Accorder des origines religieuses à la Révolution française relève au premier abord du paradoxe. Or le catholicisme, religion d'Etat, est ancré en France depuis 1720. Comme le dit Philippe Joutard, il est « présent à chaque acte important des individus comme des collectivités et influence toute la vie du royaume ». L'Eglise catholique se définit alors comme une communauté de tous ceux qui sont fidèles à leur baptême. Ainsi, elle se considère comme l'unique institution fondée par le Christ pour y rassembler le peuple de Dieu et ayant pour doctrine le gallicanisme. Le 18ème siècle a voulu que l'Eglise catholique soit alors étroitement liée à la monarchie. Cependant les années 1750 à 1770 constituent le moment où se défait précisément l'accord entre les deux puissances. Une désacralisation de la monarchie est apparue à cause de la soumission de l'institution ecclésiastique. La crise janséniste sanctionne une rupture entre l'institution ecclésiale et les fidèles. Autre fait qui montre une crise du rapport entre le roi et la nation est l'attentat de Damiens. Et l'expulsion des jésuites nous donne un constat : c'est la fin de l'union des deux puissances.
[...] Le roi et l'Eglise sont censées former deux puissances que chacune est souveraine, indépendante, absolue dans ce qui la concerne et se devant assistance mutuelle (Assemblée du clergé de 1765). Et c'est précisément cet équilibre, cette collaboration dans les souverainetés respectives qui fut ébranlé par les affaires religieuses du règne. Mais l'influence du gallicanisme prend une grande ampleur au 18e siècle et au sein du clergé. Cette aspiration qui s'éloigne de l'autorité du pape cherche tout autant à trouver une place politique dans cette fin de siècle. [...]
[...] Ainsi, la Constituante a aboli la puissance de l'Eglise catholique comme corps et ordre ; l'épisode de déchristianisation paraît souvent emblématique de la Révolution même. Les principaux acteurs de l'événement, s'ils ont, par la force des choses, été formés par l'Eglise, dans les collèges oratoriens voire, pour les plus âgés d'entre eux chez les Jésuites, ne gardent pas nécessairement un bon souvenir de cette éducation ; les valeurs qu'ils défendent sont marquées par l'héritage gréco- romain revu et corrigé par les Lumières. [...]
[...] Il rédigea le serment du Jeu de paume et il travailla à la rédaction de la Constitution. Autre preuve est l'adhésion des élus du clergé aux idéaux révolutionnaires, dans la nuit du 4 août 1789. Les ecclésiastiques abandonnent leurs droits et leurs revenus à la nation. En effet, à la suite du nouvel Etat né de la Révolution, ce dernier fait la mainmise sur les biens de l'Eglise. Il constate alors que l'Eglise est riche. Un courant d'anticléricalisme éclairé rêvait du recyclage de ce pactole que l'on disait mal géré dit Michel Vovelle. [...]
[...] La Révolution française propose pour l'Eglise catholique un détachement de la papauté et du pouvoir royal ce qui lui permet de s'épanouir. Le clergé français du 18e siècle aux idées gallicanes voit dans ce début de révolution un moyen de s'extérioriser. Michelle Vovelle cite une phrase dite par un aristocrate déçu et anonyme : Ce sont ces foutus curés qui ont fait la Révolution La cause de cet engouement peut se situer au printemps et été 1789. Les cahiers de doléances qui étaient alors diffusés montrent des problèmes religieux qui se sont développés. [...]
[...] La Révolution française a mené à ce chemin de nouvelles mentalités, où l'Eglise catholique se plaint alors qu'auparavant elle aurait montré son mécontentement vis-à-vis de cette crise politique. Mais lors de la Révolution, l'Assemblée constituante était formée pour un quart des ecclésiastiques et la Déclaration des droits de l'homme s'effectua en présence et sous les auspices de l'Être suprême (préambule), ce qui était un peut vague dans le royaume du Roi très chrétien. La crise politique que subit la France se voit à travers l'Eglise catholique un moyen de mettre en place une étroite collaboration entre le religieux et le politique. [...]
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