L'élite intellectuelle espagnole entretient des relations suivies avec les milieux humanistes d'Italie et des Pays-Bas. Le cardinal Cisnernos, archevêque de Tolède depuis 1495 et Inquisiteur général depuis 1507, est le fondateur de l'université d'Alcala de Henares, réputée pour être un foyer humaniste ; et il publie un foyer polyglotte. L'oeuvre d'Erasme est traduite en espagnole et intéresse de hauts personnages comme Alfonso Fonseca, successeur de Cisnernos à l'archevêché de Tolède ; ou Alonso Manrique, nouvel Inquisiteur général (...)
[...] Une cargaison d'ouvrages luthériens entrent tout de même en Espagne en 1523, et des fouilles sont organisées dans tout le pays pour les retrouver. La répression anti-luthérienne connait un premier temps fort entre 1527 et 1535, puis après 1549. Mais elle est en définitive très limitée et ponctuelle, puisque le luthéranisme avéré est un phénomène très rare dans la péninsule. Mais les partisans d'Érasme sont de plus en plus assimilés à des Luthériens, d'autant plus que beaucoup sont des conversos. Un autre problème préoccupe sous le règne de Charles Quint : la Castille connait une vague de mysticisme. [...]
[...] Censure et fermeture La censure fait partie des prérogatives de l'Inquisition. Dès 1490, les inquisiteurs font bruler un grand nombre de Bibles hébraïques, et peu après des ouvrages sur le judaïsme et la sorcellerie. Cisnernos organise un autodafé de manuscrits arabes à Grenade. En 1550 paraît une première liste des livres interdits, sur laquelle se trouve Zwingli et Luther, mais aussi le Coran et des livres écrits en flamand ou en allemand. De nouvelles listes paraissent, et la plus longue est l'Index de Valdès qui paraît en 1559 : s'y trouvent toutes les œuvres d'Érasme, les éditions de la Bible non assortis des commentaires officiels, les traités de spiritualité en langue vulgaire, de nombreuses pièces de théâtres, et le Lazarillo de Tormes (certains passages étant taxés d'anticléricalisme). [...]
[...] Le 25 octobre 1566, des scellés sont posés par les inquisiteurs sur toutes les librairies de la ville, et l'on procède à l'examen des fonds, livre par livre. La meilleure façon de protéger le catholicisme espagnol semble être de fermer l'Espagne à toute influence étrangère. Dès 1559, les étudiants des Pays Bas présents en Espagne sont contraints de regagner leur pays ; et il est interdit à tout étudiant espagnol de se rendre à l'étranger pour faire ses études. Paradoxe donc d'un pays qui s'ouvre sur le Nouveau Monde, mène une politique impérialiste, et en même temps se ferme sur lui même dans le domaine intellectuel. [...]
[...] La grande persécution anti-protestante au début du règne de Philippe II Pour Philippe II, le protestantisme est le pire des dangers. Il assiste à l'éclatement religieux de l'empire que son père n'a pas su empêcher. Dans sa retraite de Yuste, Charles Quint redoute que l'introduction de l'hérésie en Espagne n'arrive au même résultat que dans l'Empire. Le père comme le fils voient dans le protestantisme une perversion de la foi risquant de dégrader le tissu social et de remettre en cause les structures de la hiérarchie de l'Église et de l'État. [...]
[...] Certaines se dissent prophétesses et ont des visions. ex.: Catalina de Cardona quitte la cour pour aller vivre dans une grotte. Mais ces alumbrados paraissent pouvoir se passer du secours de l'Église et des ecclésiastiques. Fait aggravant : certains de ces alumbrados sont des conversos. Dès 1525, l'Inquisition publie un édit contre les alumbrados, ce qui donne le signal de la répression. Les inquisiteurs suspectent les alumbrados de luthéranisme, et leurs reprochent leur pratique de l'abandon à la volonté divine qu'ils considèrent comme très proches de la doctrine luthérienne de la grâce. [...]
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