Jusqu'à la fin de la reconquista, symbolisée par la prise de Grenade en 1492, la péninsule ibérique est divisée entre des royaumes espagnols chrétiens et l'Al-Andalus à majorité musulman. Une certaine paix inter-confessionnelle y est respectée, comme en atteste dans les territoires islamiques le pacte d'Omar et la dhimmitude qui offrent une relative liberté de culte aux minorités non musulmane, ou le Roi Alphonse VII de Castille au XIIe siècle qui se voyait «roi des trois religions» : christianisme, islam et judaïsme.
Mais l'union de Ferdinand II d'Aragon et d'Isabelle de Castille va permettre de réunir en 1474 les deux royaumes afin de réaliser l'unité politique de l'Espagne chrétienne.
Dès lors, ces Rois « très catholiques » comme les appelle le pape Alexandre VI, vont rechercher un dénominateur commun pour rassembler le peuple et se tournent vers la foi catholique. Ainsi, la construction de la Nation espagnole se fait en négatif de l'autre, à savoir des minorités musulmanes ou juives désormais indésirables, mais repose sur une certaine modernité politique dont les conséquences préfigurent les totalitarismes des siècles suivants.
Dans un premier temps, nous étudierons l'appropriation du religieux par le politique avec le passage de la tolérance à l'intolérance religieuse pour réaliser l'unité, puis nous étudierons les conséquences de la recherche de cette unité, avec l'apparition d'un proto-racisme.
[...] L'objet des tribunaux inquisitoriaux est très précis: il s'agit dès lors de rechercher parmi les Juifs convertis au catholicisme, ceux qui ne se sont convertis que par intérêt en raison des avantages liés au catholicisme. À partir de 1535, l'Inquisition délivre des "certificats de pureté du sang" aux personnes ne possédant pas d'ancêtre juif ou musulman. Ces certificats sont non seulement exigés pour l'accès à l'armée, aux charges du Saint Office, l'entrée des universités, mais aussi demandées par les familles à la veille des mariages. [...]
[...] On recherche l'unité par la foi. Sa grande violence participe à son «efficacité» et donc à son imprégnation dans les consciences. En 1882, Victor Hugo fait de Torquemada, le premier Inquisiteur général, une figure du fanatisme politique et religieux. En réalité, on constate que l'Inquisition sert le politique, et fonctionne comme une véritable administration centralisée et nationale, fait unique à cette époque en Europe.[2] Les tâches de la Suprema[3] étaient diverses : elle élaborait les instructions auxquelles les tribunaux locaux devaient se conformer et qu'elle modifiait en fonction de la conjoncture politique et religieuse; elle contrôlait les inquisiteurs provinciaux et jugeait les causes les plus graves en appel. [...]
[...] L'Espagne inquisitoriale à la recherche de son unité Jusqu'à la fin de la reconquista, symbolisée par la prise de Grenade en 1492, la péninsule ibérique est divisée entre des royaumes espagnols chrétiens et l'Al-Andalus à majorité musulman. Une certaine paix inter- confessionnelle y est respectée, comme en atteste dans les territoires islamiques le pacte d'Omar et la dhimmitude qui offrent une relative liberté de culte aux minorités non musulmanes, ou le Roi Alphonse VII de Castille au XIIe siècle qui se voyait «roi des trois religions» : christianisme, islam et judaïsme. [...]
[...] Signifie «porcs» en espagnol. Les «conversos» d'origine juive s'étaient majoritairement bien assimilé et occupaient parfois des positions importantes. Il s'appuie notamment ici sur la définition du juif par Fray Francisco de Torrejoncillo en 1673 qui considère comme «pleinement juif» celui qui ne l'est qu'à huitième». [...]
[...] Bibliographie CALMETTE, Joseph, La formation de l'unité espagnole, Flammarion, Collection L'Histoire POLIAKOV, Léon, Histoire de l'antisémitisme, de Mahomet aux Marranes, Calmann-Lévy DEDIEU, Jean-Pierre, L'Espagne de 1492 à 1808, Belin Sup Histoire YERUSHALMI, Yosef Hayim, De la limpieza de sangre espagnole au nazisme: continuités et ruptures, Esprits, Mars 1993 Surtout après les vagues antijuives, comme en 1391, en partie consécutives à la grande peste de 1348 ou aux problèmes de récolte. Pour Pierre Chaunu, elle est une «intolérance organisée, institutionnelle et bureaucratisée.» L'Inquisiteur général était assisté d'un conseil de la suprême et générale inquistion, vulgairement appelée Suprema, composé de 6 membres qu'il nommait, sur proposition du roi. Signifie «espagnol» en hébreu. [...]
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