La Paix de Dieu est un mouvement qui se développe au sein du clergé français à la fin du Xe et au début du XIe siècle et qui vise à limiter les guerres privées entre les seigneurs du royaume.
Cette paix de Dieu nous est connue grâce à Raoul Glaber qui nous en a laissé une trace dans Historiarum libri quinque ab anno incarnationis DCCCC usque ad annum MXLIV (Cinq livres d'Histoire depuis l'an 900 après l'Incarnation jusqu'en l'an 1044), l'une des uniques chroniques qui nous soit parvenue de son temps. Elle commence en l'an 900 et s'ordonne surtout entre la célébration de deux millénaires sacrés, ceux de la naissance et de la mort de Jésus (L'Incarnation et la Passion, les années 1000 et 1033). A ce titre, on peut parler de « monopole sur le marché historique des années 1000-1050 » (pour reprendre l'expression de Daniel Milo).
L'affaiblissement progressif du pouvoir royal sous le règne des derniers Carolingiens et l'insécurité liée aux guerres privées que se livrent alors les seigneurs locaux ont comme conséquences, au Xe siècle, d'importantes perturbations de l'activité humaine, notamment agricole, et le ravage récurrent des terres cultivées, notamment celles de l'Eglise. A partir d'un concile qui se tient à Charroux, en 989, des ecclésiastiques font écho aux aspirations du peuple et tentent de limiter ces violences pour ramener l'ordre dans le royaume.
Le texte traite de la fin des malheurs terrifiants qui se sont abattus sur le royaume de France vers l'an 1033. Il faut considérer cette nouvelle félicité comme une chance et imposer une loi sacrée. Cette loi sacrée est tout d'abord une paix inviolable sous peine de graves punitions, entraînant ainsi l'interdiction certains jours de la semaine de faire la guerre. Raoul Glaber fait ensuite une liste des interdits alimentaires pouvant aussi donner lieu à une aumône aux pauvres et parle de miracles qui se sont déroulés. Cela aboutit à un pacte perpétuel qui s'il est bafoué entraîne une sanction.
Nous pouvons nous demander : Quels sont les objectifs de cette paix de Dieu ?
Nous verrons dans une première partie le renouveau, dans une seconde partie les agissements du bon chrétien et dans une troisième partie, la réaffirmation du pouvoir de l'Eglise.
[...] Le jeûne du Vendredi avait été imposé bien longtemps auparavant par le pape Leon IV (847-855). L'aspect religieux évident de ce jeûne rappelle l'eucharistie (le corps et le sang du Christ). En jeûnant, on peut se rappeler ce que le Christ a laissé pour tous les Chrétiens et ainsi agir en tant que bon chrétien. La transgression de ce jeûne donne lieu à une aumône à trois pauvres, trois rappelant ici la trinité (le père, le fils et le saint esprit). [...]
[...] Les propriétaires et donc ceux qui ont les moyens de s'armer pour faire la guerre sont visés plus que les autres par la paix de Dieu. Le droit d'asile a une certaine limite. Il ne faut pas s'être rendu coupable de crime de sang. L'Eglise protège les faibles et non les meurtriers. Nous avons vu dans cette partie ce qui constituait la paix de Dieu voyons maintenant comment le pouvoir de l'Eglise va se réaffirmer. III) La réaffirmation du pouvoir de l'Eglise Les turpitudes de l'abondance Cependant au bout de cinq années, la paix devait être réaffirmée par la même cérémonie célébrée de tous sur la terre de manière étonnante (l.45- 47). [...]
[...] son créateur D'où la nécessité de rappeler cette paix tous les cinq ans, ainsi que tous les interdits qui font partis intégrante de la paix. De manière générale, le mouvement de la Paix de Dieu n'était pas très efficace, mais il avait créé un précédent. La trêve de Dieu Il arriva en ces temps, sous l'inspiration de la grâce divine que fut conclu un pacte (l.48-50) Il fut décidé par tous d'appeler ce pacte trêve du seigneur (l.56) De 1037 à 1041, un concile réuni à Arles définit les dispositions de la trêve de Dieu. [...]
[...] Ces sanction spirituelles montrent l'importance que donne l'Eglise à cette trêve de Dieu, malgré sa modeste efficacité. Conclusion Les objectifs de cette paix de Dieu sont triples. Il faut repartir sur des bases saines, se rappeler ce qu'est être un bon chrétien et enfin réformer le pouvoir de l'Eglise. Raoul Glaber, soucieux d'ordre moral, montre une Eglise désireuse de changement et en ce sens le mouvement de paix et de trêve de Dieu est une étape fondamentale dans la christianisation de la guerre, dans la réforme de l'Église et dans la préparation des croisades. [...]
[...] Les ecclésiastiques rassemblent le peuple dans des conciles où l'on apporte le corps et les reliques des saints. Le texte laisse à penser que c'est seulement à partir de 1033 que les conciles commencent à parler de cette paix de Dieu. Mais des conciles se tiennent déjà en 989 à Charroux, à Narbonne en 990 et à Poitiers en 1000 et 1014. Le dernier en date est celui de Bourges qui a lieu en 1031 et qui s'illustre en tant que concile réformateur (la paix n'y a pas une place importante mais c'est là qu'on y rappelle les interdits ecclésiastiques). [...]
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