Il existe un lien fondamental entre les schismes réformés de la première moitié du XVIe siècle et les affrontements internes à l'Eglise romaine : la recherche d'unité souvent mise en avant coïncidait avec la phobie d'une nouvelle rupture, la première rupture ayant été vécu par nombre de fidèles comme un drame apocalyptique. Ce n'est donc pas un hasard que l'on préféra garder le silence sur certaines questions controversées plutôt que d'éveiller les passions. Les opposants catholiques de l'illuminisme, du jansénisme, du libertinage, se pensaient en orthodoxes, et présentaient donc leurs adversaires comme des "hérétiques" plus dangereux que les protestants (...)
[...] Proche des libertins spirituels dénoncés comme des hérétiques par Calvin en 1545, ils ne constituent pas un mouvement uniforme ni structuré. Pour échapper aux poursuites, certains, comme Juan de Valdès, se réclament de l'érasmisme, ce qui brouille encore la situation. Certains livres trop suspects comme celui de Jean d'Avila, sont mis à l'Index. Les Inquisiteurs poursuivent également les beatas, femmes dévotes qui se disaient inspirées par Dieu et vivaient à l'écart du monde, comme Marie de la Visitation, la religieuse de Lisbonne célèbre pour ses extases et ses stigmates, condamnée et envoyée au Brésil (1588). [...]
[...] Le cas de l'archevêque de Tolède et primat d'Espagne Bartolomé Carranza en fournit un bon exemple : suspecté d'hérésie suite à la publication d'un catéchisme, il est arrêté par l'Inquisition espagnole et fait alors appel au Pape. Malgré l'hostilité de Philippe II, le procès a finalement lieu à Rome : il dure 9 ans et au terme de celui-ci, Carranza est blanchi de l'accusation d'hérésie (mais il meurt 2 semaines après se libération). La querelle ecclésiologique ébranla également les rapports entre clergé séculier et clergé régulier, alors en plein essor. Les sources de dissensions étaient multiples. [...]
[...] Le concile s'ouvre finalement dans la cité alpestre de Trente en 1545. En dépit des appels de la ligue de Smalkalde en faveur d'un concile chrétien universel, l'invitation papale ne tint aucun compte des requêtes protestantes, et au contraire, la bulle de convocation fixait pour objectif de réduire la peste de l'hérésie luthérienne A la même époque, Luther rédige les Articles de Smalkalde, à la demande de Jean Frédéric de Saxe, où il distingue les points sur lesquels catholiques et luthériens pouvaient s'entendre, ceux sur lesquels ils pouvaient négocier, et ceux pour lesquels aucune discussion n'était possible : dans la première édition, Luther constate le refus du pape de réunir un concile œcuménique. [...]
[...] Les affrontements religieux en Europe à l'époque moderne L'Église en conflit Il existe un lien fondamental entre les schismes réformés de la première moitié du XVIe siècle et les affrontements internes à l'Église romaine : la recherche d'unité souvent mise en avant coïncidait avec la phobie d'une nouvelle rupture, la première rupture ayant été vécu par nombre de fidèles comme un drame apocalyptique. Ce n'est donc pas un hasard que l'on préféra garder le silence sur certaines questions controversées plutôt que d'éveiller les passions. [...]
[...] Ligueurs comme anglicans cherchaient à fonder l'unité chrétienne, mais les premiers voulaient y arriver en purifiant le corps social par la violence armée, tandis que les seconds entendaient utiliser des voies plus politiques et pacifiques. Ils triomphèrent avec l'abjuration par Henri IV de la foi huguenote (25 juillet 1593) puis lors de son sacre en tant que roi de France (24 février 1594). Après l'assassinat d'Henri IV en 1610, la tension fut palpable. Edmond Richer, ancien ligueur rallié à Henri IV, fit paraître un ouvrage (1611) où il demandait que la conduite de l'Église soit confiée aux conciles généraux. [...]
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