« Le talent de l'historien consiste à faire un ensemble vrai avec des traits qui ne sont vrais qu'à demi », écrivait Ernest Renan. Cette affirmation, assez paradoxale de la part d'un historien tel que Renan, peut néanmoins trouver une certaine véracité lorsqu'on prend le soin d'examiner de quoi il est question.
L'écriture de l'histoire est une expression posant problème, car elle peut se définir de deux manières : dans son sens premier l'histoire est perçue comme un compte rendu de faits et d'événements par un historien, qui tente, en décrivant et expliquant ceux-ci, de faire revivre l'époque dont ils sont issus. Et puis, on peut également parler d'écriture de l'histoire pour une évolution de la société opérée par les hommes, c'est-à-dire par le changement dont ils ont imprimé leur temps.
[...] De sorte que celui même qui étudie les comportements ne peut se défaire totalement de la subjectivité de son cadre de vie. Ainsi, plusieurs conceptions de la place de la marche de l'histoire s'opposent, chacune portant en elle, de la sorte, une interprétation différente d'une réalité historique qui finalement semble impénétrable, et dont l'écriture parait impossible. Au cœur de ces divergences l'historien œuvre à faire revivre la vie des individus de ces époques passées, lui aussi interprète, lui aussi imparfait, et donc contesté. [...]
[...] Les sources écrites sont souvent les preuves les plus utilisées pour écrire l'histoire. On trouve les sources narratives, et les sources documentaires dont le but n'était pas de raconter l'histoire et qui à ce titre sont probablement les plus fiables. En effet, les archives, sources documentaires, sont fondamentales car elles ont un caractère authentique et sont destinées à l'information, étant un compte-rendu des activités quotidiennes qui furent le commun d'une administration publique, d'un établissement, d'une entreprise, d'une famille. La taille (sous l'Ancien Régime, liste d'habitants ayant à payer l'impôt royal en fonction de leur fortune) est à ce titre un bon exemple car elle permet de se faire une idée de la hiérarchie des fortunes à l'époque où elle s'appliquait. [...]
[...] Ainsi, la révolution sociale, la marche de l'histoire, est une conséquence de l'économie, pour les marxistes elle découle d'un choc contradictoire entre les forces productives matérielles de la société et les rapports de production existants. Ceci prédomine sur l'éventuelle influence, minime, exercée par tel ou tel grand homme qui n'est pas lui-même le facteur des grands bouleversements sociaux, des grands mouvements populaires. On ignorera également les religions, par exemple, puisque étant des produits d'une ère elle-même déterminée par l'économie et la lutte des classes. [...]
[...] Ainsi Durkheim donne l'exemple de Luther, qui croyait agir pour la grandeur de Dieu, quand ses actes et ses idées étaient déterminés par les phénomènes économiques et sociaux de son temps. Il est sur ce point en accord avec le marxisme, mais s'en éloigne dans la mesure où pour lui ce phénomène n'explique pas la lutte des classes avancée par Marx, qui en fait un moteur de l'histoire. Durkheim s'en prend de même à la conception matérialiste en démontrant l'insuffisance des preuves apportées, arguant par là qu'il s'agit d'une perception, d'une image partielle et décousue qui prétend reprendre l'Histoire à base d'un seul constat improuvé. [...]
[...] Dès lors, de deux intuitions intellectuelles différentes pourront naitre d'une même source deux vérités différentes, parce que venant de questions posées sous des angles différents. Dans le même prolongement d'idée, l'étude passive de faits par un historien, sans s'attarder sur leur nature profonde et personnelle en vient à déformer les vérités transmises à travers les différents types de sources. C'est l'idée reprise par Durkheim dans le développement de sa conception objective : Si par exemple il [l'historien] parvient à découvrir quelle fin les hommes de la Réforme se proposaient d'atteindre, il croit avoir expliqué du même coup comment la Réforme s'est produite. [...]
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