Qu'est-ce que le Tiers Etat ? Emmanuel Sieyès

Résumé du document

Qu'est-ce que le Tiers Etat ? est un pamphlet publié par l'Abbé Sieyès en janvier 1789 en prélude à la convocation des Etats généraux.
Emmanuel Joseph Sieyès y présente et critique la situation du moment, et indique les réformes souhaitables, notamment que le vote de chaque ordre se fasse proportionnellement à sa représentativité réelle dans la Nation. Cette mesure est évidemment favorable au Tiers Etat, qui représente près de 95% des Français en 1789. Il donne les prémisses de l'avènement d'une assemblée nationale constituante.
L'ouvrage de Sieyès, très abordable, eut un succès retentissant. D'une ironie acerbe, il démontre que le Tiers Etat représente la majorité de la population du royaume de France, en nombre et en économie. Ce pamphlet détermine la politique à suivre pour obtenir le vote par tête et non par ordre. Les théories démocratiques et égalitaires exprimées dans le texte furent utilisées au XIXe siècle par les théoriciens du libéralisme mais aussi par les marxistes, bien qu'un historien marxiste ait reconnu que Emmanuel Joseph Sieyès était plus un apologiste de l'individualisme capitaliste qu'un adepte d'un Etat socialiste égalitaire.
La brochure Qu'est-ce que le Tiers Etat ? eut un impact très important sur son époque. En effet, le message du libelle, les idées exposées préfigurent de ce qui se passera en France quelques mois plus tard, pendant la Révolution.

Extraits

[...] Le Tiers Etat ne représente rien dans l'ordre politique. Parmi les 25 millions de Français que compte le Royaume de France à la veille de la Révolution, les Nobles sont entre et et les membres du Clergé sont environ Les privilégiés ne représentent donc pas plus de de la population française. Ce sont pourtant eux qui ont tous les pouvoirs. Lorsqu'on n'a pour soi que la protection de la loi commune, lorsqu'on ne tient pas à quelque privilège, il faut se résoudre à endurer le mépris, l'injure, les vexations de tout espèce. [...]

[...] Tant mieux ! Il composera une Assemblée nationale. La Nation, nouvelle entité dont Sieyès fut l'un des créateurs est un concept dont la fortune sera immense. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen énoncera ce dogme fondamental : Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. La Nation remplace le roi de droit divin. [...]

[...] L'ouvrage Qu'est-ce que le Tiers état ? est donc un projet pour une Nation, corps d'associés vivant sous une loi commune dont le prince serait le premier citoyen Sieyès est, avec le Comte Mirabeau, un des fers de lance de son ordre. Ils sont à l'origine de la réunion des trois ordres aux Etats généraux, le 27 juin 1789, et de la constitution d'une Assemblée Nationale le 17 juin 1789. L'ouvrage de Sieyès est, en germe, le Serment du jeu de paume du 20 juin 1789, l'abolition du régime féodal lors de la nuit du 4 août, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août, et la fin du droit divin au profit d'une monarchie strictement parlementaire. [...]

[...] L'influence de l'ouvrage de Sieyès sur son époque Emmanuel Joseph Sieyès, fils d'un receveur des domaines, est né le 3 mai 1748 à Fréjus. Sa santé délicate et le vœu de ses parents le contraignent à entrer dans les ordres malgré son absence de vocation. Il sort prêtre de Saint-Firmin en 1772 et devient vicaire général de Chartres en 1787. A la recherche de ressources nouvelles, la noblesse ressuscite les vieux droits féodaux et fait enclore le tiers des communaux. [...]

[...] Le Tiers Etat est une Nation complète. Il est l'homme fort et robuste dont un bras est encore enchaîné. Rien ne peut aller sans lui. Tout irait mieux sans les autres. Sieyès prouve que le Tiers représente toute l'utilité sociale. En effet, les membres du Clergé et de la Noblesse n'ont pour lui aucune utilité sociale, les nobles n'ayant pas le droit d'exercer de profession, hormis celle concernant le négoce maritime ou la soufflerie de verre. Tous les travaux sont supportés par le Tiers, que ce soit les travaux des champs, les travaux industriels, les travaux commerciaux ou les autres travaux particuliers et des soins directement utiles ou agréables à la personne Et pourtant l'importance du Tiers est nulle. [...]