« L'an mil cinq cent quarante neuf, le seizieme jour de juin, le Roy feit son entrée en armes à Paris, la plus riche et magnifique, qui fut jamais veuë entre les françois, tant du costé du Roy que de la part de la ville, laquelle n'avoit en rien espargné ses trésors, ny ses bons esprits, pour rendre l'honneur deu à son Prince, tant en habits et ornements, qu'en theatres et belles inventions, dont je decriray en passant les plus singulières. »
Gilles Corrozet, imprimeur et poète, dans sa description de l'entrée du Roi Henri II et de Catherine de Médicis à Paris datant de 1561, commence par expliquer comment cette cérémonie festive a pour acteurs aussi bien le Roi et la Reine, que Paris et ses habitants. L'entrée du couple royal à Paris est une grande démonstration des richesses du pouvoir et des œuvres des artistes commandés par le pouvoir.
Quel est le rôle de cette entrée royale à Paris ? Quels moyens sont utilisés pour appuyer la magnificence de cette entrée ?
Ainsi, seront étudiées l'entrée d'Henri II en tant qu'affirmation du pouvoir royal, puis l'expression artistique en tant que moyen de cette affirmation.
[...] Ainsi, cette œuvre est la représentation du don de Paris au Roi. Et puisqu'à vous je suis, tout est vostre à présent. La cérémonie festive de l'entrée du couple royal à Paris a également pour but d'unifier le peuple, de lui donner une cause commune : celle du Roi. La fête est un instrument de cette unification du peuple. Durant les semaines de la cérémonie, le peuple de Paris est centré autour d'une unique figure : celle du couple royal. Le théâtre va avoir un rôle important dans ce processus festif. [...]
[...] L'entrée du Roy Henry deuxième à Paris et de la Royne son épouse (Gilles Corrozet, Les antiquités, chroniques et singularités de Paris, 2nde édition, Paris in p.166-173) L'an mil cinq cent quarante neuf, le seizieme jour de juin, le Roy feit son entrée en armes à Paris, la plus riche et magnifique, qui fut jamais veuë entre les françois, tant du costé du Roy que de la part de la ville, laquelle n'avoit en rien espargné ses trésors, ny ses bons esprits, pour rendre l'honneur deu à son Prince, tant en habits et ornements, qu'en theatres et belles inventions, dont je decriray en passant les plus singulières. [...]
[...] Cependant, l'entrée d'Henri II n'a pas pour unique fonction l'affirmation de sa toute puissance à l'intérieur de Paris. Elle donne l'occasion à Henri II de confirmer d'anciens privilèges et d'en accorder de nouveaux. Il va aussi rencontrer ses sujets : magistrats, notables, artisans de Paris, et écouter leurs doléances Il va recevoir des mains du prévôt des marchands les clefs de la ville. L'entrée d'Henri II par son protocole, par les symboles antiques qu'elle propose confirme la division de la société en trois ordres : ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent divisés eux-mêmes en deux : le Conseil et le Labeur. [...]
[...] La ressemblance entre Hercule et François Ier indique un désir de la part d'Henri II de prendre le même chemin que son père. Le lien qui unit la société provient de sa hiérarchisation et de sa diversité. Ainsi, ce lien engendre une série d'obligations aussi bien pour le pouvoir royal que pour le peuple. Outre la confirmation de privilèges et serments d'allégeance, il existe des marques de l'omnipotence royale et du respect des sujets pour celle-ci. Une de ces marques va être pour le pouvoir royal la démonstration de sa richesse. [...]
[...] Le lendemain jour de la feste Dieu, le seigneur Claude Guiot Prevost des marchans, et les Eschevins présentèrent à la Majesté du Roy un riche présent tout de fin or, vray chef d'œuvre d'orfévrerie : en la base duquel soustenue par trois harpies enrichies des devises et armes du Roy, estoit escrict : HENRICO II. PRINCIPI P.F. PRINCEPS CIVITAS LUTETIA D.D . L'Eglise va aussi avoir un rôle important dans cette entrée du Roi puisqu'elle va affirmer son pouvoir en prenant part au cérémonial. Le Roi a le soutien de l'Eglise, son pouvoir est appuyé par l'Eglise, ce qui lui donne un pouvoir de droit divin, donc incontestable. En retour, le Roi doit se soumettre aux exigences de l'Eglise. [...]
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