Loin de dériver de la piraterie, la course, dès l'origine, apparaît, au contraire, comme une réaction contre l'injustice que constitue l'appropriation par les armes du bien d'autrui – ce qu'est exactement la piraterie. Obligation est alors faite à tout particulier, qui se croit lésé par agression étrangère, de recourir à son souverain pour obtenir la permission d'user de représailles. C'est ce qu'on appela demander des « lettres de marque », lesquelles autorisent l'impétrant à franchir la « marque » (frontière) afin de poursuivre les agresseurs et de se payer sur eux du dommage causé. En réalité, la lettre de marque ne suffit pas à faire de son détenteur un corsaire véritable. Elle ne représente qu'une première tentative pour mettre de l'ordre dans une situation anarchique mais il se passera du temps avant que le corsaire ne soit bien différencié du pirate. D'autant que certains souverains ne respectèrent pas l'esprit de la lettre de marque. Ils accordèrent parfois des licences à des étrangers pour piller les navires qu'ils convoitaient. La législation qui devait finalement enfermer l'activité corsaire dans des limites bien déterminées se fit lentement, n'atteignant sa forme définitive qu'au XVIIe siècle.
[...] En ce qui concerne les pertes, ce dont il faut tenir compte avant tout, c'est que la course était une véritable loterie. Le beau coup de filet rapportant gros restait toujours aléatoire. Souvent, le corsaire rentrait bredouille ou n'ayant fait que des prises de peu de valeur. Il lui arrivait aussi d'être pris lui-même. Alors tout le monde y perdait. Quant aux trésors des corsaires ils n'ont existé qu'à l'époque de l'escumerie et des chiens de mer lorsque l'objectif était le pillage des flotas de plata. Du point de vue de son influence sur les hommes, les opinions sont partagées. [...]
[...] Les désertions et les mutineries n'étaient pas plus fréquentes que dans la marine militaire. Et lorsqu'il fallait se battre, la tenue au feu des corsaires n'était pas moins bonne que celle de leurs adversaires. A en juger par les cas et ils ne sont pas rares de captures de gros navires bien armés par de petits corsaires mal équipés, il y a même lieu de penser qu'elle fut souvent meilleure. III. Les campagnes en mer A. La conduite des opérations 1. [...]
[...] A propos de combats, il faut rappeler que l'objectif de la course était essentiellement commercial. Les récits faits par les capitaines étaient toujours brefs et précis et les circonstances du combat rapportées très sommairement. Il est vrai que dans beaucoup de cas, l'adversaire baissait pavillon à la première bordée, parfois même au coup de semonce. Il ne faut pourtant pas croire que les navires attaqués se rendaient tous sans résistance. Jadis, les navires marchands, même les neutres, étaient armés donc capables de se défendre. [...]
[...] La procédure à suivre après chaque capture est indiquée dans les ordonnances sur la course. Un détachement est envoyé à bord de la prise avec l'écrivain pour faire un constat, opposer les scellés et recueillir les documents nécessaires. Tout pillage à bord des prises était interdit mais les hommes du détachement trouvaient souvent le moyen de s'approprier ce qui pouvait être facilement dissimulé. C'était, en quelque sorte, la part du feu. L'amarinage terminé, il fallait conduire la prise à bon port, en plaçant à bord un équipage de prise sous les ordres d'un conducteur et d'un capitaine de prise. [...]
[...] Cela prouve, au moins, que l'entreprise corsaire était soigneusement contrôlée Les tribunaux Anglais. En Angleterre, la juridiction en matière de prise relevait, comme en France, d'une Haute Cour d'Amirauté (High Court of Admiralty) qui fonctionnait depuis le XIVe siècle et qui fut ensuite souvent rénovée. Le premier Prize act date de 1649. Par la suite, au début de chaque guerre, des ordonnances similaires furent promulguées sur ce chapitre. Des tribunaux coloniaux furent établis également à la Jamaïque d'abord, ensuite dans d'autres territoires de la Couronne outre-Atlantique, au fur et à mesure que l'Angleterre étendait ses conquêtes dans ce secteur Les liquidations. [...]
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