Période de croissance démographique et économique mais aussi de normalisation intense, les XII et XIII siècles oscillent entre expansion et blocages. « Temps d'équilibres, temps de ruptures » comme le souligne Monique Bourin. C'est dans ce contexte très particulier de tiraillements entre une certaine diversification des activités, des techniques, des espaces, et la permanence, ou, à tout le moins, la lenteur de certaines évolutions, notamment en ce qui concerne les structures économiques, seigneuriales et religieuses, fonctionnant souvent comme des forces de rappel, c'est dans ce contexte donc, que la monnaie voit sa diffusion croître, ses fonctions changer et sa nature être l'objet d'interrogations profondes
[...] En effet, la reconnaissance de l'individu en tant que conscience indépendante oblige à poser la question de la coordination, coordination et convergence de volontés essentiellement différentes vers l'unité de la communauté et du bien collectif. Ce qui modifie considérablement la perception de la monnaie, qui devient un instrument-clé de cette coordination[9]. La monnaie commence donc à être pensée aussi comme un outil de politique social, ou du moins, les implications sociales de la politique monétaire sont mieux discernées : la monnaie devient ce lien entre chacun ( intermédiaire des échanges entre personnes ) et ce lien entre tous, pour tous, expression de la communauté. [...]
[...] Enfin, dernier objet de questionnement, le droit de mutation monétaire : la monnaie relève de l'autorité du prince, il a donc libre droit de procéder à des mutations, dans la limite, cependant, de maintenir stable l'unité de compte, de mesure des valeurs. Une fois qu'on a édicté ces règles, il s'agit de savoir si elles sont respectées. On a souvent insisté sur le non respect de l'interdiction de l'usure. En ce qui concerne les mutations monétaires, une lecture rapide conduirait au même constat. On a ainsi tendance à développer l'idée que les autorités sont souvent prises dans ce que J. [...]
[...] Même si nous ne partageons pas entièrement la thèse centrale du livre, à savoir que c'est la hausse considérable de métal et par suite de monnaie en circulation qui a permis et donné l'impulsion à la révolution commerciale, il est tout à fait clair que l'étroitesse des liens entre monétarisation et révolution commerciale a considérablement modifié les relations spatiales au XII et XIII siècles, même si certaines aires géographiques ( mais pas le Languedoc) sont restées relativement à l'écart des ces mutations. Nouvelle passion du raisonnement parfaitement illustrée par le Sic et non d'Abélard par exemple. [...]
[...] Ainsi, Spufford insiste lourdement sur le rôle de la monétarisation dans la liberté beaucoup plus grande offerte aux seigneurs de vivre où ils le désirent, favorisant de ce fait l'expansion de grandes capitales politiques, rassemblant une cour plus dense et stimulant la demande pour les biens de luxe. En outre, l'urbanisation et la dynamique urbaine sont bel et bien l'un des traits déterminants de l'histoire des XII et XIII siècles, accélérant le temps de l'histoire par le poids nouveau des populations urbaines, comme l'a écrit Fernand Braudel. Nous aurons l'occasion de revenir sur le caractère très particulier de l'urbanisation en Languedoc et sur l'importance de la croissance exponentielle de Montpellier - véritable ville-champignon- dans notre étude. [...]
[...] Notons ce point avec attention : car pour les contemporains, la monnaie de compte n'est pas un artifice comptable, c'est une monnaie, c'est une vérité monétaire. Lorsqu'ils échangent, établissent précisément leur compte en monnaie, mais règlent en nature, ils sont déjà dans une réalité monétaire. La question est donc d'éclairer les motivations économiques, sociales, religieuses (etc) qui les conduisent, dans certains échanges, à utiliser la monnaie sans l'utiliser, si l'on peut dire. Deuxième question, celle de la valeur de la monnaie. [...]
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