Dans "La grande transformation " (1944), Karl Polanyi décrit l'économie d'Ancien Régime comme une économie encastrée, c'est-à-dire très fortement encadrée et limitée par des règles, pratiques qui n'ont rien à voir avec son fonctionnement optimal. L'autonomie des acteurs n'existe pas : chacun est contraint par son rang et selon l'ordre auquel il appartient à des attitudes sociales déterminées ; les valeurs qui prévalent ne laissent pas de place au calcul économique, a la rationalité pure des classiques (la propriété est régie par la notion chrétienne de la commune destination des biens.
Toute propriété est grevée de servitudes et de fait la propriété privée absolue n'existe pas, ce qui exclut toute notion de rentabilisation maximale de celle-ci) ; l'argent lui même est tenu en peu d'estime, la notion d'épargne est une notion bourgeoise méprisée par la noblesse qui elle valorise le gaspillage ; les facteurs de production ne sont pas échangeables librement (les corporations empêchent cela pour le travail et en font une « non-marchandise » totalement administrée) et l'ensemble de l'économie est par ailleurs hiérarchisée et l'économie dans son entier vise à enrichir le prince.
[...] C'est en revanche l'évolution économique qui a provoqué la chute de la monarchie. Les facteurs d'évolution : le décalage entre le cadre et la réalité naissante Le XVIIIe siècle est une période d'intense mutation sociale dans un contexte de relative prospérité, de développement comme en témoigne l'accroissement démographique : 30 millions d'habitants à la veille de la révolution. Le désir de transformation de la part de la société française est justifié par la rigidité des structures sociales. En effet, il existe un net décalage entre la réalité qui est celle d'une société de classes, plutôt que d'ordres, et la structure de la société. [...]
[...] Aux côtés de cette haute bourgeoise coexiste une moyenne bourgeoise (la basoche) constituée de la classe juridique et une petite bourgeoisie qui est composée d'artisans libres, maîtres de jurandes. Le prolétariat formé d'apprentis des corporations qui ont peu ou pas de conscience de classe et caractérisés par de très fortes rivalités professionnelles. La paysannerie, elle-même divisée en classes : - Une élite rurale constituée par les laboureurs, propriétaires de terres et qui représentent 10 à des paysans - Les petits propriétaires ( de la population) - Une masse qui forme une espèce de prolétariat rural formé de journaliers-salariés qui ne travaillent pas tous les jours. [...]
[...] Ainsi, la Révolution française est le moment où faute de changement, la société explose face au manque de capacité de négociation de la noblesse, contrairement à la noblesse anglaise du compromis et sa monarchie limitée depuis la fin du XVIIe siècle. Ainsi, les pouvoirs parlementaires s'autonomisent du pouvoir royal dès la fin du XVIIe siècle, les institutions se modifient par la coutume et les élites sont beaucoup plus ouvertes. [...]
[...] Les valeurs qui guident l'agir économique sont plutôt celles de l'honneur et du rang. En effet, à l'aube de la Révolution française, la société française est divisée en ordres : Le clergé : ne représente qu'une infime partie de la population (130 000/1,5 millions d'habitants), dispose de privilèges honorifiques, juridiques (tribunaux ecclésiastiques) et fiscaux (ne paye qu'un seul import au roi, rediscuté tous les 5 ans, le don gratuit) et perçoit des revenus de ses propriétés (possède des terres du royaume). [...]
[...] Cette élite sociale bénéficie du principe de dérogeance, pratique une éthique de la dépense afin d'afficher son rang et n'a que mépris pour les valeurs économiques. Le tiers état : représente de la population et ne jouit d'aucun privilège fiscal (sur lui repose tout l'impôt). Pourtant, cette structure reste superficielle, car le tiers état est fortement divisé en classes : La bourgeoisie, classe essentiellement composée de marchand qui va s'enrichissant. Elle connaît surtout un essor à partir du XVIe siècle avec la création de sociétés dans le cadre du domestic system et devient riche avec la colonisation qui permet la formation d'un commerce à longue distance de produits rares et de grande valeur. [...]
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