'D'elle-même, la Réforme est née partout. Partout en France, en Suisse, elle fut indigène, un fruit du sol et des circonstances diverses qui pourtant donnèrent un fruit identique'.
En citant l'historien français Jules Michelet nous percevons rapidement une des tendances fortes de l'approche historiographique de la Réforme protestante du XVIe. L'émergence de ce mouvement réformiste a, durant de nombreuses années, été décrit par les historiens comme un phénomène bref et uniforme remettant en cause le monopole théologique de l'Eglise romaine et construisant, in fine, un clivage d'importance majeure entre deux Eglises se revendiquant chacune comme l'institution véritable, c'est-à-dire celle qui assure une continuité entre les croyants et les premiers siècles du christianisme. Cette approche historique de la Réforme, construite aussi bien par les milieux catholiques que par les cercles protestants, a, cependant, été l'objet d'intenses discussions entre certains historiens du XXe siècle. Avec des travaux tels que ceux de Lucien Febvre et Pierre Chaunu, une réelle volonté d'historicisation de la Réforme et de ses différentes ramifications a progressivement vu le jour. Febvre nous incite à ne pas parler de la Réforme mais des Réformes afin de mettre en avant la pluralité des mouvements réformistes alors que Chaunu cite les écrits du théologien tchèque Jean Hus ou de l'anglais John Wyclif pour démontrer que la logique protestante ne peut être considérée comme une création ex-nihilo du XVIe siècle.
L'historiographie du XXe concernant le mouvement réformiste s'est également attachée à appréhender les conditions religieuses et sociales de l'émergence de ce phénomène. De nombreux ouvrages ont ainsi été consacrés à la vie des grands penseurs protestants tels que Luther, Calvin, Zwingli… et à l'explication de la rapide progression de leurs idéaux.
En parallèle de cette historiographie contemporaine, nous pouvons donc nous demander comment un mouvement crée par un moine augustin allemand, Luther, dans une ville de Wittenberg qui ne dépassait pas les deux mille habitants à l'époque, a-t-il pu devenir, en l'espace de quelques générations, un mouvement d'ampleur européenne et aux ramifications multiples ?
[...] Il s'oppose à la sacralisation de toute substance terrienne. Calvin s'est, en outre, beaucoup centré, au cours de ces réflexions théologiques, sur la notion de prédestination divine. Celle-ci préconise que Dieu choisit directement ses les uns sont prédestinés au salut, les autres à la damnation Face à des situations minoritaires fréquentes, Calvin veut exalter la résistance de ses partisans. La prédestination calviniste remet en cause le concept de sacerdoce universel si cher à Luther. La Formule de concorde de 1578 qui stabilise l'orthodoxie luthérienne rappelle, par conséquent, que le Christ s'est sacrifié pour tous les Hommes et que la prédestination ne peut être acceptée comme une notion fondamentale du protestantisme. [...]
[...] Bibliographie Ouvrages - BELLINGER, Gerhard J., Encyclopédie des religions, Paris, La Pochothèque p. - CHAUNU, Pierre, Les temps des réformes. La crise de la chrétienté. L'Eclatement, Paris, Fayard p 369-538. - CHRISTIN, Olivier, Les Réformes. Luther, Calvin et les protestants, Paris, Gallimard p. - DELUMEAU, Jean, WANEGFFELEN, Thierry, Naissance et affirmation de la Réforme, Paris, PUF p. - STAUFFER, Richard, La Réforme et les protestants in PUECH, Henri- Charles, Histoire des religions. Tome II, Paris, Gallimard p 911-978. [...]
[...] Des prédicateurs comme Jean Hilten annoncent l'imminence de l'Apocalypse. Ce dernier fixe, par exemple, à 1516 la ruine de la papauté et à 1651 celle du monde. Même les croyants les plus pratiquants, comme le jeune moine Luther, perçoivent le Salut comme une barrière insurmontable. Dans un tel contexte, il ne faut pas croire que la société dans laquelle émerge le protestantisme ne soit pas marquée par le fait religieux. Lucien Febvre évoque, au contraire, un immense appétit de divin au début du XVIe siècle. [...]
[...] L'Acte de suprématie qu'il rédige en 1534 consacre sa supériorité vis-à-vis de l'Eglise romaine. Même si le protestantisme est promu en Angleterre, au XVIe siècle, par des hommes de pure conviction religieuse, il ne peut jamais s'éloigner réellement de la sphère politique. Elizabeth sur le trône de 1558 à 1603, obtient, par exemple, sa légitimité grâce au protestantisme qui reconnait le mariage d'Henri VIII et de sa mère, Anne Boleyn. En Suède, le Roi Gustave Vasa organise, à partir de 1544, une religion d'Etat basée sur le protestantisme afin de pouvoir séculariser les biens de l'Eglise. [...]
[...] On assiste donc à l'affirmation d'une Eglise territoriale. Luther a ainsi toujours permis aux Princes une adaptation flexible à sa doctrine: il n'était pas question de changer de fond en comble et du jour au lendemain la religiosité de chaque membre des différentes régions dont le Prince avait adhéré au luthérianisme. Il est alors indifférent aux adiaphora, c'est-à-dire à tous les points du culte qui ne lui semblent pas essentiels. En Angleterre, le principal facteur explicatif de l'émergence de la Réforme est politique. [...]
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