Il apparaît dès le XVIe siècle, deux types nouveaux de représentation de l'enfance: le portrait et le putto. De même, la vie privée va envahir l'iconographie en particulier dans la peinture, au XVIe siècle. Les portraits et autoportraits sont manifestement en parallélisme étroit avec les biographies et autobiographies, et ces genres se sont développés à peu près à la même époque et aux mêmes endroits, en particulier en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas. Pour l'Allemagne, on pense à la série d'autoportraits de Albrecht Dürer. Le récit autobiographique est plus précisément, né en Allemagne du Sud, de l'histoire généalogique familiale. L'un des exemples les plus célèbres est le Trachtenbuch ou Livre des costumes, écrit par Matthaüs Schwarz. On considère sans conteste cet ouvrage, comme étant le document le plus neuf sur la manière de se vêtir à l'époque de la Renaissance. Il s'agit d'un livre fait de vignettes aquarellées et commentées où il se montre seul en scène dans les costumes qu'il a portés, mais non des costumes publics qui sont selon lui des costumes de carnaval, mais des costumes composés et exécutés sur ses instructions par son tailleur pour diverses occasions de sa vie privée. Narziss Renner est le peintre qui peignit la plupart des vignettes de ce livre. Matthaüs Schwarz a reconstitué ses costumes dans l'ordre chronologique en utilisant les notes qu'il tient depuis dix ans et les témoignages de ses proches. Il est fort possible que son père, disparu en 1519, ait tenu lui-même un mémorandum, car son fils retrouve grâce à lui la date précise au jour près, des événements de sa petite enfance. L'extrait à commenter se compose des treize premières vignettes qui vont du ventre de sa mère jusqu'à l'âge de quatorze ans.
On peut se demander dans quelle mesure l'autoportrait allié à l'autobiographie, traduit l'immense progrès d'un sentiment de l'enfance et de la conscience de soi au début des Temps modernes.
[...] Ici Kunz Von der Rosen porte une tenue légèrement caricaturale: bouffon de l'empereur Maximilien alors que le costume rayé de son page qui n'est autre que Matthaüs, est usuel dans les tournois grotesques. Le fanion qu'il porte représente une truie devant un tas de fumier. On voit réellement qu'il est mal à l'aise dans son costume de carnaval qui s'oppose à la tenue soignée qu'il revêt habituellement et qui symbolise une forme de régression de son statut. Il lui tire la langue. [...]
[...] On la voit attendre devant l'église Saint-Ulrich, près du fossoyeur qui creuse la tombe. Le grand-père de Matthaüs était à la fin de sa vie, inscrit dans le métier des sauniers marchands de sel. À droite et à gauche de l'image 4 figurent des récipients d'eau bénite, car après avoir survécu: je remuais un pied ! le petit tombe malade et a de la fièvre. Sa sœur prend soin de lui et l'évente. On peut penser que la famille de Matthaüs a pu faire appel à un médecin, car cela se produisait dans les milieux aisés des villes. [...]
[...] Dans l'image on peut noter à l'arrière-plan, un feu de cheminée qui sert à tenir l'enfant au chaud. La pièce chauffée a une valeur de confort et la pièce figurant à l'image 5 est éclairée par le soleil. La vignette 10 représente une scène intime dans un décor d'intérieur soigné. Matthaüs Schwarz dont le visage a été copié d'après un retable aujourd'hui perdu, s'est fait représenter devant un autel privé et des statuettes, dont on ne sait pas si elles font partie de l'inventaire de la maison ou s'il s'agit de figurines de jeu. [...]
[...] On apprend sur des abécédaires jusqu'à ce que l'imprimerie arrive à l'école. L'enfant est placé à l'école très tôt pour y acquérir d'autres compétences, ici, elles sont d'ordre commercial et relationnel, tel qu'elles aboutissent à la vignette 13: j'étais au service de mon père au marché et à la halle au vin. Dans les collèges du XVIe siècle, on trouve des classes de grammaire et de rhétorique. Le jeu a la même valeur que l'école puisqu'il est également considéré comme une expérience formatrice essentielle de l'enfance. [...]
[...] Si l'on revient à l'image 11: écolier à Saint Moritz, la plus fréquentée des écoles d'Augsbourg au début du XVIe siècle, l'enfant porte un élégant manteau aux découpes géométriques, gansées de rubans noirs. Le cartable gris est neuf. On peut signaler que la maison Fugger a distribué à tout son personnel des tenues de cérémonie pour célébrer dans l'uniformité le mariage en vermeil et la mort en noir. Matthaüs Schwarz porte dans certaines vignettes, des chaussures fermées: et 11 et des chaussures ouvertes ressemblant à des sandales aux vignettes 12 et 13. [...]
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