victoire du souverain et proclament sa puissance, les seconds reconnaissent en lui leur seigneur et se soumettent à son pouvoir. Or, dans l'art chrétien, nous retrouvons la même symbolique : les saints ou martyrs porteurs de couronnes glorifient le triomphe du Sauveur, les Mages et les vieillards de l'Apocalypse reconnaissent la royauté de Jésus. A Ste-Pudentienne, le geste des deux femmes qui tendent vers le Christ leurs couronnes de laurier reprend le mouvement des Nikaï couronnant l'empereur triomphateur. [...]
[...] Sur la scène du Congiaire de l'arc de Constantin, l'empereur remet à un personnage plusieurs tessères que celui-ci reçoit dans un pan de son manteau ; sur le missorium de Théodose, l'empereur central tient dans la main droite un codicille qu'il remet au dignitaire debout devant lui et qui contient sa nomination. Missorium de Théodose, IVe siècle Les images de l'investiture par l'empereur ont pu inspirer également les scènes où le Christ tend une couronne à un saint, qui la reçoit dans un pan de son manteau (mosaïque de St-Vital de Ravenne, VIe siècle). La composition de ces scènes a l'allure d'une cérémonie de la cour, et l'ordonnance générale ainsi que les gestes des figures sont proches de ceux de la donation à St Pierre. [...]
[...] Médaille en or. Londres, British museum. Adventus de Constance II. Plat en argent. Leningrad, musée de l'Ermitage La représentation de la majesté du Christ Les œuvres qui mettent en scène la majesté du Christ sont nombreuses et peuvent être classées en plusieurs catégories : les scènes d'investiture (de St Pierre ou des saints), les scènes où le Christ préside la réunion d'apôtres et les scènes d'offrande au Seigneur. Le motif du trône est de plus en plus fréquent dans ces scènes. [...]
[...] Ce sujet reprend le type le plus récent de l'iconographie impériale, car les artistes choisissent une composition frontale, comme c'est l'usage depuis le règne de Constantin. Le motif du trône du Seigneur est probablement inspiré par le chapitre IV de l'Apocalypse. Il est ainsi facile les mosaïques de Ste-Pudentienne et Ste-Marie-Majeure avec le relief du Congiaire de l'arc de Constantin. Plusieurs mosaïques du Ve siècle portent le motif du Trône du Seigneur. La place du Christ y est prise par un ou plusieurs objets symboliques. [...]
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