Si la presse libre naît bien sous la Révolution, la naissance de la presse française remonte au règne de Louis XIII qui voit la création du premier journal, La Gazette. Au XVIIIème siècle la publication de journaux se multiplie et leur diffusion s'accélère dans les provinces. Tandis que le siècle des Lumières voit surtout la mission des journaux changer : on passe d'une presse d'information à une presse d'opinion.
Une étape décisive est franchie le 5 juillet 1788 avec l'arrêt du conseil du roi appelant à une large publication de documents pour aider à la préparation des Etats généraux ; à partir de là une centaine de pamphlets est publiée chaque mois. La presse libre naît réellement à ce moment là, même si la censure demeure officiellement. Déjà réclamée par les philosophes des Lumière, elle est clairement revendiquée dans les cahiers de doléances avant d'être consacré à un article de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui proclame la « libre de communication de la pensée et des opinions » et que « tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement ».
[...] On détache de leur contexte quelques phrases d'un orateur pour expliquer la Révolution et montrer la voie où elle conduit la France. Ainsi, les rédacteurs reprennent les débats sur la séparation des pouvoirs, sur la décentralisation, sur le rôle de l'Etat dans l'économie, sur la lutte contre la misère Ceux des principaux journaux étaient d'ailleurs souvent des acteurs politiques de premier plan comme Camille Desmoulins ou encore Marat dont la place s'explique surtout par son rôle d'unique rédacteur de L'Ami du peuple. C'est dans ce contexte que l'on va voir des sujets économiques être développés dans la presse révolutionnaire. [...]
[...] De plus, démontrant l'intérêt qu'ils portent au problème des subsistances, en prononçant toute une série d'articles proposant des mesures justes pour assurer les subsistances et sans s'opposer à la liberté du commerce, ils font en sorte que les Toulousains ne craignent plus pour leur existence et que les marchands et fermiers ne craignent plus d'être arrêté par les habitants. A l'inverse, les journalistes antirévolutionnaires, s'opposaient aux théories économiques libérales, comme, par exemple, dans La Cocarde nationale qui, le 11 janvier 1790, fait part d'une émeute d'ouvriers à Versailles afin de démontrer que malgré la libéralisation du commerce, les prix restaient chers. Pour les royalistes, la liberté économique ruinerait la France. Ils s'opposaient sans cesse aux changements effectués par les révolutionnaires, en répondant alors à leurs journaux, dénigrant leurs politiques et leurs théories. L'exemple des contributions illustre bien ceci. [...]
[...] Ces deux raisonnements pourraient correspondre au fait que le public visé ici n'est pas forcément le même. En effet, La Feuille villageoise est destinée aux ruraux, a des gens peu cultivés et cherche leur soutien alors que Le Petit Gautier, L'Ami du Roi ou encore Le Courrier extraordinaire cherchent le soutien des propriétaires, en particulier des propriétaires urbains et grands propriétaires fonciers. Les journaux patriotiques ont plus tendance à chercher l'adhésion du peuple par des explications et des argumentations mettant en avant les bienfaits des théories économiques mises en place par le gouvernement tandis que les journaux royalistes vont avoir tendance à les ridiculiser, utilisant la satire et l'ironie, et en tentant d'apeurer les Français, leur faire croire qu'ils contribuent à la ruine de leur pays afin de démontrer les conséquences négatives de la nouvelle politique économique de la France. [...]
[...] Pour cela, nous centrerons notre étude sur la manière dont furent traités certains thèmes économiques à partir d'exemples de journaux révolutionnaires. Nous nous intéresserons donc à la liberté du commerce, qui fut au centre des débats durant toute la Révolution, aux contributions et aux assignats, en mettant en relation et en comparant l'attitude des différents journaux à l'égard de ces sujets. Le thème de la liberté économique fut central durant toute la période étudiée, d'autant plus qu'il fut amplifié par la multiplicité des émeutes de subsistances et par la déclaration, en août 1789, de la liberté totale du commerce par l'Assemblée Nationale. [...]
[...] Les loyers sont, dans les grandes villes, un instrument, un moyen de subsistance, un objet souvent de spéculation ; c'est pour beaucoup de citoyens une ferme qu'ils exploitent et qu'il est donc anormal que ces propriétaires paient plus d'impôts que les autres. Ainsi, par le biais de ce débat sur les contributions, on peut remarquer que chaque journal, en fonction de ses aspirations va tenter de rallier à sa cause le plus de personnes possible. Pour cela, les journalistes sélectionnent les informations et les présentent de manière à ce qu'elles soient en faveur de leurs opinions et dénigrent régulièrement les arguments de leurs opposés politiques afin de démontrer leurs erreurs. [...]
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